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Sommaire

Explosion démographique.
Effet de la baisse de la natalité dans le Tiers monde
Ralentissement démographique et dénatalité.

Textes sur la démographie

Explosion démographique

« Quelque part dans le monde, au mois de juillet (1987), vraisemblablement dans un pays en voie de développement où naissent neuf enfants sur dix, le cinq milliardième individu vivant sur notre terre verra le jour. La population mondiale s’accroît chaque minute de 150 habitants, chaque jour de 220 000, chaque année de 80 millions.

Tous les treize ans, la population du globe s’accroît d’un nouveau milliard. »

Journal de Genève , 19.5.1987

« La question n’est donc plus de savoir si la terre peut ou non nourrir 6 puis 10 milliards d’hommes. Il faudra bien en trouver les moyens (…)

Mais la question d’avenir, celle à laquelle nous devons aujourd’hui répondre, va bien au-delà. Est-il possible de freiner la croissance démographique ? »

Jacques Vallin, La population mondiale , 1986


Effet de la baisse de la natalité dans le Tiers monde

selon les estimations moyennes de l’ONU.

Les estimations de population pour l’an 2050 ont fortement baissé ces toutes dernières années.

Estimation en 1995
9,833 milliards d’êtres humains

Estimation en 1997
9,367 milliards d’êtres humains

Estimation en 1999
8,909 milliards d’êtres humains


Ralentissement démographique et dénatalité.

« L’Europe et ses voisins », par Yves Montenay, Institut de Démographie Politique (Paris IV), ESCP (pays arabes,Turquie, Iran)


Réflexions récentes sur la dénatalité au Proche-Orient et en Afrique de Nord.

 » L’EUROPE ET SES VOISINS

Paris, le 10 décembre 1999

Si l’on considère les Russes comme des Européens, tout en refusant aux Coréens, Japonais et Américains de l’outre Sibérie le titre de voisins de notre continent, il ne reste plus, pour mériter ce titre que les « musulmans blancs » des pays arabes et de la Turquie, voire de l’Iran, auxquels il faut rajouter les Chrétiens d’Orient et les citoyens israéliens.

L’ensemble représente environ 370 millions d’habitants, et pourrait en compter 586 millions d’après les projections démographiques de 1998 de l’ONU pour 2025. C’est beaucoup, mais néanmoins inférieur aux quelques 700 millions prévus il y a encore peu.

Rappelons qu’au début de notre installation en Algérie, la population de ce qui n’était pas un « pays » était le dixième de celle de la France, le cinquième à l’indépendance (musulmans seulement), et la moitié aujourd’hui. Ses naissances annuelles sont du même ordre de grandeur que les nôtres. Sa population future le serait donc aussi, si la situation était figée, et rapidement très supérieure si l’évolution séculaire s’était poursuivie.

Mais ce n’est pas le cas : la chute rapide de la fécondité depuis le contre-choc pétrolier (coïncidence significative) a dans un premier temps fait chuter le nombre des naissances, puis a compensé la croissance rapide du nombre de parents potentiels, ce qui a grossièrement stabilisé le nombre des enfants. Dans un deuxième temps, qui se concrétisera entre 2006 et 2016, ce nombre de parents potentiels cessera de croître. Seul augmentera alors le nombre des « vieux », et la population devrait se stabiliser quelques décennies plus tard, sans doute autour de 40 millions.

Cet exemple, qui est valable pour la plupart des pays de la région, illustre le décalage des évolutions démographiques entre l’Europe et ses voisins, et son atténuation récente, mais aux effets très progressifs.

Cette atténuation n’a été prise en compte que récemment par les institutions internationales. L’ONU, par exemple, prévoyait en 1996 qu’il y aurait 47 millions d’habitants en Algérie et 128 en Iran en 2025. Sa dernière projection n’annonce respectivement « que » 42 et 92 millions, et cela en écartant (à tort sans doute) une évolution « à l’européenne », où la fécondité tomberait en dessous du seuil de renouvellement.

Ces chiffres illustrent la chute de la fécondité, maintenant en général voisine de 3 à enfants par femme (Egypte, Algérie, Maroc, Iran), voire de 2 (Turquie, Tunisie, Liban), contre 6 à 8 pour la génération précédente. Cette évolution est maintenant indépendante des régimes politiques, qu’il s’agisse de l’islam « dur » de l’Iran, de la « réislamisation civile  » égyptienne, de la monarchie religieuse marocaine, du semi-laïcisme tunisien ou de celui, très militant, des Turcs. Déjà les femmes arabes, iraniennes ou turques les plus instruites, ainsi que les millions d’entre elles vivant dans les métropoles, n’ont pas plus d’enfants que les Françaises.

On se marie maintenant tard chez nos voisins orientaux, ce qui a un impact démographique important, car, contrairement à l’Europe, les naissances hors mariages restent rares. La contraception est très bien diffusée (Turquie, Maroc, Algérie, Tunisie, Liban) ou en progrès rapide (Egypte, Iran).

Ces pays se trouvent finalement dans une situation inédite, avec une forte proportion de jeunes célibataires vivant en ville, ayant « bénéficié » d’une scolarisation décevante et donc souvent sans travail, succédant à des générations beaucoup moins nombreuses, analphabètes et qui étaient au même âge stabilisées par la vie rurale et l’entretien de leurs enfants. Dans un premier temps, la bourgeoisie traditionnelle s’est appuyée sur ces jeunes pour lancer les mouvements islamistes, mais, effrayée par leur violence, elle a maintenant tendance à les abandonner.

La difficile, voire dramatique, situation actuelle durera jusque vers 2005/2015, qui correspond à l’arrivée à 20/30 ans des promotions les plus nombreuses. Elles ne pourront être intégrées sans réformes profondes, dont le résultat ne pourra être instantané.

L’évolution de nos relations de voisinage sera, bien entendu, influencée par ces questions politico-économiques, dont les racines démographiques sont souvent ignorées. »

Yves MONTENAY