Déclaration de la conférence « Eureka » de Téhéran publiée par l’office d’information de guerre des Etats-Unis (typographie respectée).

 

« Nous, LE PRESIDENT DES ETATS-UNIS D’AMERIQUE, LE PREMIER MINISTRE BRITANNIQUE, ET LE CHEF DU GOUVERNEMENT DE L’UNION SOVIETIQUE, VENONS DE CONFERER PENDANT QUATRE JOURS EN CETTE CAPITALE DE NOTRE ALLIE L’IRAN, ET AVONS DEFINI ET CONFIRME NOTRE POLITIQUE COMMUNE.

Nous affirmons notre résolution d’assurer la collaboration de nos peuple dans la guerre comme dans la paix qui suivra.
EN CE QUI CONCERNE LA GUERRE: les Etats-Majors de nos trois pays ont participé à nos débats communs et nous avons tracé de concert nos plans destinés à assurer la destruction des forces allemandes. Nous avons abouti à un complet accord en ce qui concerne l’envergure et la synchronisation des opérations qui seront déclenchées de l’est, de l’ouest et du sud.
L’accord auquel nous avons abouti ici garantit notre victoire.
EN CE QUI CONCERNE LA PAIX: nous sommes certains que la concorde qui règne entre nous conduira à une paix durable. Nous sommes entièrement conscients de la responsabilité suprême qui nous incombe, de même qu’à toutes les Nations Unies: celle de bâtir une paix qui sera appuyée de plein gré par la majorité écrasante des peuples de la terre, une paix qui bannira le fléau et l’horreur de la guerre pour de nombreuses géné-rations.
Nous avons examiné avec nos conseillers diplomatiques les problèmes de l’avenir. Nous ferons appel à la coopération et la participation active de tous les pays, grands et petits, dont les peuples comme nos propres peuples se consacrent de tout leur coeur et de toute leur volonté à la suppression de la tyrannie et de l’esclavage, de l’oppression et de l’intolérance. Nous les accueillerons, à mesure qu’ils choisiront de nous rejoindre, au sein de la famille mondiale des nations démocratiques.
Nulle puissance au monde ne saurait nous empêcher de détruire les armées allemandes sur terre, les sous-marins allemands en mer, les usines de guerre allemande par la voie des airs.
Notre attaque sera implacable et d’une vigueur sans cesse accrue.

A L’ISSUE DE NOS CORDIAUX ENTRETIENS, NOUS ATTENDONS AVEC CONFIANCE LE JOUR OU TOUS LES PEUPLES DE LA TERRE POURRONT VIVRE LIBREMENT, A L’ABRI DE LA TYRANNIE, SELON LEURS DESIRS RESPECTIFS ET SELON LEUR CONSCIENCE.
Nous sommes venus ici pleins d’espoir et de résolu-tion. Nous repartons unis par l’amitié, la volonté et la communauté de nos buts.

Franklin D. Roosevelt
J. Staline
Winston Churchill

SIGNE A TEHERAN LE 1ER DECEMBRE 1943 « 


Ce qui s’est vraiment décidé à Téhéran :

a) Les décisions militaires
– priorité à la création d’un second front en France avec l’échéance d’Overlord (débarquement en Normandie) reportée au 1er juin pour coïncider avec l’offensive d’été soviétique.
– un deuxième débarquement allié dans le sud de la France complète l’opération.
– le front italien est maintenu sous pression pour empêcher les Allemands d’y puiser des renforts.
b) Institution d’un nouvel ordre international
– Roosevelt et Churchill accepte le principe de la ligne Curzon comme frontière orientale de la Pologne. Cette perte de territoire polonais serait compensée par un agrandissement à l’ouest aux dépens de l’Allemagne. L’Oder formerait une partie de la nouvelle frontière.
– l’Allemagne serait entièrement occupée et divisée en 5 Etats autonomes; son potentiel militaire sera démantelé. La Ruhr, la Sarre, le canal de Kiel avec Hambourg seraient sous contrôle des Nations Unies.
– La conception de Roosevelt pour une nouvelle Société des nations est acceptée. Elle aurait une assemblée consultative mondiale; un comité exécutif comprenant les 4 Grands plus 6 autres pays; les Quatre Grands (USA, URSS, Royaume-Uni, Chine) qui en seraient les agents de police chargés d’imposer la paix au monde et de sanctionner les contrevenants.

– Staline a proposé de faire fusiller 50000 officiers allemands. Churchill répondit : » Je préférerais être conduit tout de suite dans le jardin pour y être fusillé que de souiller l’honneur de mon pays et le mien par une telle infamie. » Staline lui déclara peu après que c’était une plaisanterie !