« Le commandant de la sécurité et du SD

Commandos spéciaux n°3 Affaires du Reich Kauen, le 1e décembre 1941

Secret

Fait en 5 exemplaires. Exemplaire n°4 Le commando EK3 est entré en action le 2 juillet 1941 pour accomplir une mission spéciale et assurer la sécurité.

Conformément à mes instructions et à mes ordres, les patriotes lituaniens ont procédé aux exécutions suivantes :

4-7-41 Kauen – Fort VII 416 Juifs, 47 Juives 463

6-7-41 Kauen – Fort VII Juifs 2514

Après avoir constitué un roulement de commandos sous les ordres du SS-Obersturmführer Hamann et de 8 à 10 hommes fiables appartenant au commando EK3, nos hommes ont procédé aux opérations citées ci-dessous en collaboration avec les patriotes lituaniens :

7-7-41 Mariampole Juifs 32

8-7-41 Mariampole 14 Juifs, 5 cadres communistes

8-7-41 Girkalinei cadres communistes 6

9-7-41 Vendziogala 32 Juifs, 2 Juives, 1 Lituanien, 2 comm. lit., 1 comm. russe

15 et 16.8.41 Rokiskis 3200 Juifs, Juives, et enfants j., 5 comm. lit., 1 Polonais, 1 partisan

23.8.41 Panevezys 1312 Juifs, 4602 Juives, 1609 enfants juifs

26.8.41 Kaisiadorys Tous les Juifs, Juives, et enfants juifs 1911

27.8.41 Prienai Tous les Juifs, Juives, et enfants juifs

Suivent 6 pages détaillant le bilan des opérations. Total : 137346

Aujourd’hui, il m’est possible d’affirmer que le EK3 a atteint l’objectif fixé, il a résolu le problème juif en Lituanie. Il n’y a plus de Juifs dans le secteur, excepté les travailleurs juifs affectés à des tâches spéciales (…).

La réalisation de ce type d’opérations a été avant tout un problème d’organisation. Toute décision visant à nettoyer un district de ces Juifs exigeait que chaque opération fût soigneusement préparée, que l’on tâtât le terrain dans le district concerné. Il a fallu rassembler les Juifs à un ou plusieurs endroits, puis, au vu du nombre, chercher un lieu adéquat pour creuser les fosses nécessaires. La distance à parcourir entre les lieux de rassemblement et les fosses était en moyenne de 4 à 5 km. Les Juifs ont été répartis en colonnes de 500 et acheminés vers les lieux d’exécution à intervalles d’au moins 2 km. Un exemple pris au hasard montrera à quel point ce travail a été difficile et éprouvant pour les nerfs :

A Rokiskis, il a fallu acheminer 3208 personnes sur une distance de 4,5 km avant de pouvoir procéder à la liquidation. Pour venir à bout de cette tâche en l’espace de 24 h, 60 des 80 compatriotes lituaniens disponibles ont dû participer ou aider au transport, en l’occurrence, à interdire l’accès au secteur (sic). Les hommes restant que l’on a été sans cesse obligé de relever ont abattu tout le travail avec mes hommes. Nous disposons rarement de véhicules pour ces transports. Mes hommes se sont employés à empêcher, au péril de leur vie, toutes les tentatives de fuite qui se sont produites ici ou là. Du côté de Mariampole, par exemple, trois hommes du commando ont abattu 38 fugitifs : des Juifs et des responsables communistes, dans un sentier forestier, sans qu’aucun d’eux n’en réchappe. Pour certaines opérations, les distances à parcourir aller et retour pouvaient parfois aller de 160 à 200 km. Ce n’est que grâce à des astuces et une bonne gestion du temps que nous sommes parvenus à effectuer jusqu’à 5 opérations par semaine, tout en accomplissant le travail de routine à Kauen pour que les tâches courantes ne prennent pas de retard.

A Kouen même, où nous disposions de suffisamment de patriotes assez bien entraînés, les opérations, comparées aux difficultés parfois énormes que nous avons eu à maîtriser au-dehors, peuvent être considérées comme de simples exercices.

A Kouen, tous les membres de mon commando, chefs et hommes, ont participé activement aux opérations d’envergure. Seul un fonctionnaire du service anthropométrique a été dispensé pour raison de maladie.

En ce qui concerne la mission du EK3, je considère que les opérations juives sont pratiquement terminées. On a un besoin urgent des quelques travailleurs juifs restants et je pense que nous en aurons encore besoin à la fin de l’hiver. Il faudrait, à mon avis, déjà commencer à stériliser les hommes afin d’empêcher toute procréation. Si une Juive est enceinte malgré cela, il faudrait la liquider (…).

Klee E., Dressen W., Riess W., « Pour eux, c’était le bon temps », in La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, Paris, 1990, pp.40-46.