Si les femmes mariées ne pouvaient assister aux Jeux olympiques, deux exceptions notables ont traversé le temps et sont restées des exemples. La première est Phereniki (Bérénice chez les Romains), plus connue sous le nom de Kallipáteira ou Callipatira, née vers 396 avant JC, membre d’une famille d’athlètes réputée, originaire de Rhodes. Mentionnée brièvement chez Pline l’Ancien entre-autres, c’est avant tout Pausanias qui raconte son histoire tout en présentant les risques encourus par toute femme mariée qui oserait assister aux Jeux. Une version un peu différente de son histoire est cependant rapportée par Claude Élien, dit Élien le Sophiste,  né vers 175 à Préneste et mort vers 235 à Rome.

Le second cas est représentée par la fille du Roi de Sparte Cynisca qui parvient à contourner l’interdiction à sa manière en 396 et 392 avant J.C. …


Extrait n°1 : Callipatira (Phérénice) s’impose comme spectatrice aux Jeux olympiques

Pherenice ayant accompagné son fils, qui allait disputer le prix aux jeux olympiques, se présenta pour les voir. Mais les Hellanodices lui en refusèrent l’entrée. Alors s’avançant pour plaider sa cause, « Mon père, dit-elle, a remporté la victoire dans ces jeux ; mes trois frères y ont été couronnés ; et voilà mon fils qui vient suivre leurs traces. » Par ce discours, Phérénice gagna le peuple, et mérita qu’on dérogeât, en sa faveur, à la loi qui interdisait aux femmes l’entrée au spectacle ; elle y fut admise.

Élien Histoires diverses  traduites du grec, avec le texte en regard et des notes par M. Dacier, Nouvelle édition publiée avec le concours de J.-V. Le Clerc, Paris, Delalain, 1827, extrait du Livre X – 1

Extrait n° 2 : Callipatira échappe à la peine de mort

[…] On trouve sur la route d’Olympie, avant de traverser l’Alphée, une montagne qui, du côté de Scillonte, a des rochers très hauts et très escarpés ; on la nomme le mont Typaeos. La loi veut chez les Éléens, qu’on précipite du haut de cette montagne les femmes qu’on surprend aux jeux Olympiques, ou qui osent seulement traverser l’Alphée pendant les jours où cela leur est défendu. Callipatira est, disent-ils, la seule femme qui s’y soit laissé prendre ; d’autres la nomment Phérénice, et non Callipatira. Son mari étant mort avant elle, elle prit tout l’ajustement d’un maître de gymnastique, et conduisit son fils à Olympie pour combattre dans les jeux. Pisirodos (c’était le nom du jeune homme) ayant remporté le prix, Callipatira, en franchissant la barrière qui tient renfermés les maîtres de gymnastique, laissa reconnaître son sexe. On la renvoya cependant sans la punir, par considération pour son père, ses frères et son fils, qui avaient tous été couronnés aux jeux Olympiques ; mais on rendit une loi portant que désormais les maîtres de gymnastique ne se présentassent que nus à ces exercices.

Extrait n°3 : Cynisca

Cynisca, dont le monument héroïque est vers le Plataniste, était fille d’Archidamos, roi de Sparte : c’est la première femme qui ait entretenu des chevaux, et remporté le prix de la course des chars, aux jeux Olympiques.[…]

Livre III, chapitre XV, extrait

Je me contenterai donc de rappeler ceux qui se sont plus particulièrement fait remarquer et dont les statues ont quelque mérite qui les distingue. […]
En parlant des rois de Sparte, j’ai déjà fait mention de Cynisca, fille d’Archidamus, de sa famille et de ses victoires olympiques. On voit à Olympie, auprès de la statue de Troïlus, un soubassement de pierre sur lequel il y a un char attelé, le conducteur et la statue de Cynisca elle-même, le tout de la main d’Apelle. Il y a aussi des inscriptions en l’honneur de Cynisca. On voit ensuite auprès de Cynisca différentes statues de Lacédémoniens qui ont remporté la victoire en faisant courir leurs chevaux. […]

Livre VI, chapitre 1, extrait

Source : Pausanias Description de la Grèce, traduction nouvelle avec le texte grec collationné sur les manuscrits de la bibliothèque du roi par M. Clavier, Paris, J.-M. Eberhart, 1821, extraits

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Note : sur la confusion concernant le nom de Callipatira, voir l’article de Jean Pouilloux Callianax, gendre de Diagoras de Rhodes. A propos de la VIIème Olympique de Pindare, Revue de Philologie, 44, II, 1970, à lire ICI