Programme de la Ligue anti-impérialiste américaine Chicago (octobre 1899)

The Greater America en 1899 —–>

« Nous prétendons que la politique que l’on nomme impérialisme est contraire à la liberté et qu’elle conduit même au militarisme, un mal… dont nous avons toujours été préservés. Nous déplorons qu’il soit devenu nécessaire, sur la terre de Washington et de Lincoln, de réaffirmer que tous les hommes, quelque soit leur race ou leur couleur, ont droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur. Nous répétons que les gouvernements tirent leur pouvoir légitime de l’accord des gouvernés. Nous insistons sur le fait que l’asservissement d’un peuple, quel qu’il soit, est une « agression criminelle » et une déloyauté affirmée envers les principes distinctifs de notre gouvernement. Nous condamnons sérieusement la politique de l’administration nationale actuelle aux Philippines. Elle cherche à étouffer le principe de 1776 dans ces îles. Nous déplorons le sacrifice de nos soldats et de nos marins, dont le courage mérite l’admiration même dans une guerre injuste. Nous dénonçons le massacre des Philippins comme une horreur inutile. Nous protestons contre l’extension de la souveraineté américaine par des méthodes espagnoles.

Nous exigeons l’arrêt immédiat de la guerre contre la liberté, commencée par l’Espagne et poursuivie par nous. Nous voulons instamment que le Congrès se réunisse promptement pour annoncer aux Philippins notre désir de leur accorder l’indépendance (…). Les impérialistes prétendent que toute opposition cessera là-bas quand le self-government des Philippines aura été détruit par des mains américaines. C’est là une erreur dramatique. Nous ressentons très profondément la trahison des institutions américaines chez nous, plus encore que

nous détestons la guerre « d’agression criminelle » qui est menée aux Philippines, et tout autant que nous regrettons que le sang philippin souille les mains américaines. Le véritable front n’est pas dans les faubourgs de Manille, l’ennemi vient de notre propre maisonnée. En 1861, il a été tenté de diviser le pays. En 1899, on cherche à détruire ses principes fondamentaux et ses plus nobles idéaux.

Que l’ignoble massacre des Philippins cesse le mois prochain ou l’année prochaine n’est qu’une incidente… tant que la déclaration d’indépendance et la Constitution des États-Unis ne seront pas enlevées des mains de ceux qui les trahissent (…).

Nous nions que l’obligation qu’ont les citoyens de soutenir leur gouvernement en période d’intense péril national s’applique à la situation présente. Si une administration peut impunément ignorer les engagements qui l’ont faite arriver au pouvoir, délibérément créer des conditions de guerre n’importe où à la surface du globe… alors le gouvernement représentatif lui-même est en danger.

Nous nous proposons de participer à la défaite de toute personne ou de tout parti, qui est pour la soumission d’un peuple par la force. Nous nous opposerons à la réélection de tous ceux qui, à la Maison blanche ou au Congrès, trahissent les libertés américaines en poursuivant des buts non américains (…).

Nous prétendons comme Abraham Lincoln que aucun homme n’est assez bon pour diriger un autre homme sans l’accord de ce dernier…

Nous invitons tous les hommes et les femmes qui demeurent loyaux à la déclaration d’Indépendance et à la Constitution des États-Unis à coopérer avec nous. »

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Discours impérialiste de BEVERIDGE (élu sénateur républician en 1899)

« (…) Les usines américaines produisent plus que le peuple américain ne peut utiliser ; le sol américain produit plus qu’il ne peut consommer. La destinée nous a tracé notre politique ; le commerce mondial doit être et sera nôtre. Et nous l’acquerrons comme notre mère [l’Angleterre] nous l’a montré. Nous établirons des comptoirs commerciaux à la surface du monde comme centres de distribution des produits américains. Nous couvrirons les Océans de nos vaisseaux de commerce. Nous bâtirons une marine à la mesure de notre grandeur. De nos comptoirs de commerce, sortiront de grandes colonies déployant notre drapeau et trafiquant avec nous. Nos institutions suivront notre drapeau sur les ailes du commerce. Et la loi américaine, l’ordre américain, la civilisation américaine et le drapeau américain seront plantés sur des rivages jusqu’ici en proie à la violence et à l’obscurantisme, et ces auxiliaires de Dieu les feront dorénavant magnifiques et éclatants. (…) »

Albert J. BEVERIDGE, « Discours au Middlesex Club de Boston », 27 avril 1898, publié et traduit in Edmond PRÉCLIN et Pierre RENOUVIN, Textes et documents d’histoire. IV. L’époque contemporaine (1871-1914). Paris, PUF, 1939.

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Discours anti-impérialiste

« (…) Il se trouve, à la base de ce qu’on appelle l’impérialisme, une doctrine qui, si elle est adoptée, risque de retourner le monde en faveur du despotisme. Elle est en contradiction directe avec la doctrine sur laquelle nous avons fondé notre propre révolution […] et selon laquelle lorsqu’une nation désapprouve les institutions qu’un autre peuple a établies et maintient pour la gouverner, elle a le droit de les renverser (…).

Nos amis impérialistes semblent avoir oublié l’emploi du mot liberté. Ils parlent de donner un bon gouvernement : « Nous leur donnerons le gouvernement qui, selon eux, leur convient » (…). Cette seule phrase est pour un homme libre et un peuple libre la plus mordante des insultes. Cette petite phrase contient le germe de tout despotisme et de toute tyrannie. Un gouvernement n’est pas un cadeau. Un gouvernement libre n’est pas une faveur accordée par l’ensemble des pouvoirs de la Terre et du Ciel. C’est un droit que l’on acquiert à la naissance. Il appartient, comme nos pères l’ont déclaré et comme leurs enfants l’ont dit, comme Jefferson l’a dit et comme le président McKinley l’a dit, à la nature humaine elle-même. Il n’est pas de bon gouvernement qui ne soit un self-government. (…). »

Extrait du discours de George Frisbie HOAR, sénateur républicain du Massachusetts au Sénat des États-Unis, 17 avril 1900, publié et traduit in Michel LARAN, Jacques WILLEQUET. L’époque contemporaine (1871-1945). Tome V des Recueils de textes d’histoire pour l’enseignement secondaire dirigés par Louis GOTHIER et Albert TROUX. Liège/Paris, H. Dessain, 1960. Les lignes 9-14 ont été traduites par B. Littardi (source : http://www.archive.org/stream/speechhongeorge01hoargoog/speechhongeorge01hoargoog_djvu.txt [consulté le 30 mars 2012]).

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Justifications de la Guerre contre l’Espagne (1898)

« (…) Au nom de l’humanité, au non de la civilisation et en considération des intérêts américains en péril, qui nous donnent le droit et le devoir de parler et d’agir, la guerre doit prendre fin à Cuba.

Pour ces raisons, je demande au Congrès de donner au Président tout pouvoir pour prendre des mesures afin de procurer un arrêt total et définitif des hostilités entre le gouvernement espagnol et le peuple cubain, et l’établissement dans l’île d’un gouvernement stable capable de maintenir l’ordre, d’observer ses obligations internationales, de faire respecter la paix, la tranquillité et la sécurité de ses citoyens comme des nôtres, – et pour employer à des fins les forces militaires et navales des États-Unis, si cela est nécessaire (…).

Le dénouement est maintenant entre les mains du Congrès. C’est une grave responsabilité. J’ai épuisé tous les efforts pour remédier à la situation intolérable qui se présente à nos portes. Prêt à exécuter tout ce que la Constitution et la loi m’imposent, j’attends votre intervention (…). »

Message du président William McKINLEY au Congrès des États-Unis, 11 avril 1898, publié et traduit in Michel LARAN, Jacques WILLEQUET. L’époque contemporaine (1871-1945). Tome V des Recueils de textes d’histoire pour l’enseignement secondaire dirigés par Louis GOTHIER et Albert TROUX. Liège/Paris, H. Dessain, 1960.

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Protectorat étasunien sur Cuba
L’Amendement Platt

« A la suite de l’intervention des États-Unis dans la guerre d’indépendance opposant les insurgés cubains à l’Espagne, un gouvernement militaire est établi dans l’île.
Le sénateur Orville S. Platt fait alors adopter par le Congrès (2 mars 1901) un amendement à la loi budgétaire qui établit des « liens spéciaux » entre Cuba et les États-Unis et, sous couvert de protéger l’indépendance de Cuba, place le pays sous protectorat étasunien. Cet amendement, inclus quelques semaines plus tard dans la constitution cubaine, ne fût abrogé qu’en 1934, par un traité sur les relations entre les deux pays qui perpétuait la présence américaine à Guantanamo. » (Jean-Pierre Maury)

«En complément de la déclaration contenue dans la résolution conjointe approuvée le 20 avril 1898, intitulée « Pour la reconnaissance de l’indépendance du peuple cubain », exigeant que le gouvernement espagnol renonce à son autorité et à son gouvernement sur l’île de Cuba et retire ses forces terrestres et maritimes de Cuba et des eaux cubaines, et ordonnant au président des États-Unis qu’il fasse usage des forces terrestres et maritimes des États-Unis pour donner effet à ces résolutions, le président, par la présente, est autorisé à laisser le gouvernement et le contrôle de cette île à son peuple, dès que sera établi dans l’île un gouvernement constitutionnel, et dans sa Constitution ou dans une ordonnance conjointe seront définies les futures relations entre Cuba et les États-Unis, en substance comme définies ci-après :

I. Le gouvernement de Cuba ne conclura avec aucune autorité ou des autorités étrangères aucun traité ou accord qui pourrait diminuer ou tendre à diminuer l’indépendance de Cuba, ni en aucune manière autoriser ou permettre à une autorité ou à des autorités étrangères d’obtenir par colonisation ou par des sommations militaires ou navales de s’installer ou de contrôler quelque portion de cette île.
II. Le dit gouvernement n’assumera et ne contractera aucune dette publique pour le paiement des intérêts et l’amortissement définitif au delà de la couverture des dépenses courantes du gouvernement, rendant inadéquats les impôts ordinaires.
III. Le gouvernement de Cuba accepte que les États-Unis puissent exercer le droit d’intervention pour préserver l’indépendance de Cuba et maintenir un gouvernement capable de protéger les vies, la propriété et la liberté individuelle et d’accomplir les obligations qui, concernant Cuba, ont été imposées aux États-Unis par le traité de Paris et qui doivent désormais être assumées et accomplies par le gouvernement de Cuba.
IV. Tous les actes accomplis par les États-Unis à Cuba durant son occupation militaire sont tenus pour valides, ratifiés et tous les droits légalement acquis en vertu de ceux-ci sont maintenus et protégés.
V. Le gouvernement de Cuba exécutera et si nécessaire réalisera les plans déjà faits et ceux qui seront établis d’un commun accord pour la santé des populations de l’île, afin d’éviter le développement de maladies épidémiques et d’infections, protégeant ainsi le peuple et le commerce de Cuba, ainsi que le commerce et le peuple des ports du Sud des États-Unis.
VI. L’île des Pins sera placée hors des limites de Cuba telles qu’elles sont fixées par la Constitution, sa possession sera réglée par un futur traité.
VII. Pour établir les conditions qui permettront aux États-Unis de garantir l’indépendance de Cuba et de protéger son peuple, ainsi que pour sa propre défense, le gouvernement de Cuba cédera ou louera aux États-Unis les terres nécessaires pour établir des bases navales ou charbonnières en certains points déterminés qui seront convenus avec le président des Etats-Unis.
VIII. Pour une meilleure sécurité à l’avenir, le gouvernement de Cuba insérera les dispositions précédentes dans un traité permanent avec les États-Unis. »

Jean-Pierre Maury, Cuba – Texte de l’amendement Platt, http://mjp.univ-perp.fr/constit/cu1901p.htm, (page consultée le 31 mai 2009)

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Guantanamo, 1903-1934

« La République de Cuba et les États-Unis d’Amérique, animés du désir de resserrer les liens d’amitié qui existent entre leurs deux pays et de modifier à cette fin les relations établies entre eux par le Traité de relations signé à La Havane le 22 mai 1903 (…) sont convenus des dispositions suivantes :
Article premier
Le Traité de relations conclu entre les deux Parties contractantes le 22 mai 1903 (…) sera abrogé à partir de la date d’entrée en vigueur du présent traité. (…)
Article III
Tant que les deux Parties contractantes ne seront pas mises d’accord pour modifier ou abroger les dispositions de l’accord signé le 16 février 1903 (…) au sujet de la cession à bail aux États-Unis d’Amérique sur des terrains situés à Cuba pour servir de stations charbonnières ou navales, les dispositions de cet accord relatives à la station navale de Guantanamo resteront en vigueur. (…) Tant que les États-Unis d’Amérique n’auront pas abandonné ladite station navale de Guantanamo ou tant que les deux gouvernements n’auront pas décidé de procéder à une modification de ses limites actuelles, la station continuera à avoir l’étendue territoriale qu’elle occupe actuellement, avec les limites qu’elle a à la date de la signature du présent traité. (…)
Fait à Washington en double exemplaire, en langue espagnole et en langue anglaise, le vingt-neuf mai mil neuf cent trente-quatre. »

Société des Nations, Recueil des Traités. 1934, pp. 100-101. Source : (lien brisé) http://untreaty.un.org/unts/60001_120000/18/10/00034478.pdf [consulté lé 14 octobre 2011].

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Theodor Roosevelt’s Fourth Annual Message to Congress, 6 December 1904

« … Chronic wrongdoing, or an impotence which results in a general loosening of the ties of civilized society, may in America, as elsewhere, ultimately require intervention by some civilized nation, and in the western hemisphere the adherence of the United States, however reluctantly, in flagrant cases of such wrongdoing or impotence, to the exercise of an international police power. If every country washed by the Caribbean Sea would show the progress in stable and just civilization which with the aid of the Platt amendment Cuba has shown since our troops left the island, and which so many of the republics in both Americas are constantly and brilliantly showing, all question of interference by this nation with their affairs would be at an end. … We would interfere with them only in the last resort, and then only if it became evident that their inability or unwillingness to do justice at home and abroad had violated the rights of the United States or had invited foreign aggression to the detriment of the entire body of American nations. … ln asserting the Monroe Doctrine, in taking such steps as we have taken in regard to Cuba, Venezuela, and Panama, and in endeavoring to circumscribe the theater of war in the Far East, and to secure the open door in China, we have acted in our own interest as well as in the interest of humanity at large. … »

in Congressional Record, 58th Congress, 3rd Session, 39:19

un passage de ce même discours traduit

« (…) N’importe quelle nation qui montre qu’elle sait se comporter de manière digne et efficace dans les questions politiques et sociales et qui sait maintenir son ordre intérieur et respecter ses obligations n’a aucune ingérence à craindre de la part des États-Unis. En revanche, de mauvais agissements chroniques ou une impuissance entraînant un relâchement général des fondements de sa civilisation peut nécessiter en dernier recours l’intervention d’une nation civilisée, que ce soit en Amérique ou ailleurs. Si de tels cas se produisaient dans l’hémisphère occidental, l’adhésion des États-Unis à la doctrine Monroe pourrait les amener, bien qu’à contrecoeur, à exercer un pouvoir de police internationale. Si chaque pays baigné par la mer des Caraïbes connaissait un accroissement de sa stabilité et de sa civilisation comme celui qu’a connu Cuba avec l’aide de l’amendement Platt depuis que nos troupes ont quitté l’île, et qu’ont montré brillamment et avec constance tant de républiques des deux Amériques, la question de l’ingérence des États-Unis dans leurs affaires s’éteindrait d’elle-même. Nos intérêts et ceux de nos voisins méridionaux sont en réalité identiques. (…) Nous nous ingérerions dans leurs affaires seulement en dernier ressort et si et seulement s’il devenait évident que leur incapacité ou leur mauvaise volonté à rendre la justice violait les droits des États-Unis et entraînait une agression étrangère au détriment du corps entier des nations américaines. C’est en effet un pur truisme que de dire que chaque nation – d’Amérique ou d’ailleurs – qui désire conserver sa liberté et son indépendance doit se rendre compte au final que le droit à une telle indépendance ne peut être séparé de la responsabilité d’en faire bon usage. (…) »

Théodore Roosevelt, la Maison-Blanche, 6 décembre 1904 (traduction : B. Littardi). Source : (lien modifié) http://oll.libertyfund.org/?option=com_staticxt&staticfile=show.php%3Ftitle=2282&chapter=216461&layout=html&Itemid=27 [consulté le 30 mars 2012].

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Rapports avec l’Amérique centrale selon le président Taft

« (…) En Amérique centrale, notre but a été d’aider des pays comme le Nicaragua et le Honduras à se tirer d’affaire eux-mêmes. Ils sont les bénéficiaires immédiats. Le bénéfice des États-Unis est, quant à lui, double.

D’abord, il est évident que la doctrine de Monroe est bien plus vitale dans le voisinage du canal de Panama et la zone des Caraïbes que n’importe où ailleurs. Là aussi, le maintien de cette doctrine pèse plus lourdement sur les États-Unis. Il est donc essentiel que les pays sis à l’intérieur de cette sphère soient débarrassés du risque impliqué par leur lourde dette vis-à-vis de l’étranger et par leurs finances cahotiques [sic] et du danger toujours présent de complications internationales dues au désordre intérieur. (…)

Le second avantage pour les États-Unis concerne principalement tous les ports du Sud du Golfe [du Mexique] ainsi que les affaires et l’industrie du Sud. Les Républiques de l’Amérique centrale et les Caraïbes possèdent de grandes richesses naturelles. Elles n’ont besoin que de mesures de stabilité et de moyens de redressement financier pour entrer dans une ère de paix, leur apportant profit et bonheur et créant en même temps des conditions les amenant sûrement à des échanges commerciaux florissants avec notre pays.

Je désire attirer tout spécialement votre attention sur les récents incidents au Nicaragua, car je crois que les terribles événements enregistrés là-bas pendant la révolution de l’été dernier (…) auraient pu être évités, si le département d’État, grâce à l’approbation du Sénat de l’accord de prêt, avait eu la possibilité d’appliquer la politique actuellement bien mise en oeuvre, qui tend à encourager l’extension de l’aide financière aux États faibles de l’Amérique centrale (…). »

Extrait du discours sur l’état de l’Union du président William TAFT, 3 décembre 1912, publié et traduit par Jacques PORTES, Les États-Unis de l’indépendance à la Première Guerre mondiale. Paris, Armand Colin, 1991.

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Rapports avec l’Amérique centrale selon le président Wilson

« (…) On ne peut pas être amis s’il n’y a pas d’égalité. On ne peut encore moins l’être si ce n’est pas dans d’honneur. Nous devons nous montrer les amis [des États latino-américains] en comprenant leur intérêt, qu’il corresponde ou non au nôtre. C’est en effet une chose très périlleuse que de déterminer la politique étrangère d’une nation en fonction de son intérêt matériel. Ce n’est pas seulement une injustice envers ceux avec qui vous traitez ; c’est aussi dégradant pour vos propres actions.

La compréhension mutuelle doit être le terreau dans lequel se développeront les fruits de l’amitié, pour une raison qui est plus que tout autre chère aux hommes intelligents d’Amérique : je veux parler du développement de la liberté constitutionnelle dans le monde. (…) Je veux d’ailleurs profiter de cette occasion pour dire que les États-Unis ne chercheront plus jamais à acquérir un mètre carré supplémentaire de territoire par la conquête. Ils se consacreront à montrer qu’ils savent faire un usage honorable et fructueux du territoire qu’ils possèdent. Ils devront considérer que l’un des devoirs de l’amitié est de montrer qu’en aucun cas les intérêts matériels sont supérieurs à la liberté humaine (…) Je dis cela (…) simplement pour ancrer dans notre conscience ce qu’est notre véritable relation avec le reste de l’Amérique : la relation d’une famille de l’espèce humaine qui se consacre au développement d’une véritable liberté constitutionnelle. (…)

Ne pensez donc pas, Messieurs, que les questions du jour sont de simples questions de politique et de diplomatie. Elles ont à voir avec les principes de la vie. Nous aurons donc l’audace de ne pas nous détourner du principe suivant : c’est la morale – et non l’opportunisme – qui doit nous guider (…). »

Woodrow WILSON, « Discours devant le Congrès commercial du Sud à Mobile, Alabama », 27 octobre 1913 (traduction : B. Littardi). Source : http://www.presidency.ucsb.edu/ws/index.php?pid=65373#axzz1UemiKa98 [consulté le 30 mars 2012].

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Rapports avec l’Amérique centrale selon le président Hoover (1929)

« Washington, le 5 décembre 1929
(…) L[e] Président a envoyé hier au Congrès (…) son premier message annuel. (…)

Ses déclarations, en ce qui concerne l’Amérique latine sont, du point de vue américain, particulièrement importantes. Les relations avec le Mexique dit-il, sont aujourd’hui, rétablies sur une base amicale ; les Américains sont fiers (…) de participer à la solution du différend qui existe entre la Bolivie et le Paraguay, de même qu’à la dispute de frontière entre le Guatemala et le Honduras. L’occupation militaire du Nicaragua permet le rétablissement de l’ordre dans ce pays et le Président espère que les troupes d’occupation qui sont de 1 600 hommes pourront bientôt être considérablement réduites. Le problème de l’occupation d’Haïti est différent et obscur. Aussi le Congrès devra-t-il envoyer son approbation d’une Commission spéciale qui sera envoyée sur place pour délimiter la politique américaine vis-à-vis de ce pays toujours occupé militairement et en état de révolte.

La représentation diplomatique des États-Unis dans l’Amérique du Sud retient particulièrement l’attention du Président qui se propose de la renforcer au moyen de crédits supplémentaires qui seront sollicités par le Département d’État ; ainsi se trouve confirmé le souci du Président de voir son pays fournir un effort commercial considérable sur les marchés de l’Amérique latine. (…). »

Paul CLAUDEL [ambassadeur de France à Washington], La Crise. Amérique 1927-1932. Correspondance diplomatique. Paris, Métailié, 2009.

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