Grèce : la société spartiate à l’époque classique

La ville de Sparte

« Supposons, en effet, que Sparte soit dévastée et qu’il en subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices : après un long espace de temps, sa puissance soulèverait, je crois, par rapport à son renom, des doutes sérieux chez les générations futures ; pourtant, les Lacédémoniens administrent les deux cinquièmes du Péloponnèse et ont l’hégémonie sur l’ensemble, ainsi que sur de nombreux alliés au-dehors ; mais, malgré cela, comme ils ont une ville qui n’est pas centralisée, qui n’a pas de temples et d’édifices fastueux, mais qui se compose de bourgades, comme c’était autrefois l’usage en Grèce, leur puissance apparaîtrait inférieure. Tandis que, si le même sort frapperait Athènes, on lui prêterait, d’après les apparences extérieures, une puissance double de la sienne. »

THUCYDIDE, Histoire de la guerre du Péloponnèse, I, 10, 2.

La vie à Sparte

« Personne n’était libre de vivre à sa guise. La ville était comme un camp où ils menaient un genre de vie fixé par la loi en s’employant au service de l’État. Ils étaient entièrement convaincus qu’ils appartenaient non pas à eux-mêmes, mais à la patrie. »

PLUTARQUE, Vie de Lycurgue, XXIV, 1.

Réponses du roi Agésilas : les soldats lacédémoniens

« Ayant été interrogé un jour sur le point de savoir jusqu’où s’étendaient les bornes de Laconie, brandissant sa lance, il répondit : « Jusqu’à l’endroit où celle-ci peut atteindre. »

Comme un autre se demandait pourquoi Sparte était dépourvue de remparts, décrivant les citoyens armés de pied en cap, « voici, dit-il, les remparts de Lacédémone. » »

PLUTARQUE, Apophtegmes laconiens, 28-29.

La cryptie

« Voici en quoi consistait la cryptie. Les chefs des jeunes gens envoyaient de temps à autre dans la campagne, tantôt ici, tantôt là, ceux qui passaient pour être les plus intelligents, sans leur laisser emporter autre chose que des poignards et les vivres nécessaires. Pendant le jour, ces jeunes gens, dispersés dans des endroits couverts, s’y tenaient cachés et s’y reposaient ; la nuit venue, ils descendaient sur les routes et égorgeaient ceux des hilotes qu’ils pouvaient surprendre. Souvent aussi, ils se rendaient dans les champs et tuaient les plus forts et les meilleurs. »

PLUTARQUE, Vie de Lycurgue, XXVIII, 3-5.

L’éducation à Sparte

« Leur étude des lettres se bornait au strict nécessaire ; tout le reste de leur instruction consistait à apprendre à bien obéir, à supporter patiemment la fatigue et à vaincre au combat. C’est pourquoi, lorsqu’ils avançaient en âge, on rendait plus dur leur entraînement : on leur rasait la tête et on les habituait à marcher sans chaussures et à jouer nus la plupart du temps. Arrivés à leur douzième année, ils vivaient dès lors sans tunique et ne recevaient qu’un manteau pour toute l’année. Ils étaient sales et ne connaissaient ni bains ni frictions, sauf à certains jours de l’année, où on leur permettait ces douceurs. Ils couchaient ensemble par bandes et par troupes sur des sortes de paillasses qu’ils s’étaient confectionnées eux-mêmes avec des roseaux poussés au bord de l’Eurotas, qu’ils avaient cassés près du bout sans l’aide du fer, avec leurs mains. »

PLUTARQUE, Vie de Lycurgue, XVI, 10-13.