Jean Zay (1904-1944),  homme politique sans doute promis à un grand avenir, eut à souffrir les attaques constantes et systématiques de l’extrême droite, dès le début de sa carrière ; jusqu’à ce jour fatal du 20 juin 1944 où il fut exécuté par un commando de la Milice.

Né à Orléans en  1904, Jean Zay affirme tôt ses convictions républicaines en adhérant au Parti radical à 21 ans.  Il fait alors partie des « Jeunes turcs », l’aile gauche du parti radical,  à l’instar de Pierre Mendès France, de 3 ans son cadet. En 1932, il est élu député radical dans le Loiret. Et en juin 1936, il est nommé ministre de l’éducation nationale et des beaux arts par Léon Blum, séduit par sa jeunesse et son dynamisme. Il reste à ce poste pendant plus 3 ans, jusqu’en septembre 1939, ce qui lui laisse le temps de marquer de son empreinte ce ministère essentiel.

Les extraits choisis montrent que Jean Zay fait l’objet, dès sa nomination à la tête du ministère de l’éducation nationale, d’une violente  campagne de presse orchestrée par les journaux d’extrême droite. Léon Daudet lui même, le directeur politique de l’Action française, en fait une cible de choix, dès juin 1936. Deux angles d’attaque principaux reviennent en permanence :

  • Le fait que Jean Zay soit juif (par son père ; sa mère était  protestante et il a été éduqué dans la religion de sa mère). Si l’argument antisémite est mis en avant, en réalité, Jean Zay englobe dans sa personne tout ce que hait l’Action Française : juif, protestant, franc-maçon et … républicain.
  • Son écrit de jeunesse antimilitariste  qui le classe définitivement comme un traître de « l’anti-France ».

Sous le régime de Vichy, Jean Zay devient donc un coupable idéal : juif, traître à la patrie, fauteur de guerre et donc responsable, lui et les siens, de la défaite et du malheur de la France. Jugé pour désertion comme Mendès France et d’autres, Jean Zay est condamné en octobre 1940 à la dégradation militaire et à la déportation (comme le fut  le capitaine Dreyfus…). C’est le premier des procès politiques intentés par Vichy contre des personnalités de gauche de la troisième République, dont le plus célèbre est celui de Léon Blum,  à Riom en 1942. Pierre Mendès France fut jugé à Clermont Ferrand en juin 1941 et fut emprisonné dans la même prison que Jean Zay. Mais  Mendès France s’évada le 21 juin 1941 et échappa probablement ainsi au sort tragique subi par Jean Zay, 3 ans plus tard.

Note : L’assassin de Jean Zay, le milicien Charles Develle, fut condamné au bagne à perpétuité en février 1953 et fut libéré deux ans plus tard…

 


La haine du tricolore et l’Education nationale (30 juin 1936)

Le cabinet du Talmud a confié le portefeuille de l’Instruction publique, dénommé aujourd’hui de l’Education nationale, à un Juif inconnu, du nom de Jean Zay. Quels sont les titres ou, mieux, quel est l’unique titre de ce réséqué à une fonction de cette importance? Pour le savoir, lisez le récent numéro de l’Etudiant français […]  Je reproduis ici la fin de l’ordure de Jean Zay, où apparaît un « Je-tehaie » qui vaut le « Jevouhais-Jéhovah ? du circonpatron Léon Blum. Mais lisez, à titre de vomitif, le texte entier dans l’Etudiant français.
Terrible morceau de drap cloué à ta hampe, je te hais férocement ; oui, je te hais dans l’âme ; je te hais pour toute la misère que tu représentes, pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicla sous tes plis; je te hais au nom des squelettes…
Ils étaient quinze cent mille… […]

(Extrait d’un texte antimilitariste écrit par Jean Zay à l’âge de 19 ans)

Le « papier » ignoble de Jean Zay traduit un sentiment profond, enraciné, ethnique, où se retrouve, en traits de feu et de race, le fameux cri de Léon Blum; et il est la seule explication du choix de Blum et de ceux de ses congénères qui haïssent l’idée de patrie, quand elle est dans le cœur des Français, et l’idolâtrent quand elle est dans le cœur des Juifs. […]

Quand un Israélite, haïsseur du drapeau tricolore, est imposé par un autre Israélite fanatique à la jeunesse française et à l’Université de France, il est naturel que la guerre à nos trois couleurs fasse partie du programme ministériel, avec la prohibition des insignes en bleu-blanc-rouge et l’occupation des usines et des magasins. Il est naturel qu’une police stylée assomme les porte-drapeau, arrache et dilacère les trois couleurs. Rien de plus conséquent, rien de plus logique. L’ordre de la synagogue
rejoint ici celui du synagogueneau qu’est la loge maçonnique. Les hypercrétins qui composent le cabinet du Talmud ne calculent pas l’amertume et l’indignation qu’ils amassent ainsi dans le cœur des Français de tout âge et de toute condition, ni les conséquences et répercussions possibles. C’est par de tels coups que des Juifs insensés ont semé, à travers le vaste monde, un antisémitisme qui s’étend aujourd’hui de La Mecque et de Médine, à Berlin, à Varsovie et aux Etats-Unis d’Amérique.
L’attribution du portefeuille de l’Education nationale à Jean Zay n’était, je le répète, JUSTIFIÉE PAR RIEN , si ce n’est par l’insulte au drapeau; et je défie Léon Blum d’en donner une explication valable en dehors de celle-là. C’est ici que je suis forcé d’admettre, chez certains Juifs habillés en « mossieurs », voire cultivés et même de bon ton et d’une -certaine éducation, un ferment ancestral, animal, bestial, insociable, qui, sans justifier les persécutions, bannissements et autres, les explique aux regards de l’observateur impartial et de l’historien.
Léon DAUDET.

L’Action française, 30 juin 1936, page 1, extraits


Le ministère de l’éducation nationale

En balayant de l’oeil les honteuses inepties que le Juif Torche Zay a proférées au Concours général, je songeais que la décomposition du parlementarisme se mesure à l’avilissement de ses ministres, et notamment de celui qu’on appelait naguère de l’Instruction publique. Il y a eu à ce poste deux fameux sectaires, Ferry et le père Berthelot. Le premier, comme disait de lui Clemenceau, « ne savait pas proférer un son », mais avait fait de- la suppression du catholicisme son affaire personnelle et
annonçait à mon ami Georges Hecq, son chef de cabinet, qu’il extirperait de l’Enseignement les prêtres et les religieux. […]

Maintenant pour le cent cinquantième anniversaire de cette sanglante ordure qu’on appelle la Terreur, la démocratie est allée chercher Jean Zay dans la tinette du Sinaï. Right man in right place. C’est ce qu’on appelle le redressement. […]

Léon Daudet, L’Action française, 16 juillet 1939, page 1 extraits


Caricature antisémite représentant Jean Zay publiée par le journal Gringoire, le 10 octobre 1940

Jean zay haine antisémite

Gringoire, 10 octobre 1940, page 3


Préface des carnets secrets de Jean Zay écrite par Philippe Henriot

Les notes qu’on va lire n’enrichiront pas la littérature française d’aucune contribution appréciable. Mais leur publication présente pour l’historien un intérêt documentaire de premier ordre. Leur auteur après avoir été pendant trois ans l’inamovible ministre de l’Education nationale du Front populaire, a tristement achevé sa carrière ambitieuse sans gloire devant un conseil de guerre. Il n’y aurait qu’à lui souhaiter l’oubli si des personnages comme lui n’étaient représentatifs d’une époque et d’un monde qu’ils aident, hélas ! à comprendre et à juger.
À une des heures décisives de notre vie nationale, ce petit Juif se trouvait lancé dans la politique par l’aberration du suffrage universel. Il avait débuté dans sa vie en s’essayant à salir le drapeau du pays qui l’avait accueilli. Ces références avaient alors leur prix. D’autant que, que en tête de son infâme pamphlet, l’auteur avait annoncé qu’il songeait à écrire un livre qu’il intitulerait Les Respects. On avait un avant-goût de ce qu’en serait les chapitres. Il ne fallait laisser inemployé un démolisseur de ce cynisme et de cette trempe. Il fut donc un des jeunes députés de France, puis un des plus jeunes ministres. Il faut rendre cette justice à Israël qu’on y pratique la courte échelle d’une façon qui laisse loin derrière les méthodes enfantines des « Aryens ».
Ministre, on lui confie la jeunesse. Bonne affaire ! Par la jeunesse, on touche à la famille, cette autre force réactionnaire dont son coreligionnaire Blum s’est déjà occupé… Zay se met d’arrache-pied à l’ouvrage. Mais d’autres préoccupations s’ajoutent à celles de son département : la guerre rôde. Dés qu’il en flaire l’approche, il ne se tient plus de fièvre et commence à noter au jour le jour, ses impressions et ses observations. Par elles, nous pénétrons dans les coulisses où se préparait le drame. Ceux qui croit encore que la France à été jeté dans cette sombre aventure par un sursaut spontané de son patriotisme n’auront qu’à parcourir ces pages pour constater que ce patriotisme a simplement servi de paravent à des hommes qui, pour des fins politiques ou raciales, voulaient la guerre, (…)

Les carnets secrets de Jean Zay, préface de Philippe Henriot, 1942

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