2 textes, dont un original en anglais et sa traduction

Benjamin Franklin (1706-1790) est le seul Père fondateur des USA à avoir apposé sa signature sur les trois textes qui ont permis sa création : la Déclaration d’Indépendance, le traité de Paris et la Constitution américaine.

À l’âge de 20 ans, il a écrit cette liste de 13 vertus, guide de vie :

« 1. Temperance. Eat not to dullness; drink not to elevation.
2. Silence. Speak not but what may benefit others or yourself; avoid trifling conversation.
3. Order. Let all your things have their places; let each part of your business have its time.
4. Resolution. Resolve to perform what you ought; perform without fail what you resolve.
5. Frugality. Make no expense but to do good to others or yourself; i.e., waste nothing.
6. Industry. Lose no time; be always employ’d in something useful; cut off all unnecessary actions.
7. Sincerity. Use no hurtful deceit; think innocently and justly, and, if you speak, speak accordingly.
8. Justice. Wrong none by doing injuries, or omitting the benefits that are your duty.
9. Moderation. Avoid extremes; forbear resenting injuries so much as you think they deserve.
10. Cleanliness. Tolerate no uncleanliness in body, cloths, or habitation.
11. Tranquility. Be not disturbed at trifles, or at accidents common or unavoidable.
12. Chastity. Rarely use venery but for health or offspring, never to dullness, weakness, or the injury of your own or another’s peace or reputation.
13. Humility. Imitate Jesus and Socrates. »

Edmund S. MORGAN, Benjamin Franklin, Université de Yale, Yale University Press, 2002, pp. 22-23.

Traduction non professionnelle de Charles Stephenson, élève du groupe 106 au Collège de Saussure, avril 2012.

« 1.Tempérance. Ne pas manger jusquʼà la platitude; ne pas boire jusquʼà lʼivresse.
2. Silence. Parler uniquement pour ton propre bénéfice ou celui dʼautrui ; éviter toute conversation insignifiante.
3. Ordre. Faire que toute chose à sa place; allouer le temps nécessaire à chaque affaire.
4. Résolution. Résoudre à réaliser tout ce que tu devrais; réaliser tout ce que tu décides de faire.
5. Sobriété. Ne rien dépenser, à part pour bénéficier autrui ou toi-même; autrement dit, ne rien gaspiller.
6. Industrie. Ne pas perdre de temps; être toujours occupé à faire quelque chose dʼutile; éliminer toutes activités superflues.
7. Sincérité. Nʼemployer aucune tromperie nuisible à autrui; réfléchir de manière innocente et juste; si tu parles, parler en conformité avec ces principes.
8. Intégrité. Ne léser personne en les blessant ou en omettant les bénéfices qui sont ton devoir.
9. Modération. Eviter les extrêmes; sʼabstenir dʼen vouloir à autrui pour les tords subis autant quʼils ne le méritent.
10. Propreté. Ne tolérer aucune saleté, que celle-ci se trouvé sur ton corps, tes habits ou ta maison.
11. Tranquillité. Ne pas être agacer par des bagatelles, ou par des accidents courants ou inévitables.
12. Chasteté. Ne se laisser que rarement maîtriser par le désir sexuel, pour la reproduction ou la santé; jamais jusquʼà la platitude, la faiblesse ou lʼamoindrissement de ta propre paix intérieure ou réputation ou celles dʼautrui.
13. Humilité. Imiter Jésus et Socrate. »

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L’extrait de lettre qui suit fait partie de l’introduction de l’autobiographie de Benjamin Franklin. Au moment de l’écriture du début de son autobiographie, qui est en réalité une lettre à son fils illégitime, William, Benjamin Franklin se trouve à Twyford, un village à quelques kilomètres à l’ouest de Londres en Grande-Bretagne, chez l’évêque de St. Asaph. En 1771, Franklin est l’ambassadeur en Angleterre de la Géorgie, du Massachusetts, de New Jersey et de la Pennsylvanie.

« Twyford, at the Bishop of St. Asaph’s 1771.

Dear Son,
I have ever had a Pleasure in obtaining any little Anecdotes of my Ancestors. You may remember the Enquiries I made among the Remains of my Relations when you were with me in England; and the Journey I took for that purpose.

Now imagining it may be equally agreeable to you to know the Circumstances of my Life, many of which you are yet unacquainted with ; and expecting a Weeks uninterrupted Leisure in my present Country Retirement, I sit down to write them for you. To which I have besides some other Inducements. Having emerg’d from the Poverty and Obscurity in which I was born and bred, to a State of Affluence and some Degree of Reputation in the world, and having gone so far thro’ Life with a considerable Share of Felicity, the conducing Means I made use of, which, with the Blessing of God, so well succeeded, my Posterity may like to know, as they may find some of them suitable to their own Situations, and therefore fit to be imitated.

That Felicity, when I reflected on it, has induc’d me sometimes to say, that were it offer’d to my Choice, I should have no Objection to a Repetition of the same Life from its Beginning, only asking the Advantages Authors have in a second Edition to correct some Faults of the first. So would if I might, besides corr[ectin]g the Faults, change some sinister Accidents and Events of it for others more favourable, but tho’ this were deny’d, I should still accept the Offer. However, since such a Repetition is not to be expected, the next Thing most like living one’s Life over again seems to be a Recollection of that Life ; and to make that Recollection as durable as possible, by putting it down in Writing.

Hereby, too, I shall indulge the Inclination so natural in old Men, to be talking of themselves and their own past Actions, and I shall indulge it without being troublesome to others who thro’ respect to Age might think themselves oblig’d to give me a Hearing, since this may be read or not as any one pleases. And lastly, (I may as well confess it, since my Denial of it will be believ’d by no body) perhaps I shall a good deal gratify my own Vanity. Indeed I scarce ever heard or saw the introductory Words, Without Vanity I may say, &c. but some vain thing immediately follow’d. Most people dislike Vanity in others whatever Share they have of it themselves, but I give it fair Quarter wherever I meet with it, being persuaded that it is often productive of Good to the Possessor and to others that are within his Sphere of Action : And therefore in many Cases it would not be quite absurd if a Man were to thank God for his Vanity among the other Comforts of Life. »

Traduction

« Twyford, chez lʼévêque de St. Asaph, 1771

Cher fils,

Jʼai toujours eu du plaisir à obtenir de petites anecdotes de mes aïeuls. Tu te souviens peut-être des demandes de renseignement que jʼai faites auprès de mes parents restants lorsque tu étais avec moi en Angleterre, et du voyage que jʼai réalisé dans ce but.

En imaginant que ce soit aussi agréable pour toi dʼapprendre les circonstances de ma vie, beaucoup desquelles tu connais pas pour le moment, je mʼassieds pour te les écrire en envisageant une semaine de temps libre ininterrompu dans ma position actuelle à la campagne. Jʼai dʼautres motifs qui me poussent à le faire. Compte tenu du fait que je sois sorti de la situation de pauvreté et dʼobscurité dans laquelle je suis né et dans laquelle jʼai grandi, pour aboutir à lʼétat de richesse et dʼun certain degré de notoriété dans le monde, en ayant vécu avec une part considérable de félicité, ma postérité aimerait peut-être se rendre compte des méthodes que jʼai employées pour arriver à cette disposition, et qui ont, grâce à la bénédiction de Dieu, si bien fonctionné, car certaines dʼentre elles seront peut-être applicables à leurs propres situations, et de ce fait, favorable à être imitées.

Quand je médite cette félicité, je me rend compte quʼelle mʼa parfois poussé à dire, que si on mʼavait laissé le choix, jʼaurais eu aucune objection à recommencer ma vie depuis le début, en demandant seulement la possibilité quʼa un auteur lors du seconde édition, celle de pouvoir corriger quelques unes des erreurs de la première. Jʼaimerais également pouvoir, en plus de corriger ces erreurs, changer certains accidents et événements sinistres de ma vie en dʼautres plus favorables; mais même si cela mʼétait interdit, jʼaccepterait tout de même lʼoffre. Cependant, compte tenu du fait quʼune telle répétition est improbable, une alternative pour revivre tout ce que jʼai fait semble être une remémoration de ma vie ; et pour rendre cette remémoration la plus durable possible, le mieux serait de la faire par écrit.

De plus, par la présente, je vais me livrer à lʼinclinaison, si courante chez les personnes âgées, de parler dʼeux-même et de leurs actions passées; et je vais mʼy livrer sans crainte dʼêtre ennuyeux à ceux qui se sentiraient obligés de mʼécouter, si je le faisait par oral, à cause du respect quʼils ont pour la vieillesse, puisque cette lettre peut être lue ou non selon les préférences de chacun. Et finalement, (autant lʼavouer, puisque ma réfutation de ce fait ne serait crue par personne) il est possible quʼen grande partie, je donne libre cours à ma propre vanité. En effet, je nʼai presque jamais entendu ou vu les mots introductifs, Sans vanité je peux dire, etc. sans quʼune parole fière sʼensuive. La majorité des personnes nʼapprécie pas la vanité chez autrui, sʼen tenir compte de la fraction de cette dernière qui leur est propre; pour ma part, je mʼadonne à elle pleinement lorsque je la rencontre, en étant persuadé quʼelle est souvent productif du bien pour son possesseur et pour dʼautres qui se trouvent à lʼintérieur de sa sphère dʼaction. De ce fait, il ne serait pas complètement absurde dans la plupart des cas quʼun homme remercie Dieu pour sa vanité parmi les autres conforts de la vie. »

Lʼautobiographie de Benjamin Franklin, édité par Edmund S. MORGAN, Université de Yale, USA, Yale Nota Bene, 2003, partie 1, p. 43.
La construction des paragraphes découle de d’une interprétation de la structure du texte et ne reflète pas lʼoriginal. Ce document a tout de même été séparé en ces différentes parties pour alléger la lecture.
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Lettre de Benjamin Franklin au gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, M. Shirley.

« Boston, 22 décembre 1754
Monsieur,
Depuis la conversation dont votre Excellence a bien voulu m’honorer, au sujet d’une union plus intime des colonies avec la Grande-Bretagne en leur accordant des représentants au parlement [de Londres], j’ai étudié de plus près la question ; je pense qu’une telle union serait très acceptable pour les colonies, pourvu qu’il leur soit accordé un nombre raisonnable de représentants, que tous les anciens actes [lois] du parlement restreignant le commerce (…) soient en même temps annulés, et que les sujets britanniques de ce côté de l’eau soient mis à cet égard sur le même pied que ceux de Grande-Bretagne, jusqu’à ce que le nouveau parlement, qui représentera tout l’empire, juge qu’il soit de l’intérêt général de remettre en vigueur quelques-uns de ces actes. Ce n’est pas que j’imagine que les quelques représentants accordés aux colonies auraient un grand poids par leur nombre ; mais je pense que cela suffirait pour rendre ces lois meilleures et plus impartiales, (…).
Je pense qu’il serait infiniment plus agréable au peuple des colonies d’êtres gouverné par un parlement, où il serait convenablement représenté, que par des instructions royales, comme on l’a essayé dernièrement ; ce serait plus en harmonie avec la constitution anglaise et la liberté anglaise. Et ces lois qui aujourd’hui semblent écraser les colonies, seraient acceptées plus volontiers et plus facilement exécutées lorsque le parlement aurait jugé qu’elles sont dans l’intérêt de tous.
J’espérais ainsi que par une telle union le peuple de la Grande-Bretagne et le peuple des colonies, apprendraient à se considérer, non comme des différentes sociétés, ayant de différents intérêts, mais comme une seule société, ayant un seul et même intérêt ; ce qui, j’imagine, contribuerait à fortifier le royaume entier, et diminuerait beaucoup la crainte d’une séparation dans l’avenir. (…) »

traduit dans Œuvres de M. Franklin, tome second, publié à Paris, 1773, p. 167