Dès 1938, inquiets de la situation internationale, les États-Unis isolationnistes et les États américains manifestent à la conférence de Lima leur inquiétude quant à la perspective qu’un conflit survienne dans l’Hémisphère occidental. La Conférence de Lima proclame ainsi les Principes de solidarité de l’Amérique contre toute importation d’une guerre européenne dans l’Hémisphère occidental.

Peu après le début du conflit en Europe, ces principes sont renouvelés par les résolutions de la première conférence panaméricaine de Panama (23 septembre-3 octobre 1939) d’interdire tout acte de guerre à proximité des côtes. L’hypothèse est d’autant plus réaliste que trois puissances non-américaines sont présentes dans l’Hémisphère occidental : le Royaume-Uni et son empire (dominion du Canada, Terre-Neuve, Jamaïque, îles vierges br., Sainte-Lucie, La Dominique, Saint-Vincent, Grenade, Trinidad, Tobago, la Barbade, Honduras br., Bahamas, Guyane br., etc.) , France (Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Guadeloupe, Martinique, Guyane fr.,), Pays-Bas (Sint-Marteen, Bonaire, Aruba, Curaçao, Guyane néerl., etc.).

Après la défaite des Pays-Bas et de la France, ces mesures sont renforcées par la conférence de la Havane (20-31 juillet 1940) par le principe de réponse à apporter à toute acéphalie de gouvernement européen susceptible de poser un problème dans la Caraïbe. Des signes venus d’Europe renforcent le sentiment de danger dans l’Hémisphère occidental. C’est ce que confirme la réaction américaine à l’attitude des représentants de Vichy en septembre 1940 à Dakar ou les suites américaines de la main tendue de Pétain à Hitler. Peu après l’annonce de l’engagement de la France dans la collaboration (Montoire, octobre 1940), un attaché militaire français (Ruellan, Caracas) câble à Vichy (ANOM, 2285/1) la nouvelle d’un renforcement du niveau d’alerte militaire du canal de Panama susceptible d’être menacé par les 107 avions du porte-avions Béarn mouillant dans la rade de Fort-de-France, à une heure de vol du canal. La matérialisation de ces craintes apparaît plus au sud, en février 1942, avec l’attaque sous-marine allemande des raffineries d’Aruba, suivie du débarquement à Fort-de-France d’un officier de la Kriegsmarine, blessé par l’explosion de son propre canon de pont durant l’engagement. Deux décennies avant l’affaire des fusées de Cuba, la question des possessions européennes des Amériques démontre l’extrême sensibilité américaine à toute déstabilisation de l’Hémisphère occidental (Western Hemisphere).


« Considérant

qu’au nom de la plus étroite unité du continent américain, il est impératif de régler les différends existant entre certaines nations américaines, la Seconde conférence des ministres des Affaires étrangères des républiques américaines prend la résolution de recommander au Conseil de l’Union panaméricaine d’organiser, dans la capitale américaine jugée la plus appropriée à cet effet, un comité de représentants de cinq États chargé de veiller constamment à ce que les États entre lesquels tout différend de quelque nature que ce soit existerait ou pourrait survenir, puissent le résoudre le plus rapidement possible, et de suggérer, sans préjuger des méthodes adoptées par les parties ou des procédures dont elles peuvent convenir, les mesures et démarches conduisant à un règlement.

Le comité soumettra un rapport à chaque réunion des ministres des Affaires étrangères et à chaque conférence internationale des États américains concernant l’état de ces conflits et les mesures qui ont pu être prises pour parvenir à un règlement.

La Seconde conférence des ministres des Affaires étrangères des républiques américaines

déclare :

que toute tentative d’un État non-américain contre l’intégrité ou l’inviolabilité du territoire, la souveraineté ou l’indépendance politique d’un État américain sera considérée comme un acte d’agression contre les États signataires de la présente déclaration.

qu’en cas d’actes d’agression ou s’il y a lieu de penser qu’un acte d’agression est en cours de préparation par une nation non-américaine contre l’intégrité ou l’inviolabilité du territoire, la souveraineté ou l’indépendance politique d’une nation américaine, les nations signataires de la présente déclaration se concerteront en vue de s’accorder sur la mesure qu’il conviendra de prendre.

Toutes les nations signataires, ou deux ou plusieurs d’entre elles, selon les circonstances, procéderont à la négociation des accords complémentaires nécessaires afin d’organiser la coopération pour la défense et l’assistance qu’elles se prêteront en cas d’agressions telles que celles visées dans la présente déclaration.»

The Avalon Project : Havana Meeting of Ministers of Foreign Affairs of the American Republics, July 21-30,1940

Y http://www.yale.edu/lawweb/avalon/decade/decad058.htm