Diodore de Sicile est un historien originaire d’Agyrion qui aurait vécu entre 90 et 30 avant notre ère. Il a beaucoup voyagé (Europe, Asie et Égypte) et a conçu une « histoire universelle », la Bibliothèque historique, qui comprenait 40 livres.

Dans l’extrait proposé, Diodore offre une description de la géographie physique de la Grande-Bretagne, cette île qui « par sa forme est un triangle un peu comme la Sicile » et qui, pour son climat « est toute froide, comme si elle était située dans la région arctique ». Le commentaire relatif au mode de vie des insulaires comporte l’habituel « topos » des moeurs simples et très éloignées « de l’astuce et de la fourberie des gens d’aujourd’hui ».
La traduction est celle de Christian Boudignon figurant dans l’ouvrage Pythéas, Explorateur du Grand Nord de François Herbaux aux Belles Lettres, p.190-192.


3- Cette île (de Grande-Bretagne) par sa forme est un triangle un peu comme la Sicile, mais ses côtés ne sont pas isocèles. Elle s’étend à l’oblique de l’Europe. Le cap le moins éloigné du continent, qu’on appelle Cantion (le cap North Foreland dans le Kent d’après Christian Boudignon), est distant, dit-on, de la terre à raison de 100 stades environ. En ce lieu la mer débouche (sur la Tamise). Il est dit que le deuxième cap, appelé Bélérion (la péninsule des Cornouailles ou le Land’s End), est distant du continent à raison de quatre jours de navigation. Le dernier (cap), est-il rapporté, appartient à la haute mer et s’appelle Orcas (Dunnet Head).
4- Le plus petit côté est de 7500 stades: il s’étend le long de l’Europe; le deuxième depuis l’embouchure (de la Tamise) jusqu’à la pointe s’étend sur 15000 stades; le dernier sur 20000 stades, de sorte que la circonférence de toute l’île est de 42500 stades.
5- Des nations autochtones, dit-on, habitent l’île britannique, en conservant la vieille façon de vivre dans leurs modes de vie. Car (ces peuples) se servent de chars dans leurs guerres, comme, selon la tradition, se servaient les anciens héros grecs de la guerre de Troie et ils ont de simples habitations, faites en général de chaume ou de bois. Ils coupent les blés avec les épis mêmes pour faire la récolte et ils les conservent dans des habitations munies d’un toit. Ils extraient des blés les vieux épis chaque jour et après préparation, ils en font leur nourriture.
6- Par leurs mœurs, ils sont simples et très éloignés de l’astuce et de la fourberie des gens d’aujourd’hui.Ils ont un régime de vie fruste et fort différent de cette vie de luxe qu’engendre la richesse. L’île est aussi très peuplée; pour son climat, elle est toute froide, comme si elle était située dans la région arctique. Elle connaît une foule de rois et de seigneurs qui en général se comportent entre eux pacifiquement.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 22, 1-4.