Sur mer, tout juste un coup d’arrêt au Reich : la bataille du Jutland (mai 1916).

« Londres, ce 6 juin 1916. – Ici l’on est tout à la bataille navale du 31 mai. Les Anglais ont perdu 14 unités et les Allemands 18, les Anglais ont perdu 5 600 hommes et les Allemands 6 800 la flotte allemande a battu en retraite, elle est dans ses ports avec des bâtiments très endommagés. Donc c’est une victoire anglaise, mais dès le lendemain matin, 1er juin les agences télégraphiques allemandes emplissaient le monde de la nouvelle (…) de l’anéantissement de la flotte britannique (…). Ici l’on ne publiait rien. L’Amirauté attendait des renseignements précis avant de parler (…). De sorte que le lendemain matin toute l’Angleterre crut à une défaite. Il est impossible d’être plus bête. L’Amirauté ne sait pas encore que la guerre se fait aujourd’hui à coups de canon, et en même temps à coup de télégraphe.

Tout s’éclaircit en ce moment (…). De l’avis général la flotte allemande est maintenant hors d’état de rien entreprendre avant plusieurs mois. Les Russes sont ainsi protégés contre une attaque à Riga. »

Lettre de Paul Cambon, 6 juin 1916, dans 4 Mémoires , t. 11. dossier IV/81


L’incendie propagée au monde.

« De toutes les parties du monde, l’Amérique seule connaît aujourd’hui les bienfaits de la paix. En Afrique, les Alliés arrachent à l’Empire colonial allemand ses derniers lambeaux. En Océanie, les marines australienne et japonaise ont conquis des archipels où s’affirmait la domination germanique. En Asie, enfin, après que TsingTao, la plus belle possession ennemie, eût été prise, la guerre, sans quitter ce continent s’est rapprochée de nous. Au Caucase, en Perse, en Mésopotamie, dans l’antique Sinaï s’est fait entendre le grondement du canon (…).

Deux fois (…) janvier 1915 – janvier 1916, l’éventualité d’une menace ennemie contre le canal de Suez a vivement préoccupé l’opinion. Aujourd’hui, des détachements australiens ont même entrepris de nettoyer la presqu’île du Sinaï où des contingents turcs s’étaient infiltrés (…). A Suez, au Caucase et dans la marche sur l’Inde notre ennemi voit, de même qu’au Nord de Verdun, échouer ses projets. »

in L’Illustration du 22 avril 1916.


La proclamation du chérif de La Mecque, juin 1916

« (…) Voici notre proclamation universelle à tous nos frères musulmans.

Tout le monde sait que les premiers des gouverneurs et des Émirs musulmans à reconnaître la haute autorité du Gouvernement turc étaient les Émirs de la Sainte Mecque, vu leur désir de voir les Musulmans d’accord et de fortifier les liens de leur communauté. Ils le faisaient parce que les grands sultans des Ottomans (…) s’en tenaient réellement au Livre d’Allah et à la Sunna de Son Prophète (…) et se donnaient la plus grande peine pour faire exécuter leurs lois. (…) Cela dura jusqu’à ce que le Comité d’Union s’éleva dans l’État et parvint à prendre en main l’administration et toutes les affaires du gouvernement, ce qui provoqua une diminution de son domaine territorial. Le Comité ruina aussi le prestige de l’État comme tout le monde le sait ; spécialement en entraînant l’État dans les adversités des guerres actuelles, tout en le mettant dans un état intérieur ruineux qui n’a pas besoin d’être commenté.

(…) Mais il paraît que tout cela ne suffisait pas encore aux désirs du Comité d’Union, puisqu’il entreprit la destruction illégale du seul lien solide unissant le Sultanat sunnite et tous les Musulmans du monde. Ce lien n’est-il pas l’observation du Livre et de la Sunna ? (…) D’où la nécessité de rompre avec eux (…).

Nous ne laisserons pas notre existence religieuse et nationale comme un jouet entre les mains des hommes d’Union. Dieu (…) a facilité le réveil de ce pays, comme il l’a conduit (…) à la conquête de son indépendance (…) à laquelle ne se mêla ni la moindre intervention étrangère, ni aucun pouvoir étranger. Le pays a pris comme but et comme principes de servir l’Islam et de s’efforcer de relever la situation des Musulmans en mettant tout son travail sur la plate-forme de la noble loi sainte, en dehors de laquelle nous ne consultons ni ne reconnaissons rien d’autre (…) ; quoique le pays soit prêt à accepter toutes les formes de développement moderne qui tombent d’accord avec les principes de la religion et qui s’accordent avec ses lois, y réunissant les moyens d’un vrai relèvement (…). »

Texte rapporté dans la Revue du monde musulman et cité par Henry LAURENS, L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945. Colin, 2000, 372 p.

Y La guerre dans les Balkans

Y L’actualité de la 1ère guerre mondiale dans la presse d’époque

1916 – La guerre étendue au monde
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