La bataille de Hattin
« Comprenant que le seul moyen d’éviter la mort c’était de l’affronter, les Francs effectuèrent une série de charges qui auraient délogé de leurs positions les musulmans, pourtant tellement nombreux, si la grâce de Dieu ne les avait pas assistés. (…) Alors les survivants francs montèrent sur une colline du côté de Hattin où ils voulurent dresser leurs tentes et se défendre, mais vigoureusement attaqués de tous les côtés, ils (…) ne purent dresser qu’une seule tente, celle du roi. Les musulmans s’emparèrent de leur grande croix, appelée « La Vraie Croix », qui, disent-ils contient un morceau de bois sur lequel, selon eux, aurait été crucifié le Messie. Cette prise leur porta un coup très grave car elle les confirma dans la mort et le désastre. (…) On m’a dit que Al-Malik al-Afdal, fils de Saladin, avait raconté le récit suivant : « Je me trouvais au côtés de mon père dans cette bataille, la première que je voyais de mes yeux. Quand le roi des Francs se retira sur cette colline avec sa troupe, ils chargèrent d’une manière terrifiante les musulmans qui les affrontaient et les repoussèrent jusqu’à mon père. Je le vis, consterné et bouleversé, empoigner sa barbe et s’avancer en criant. « A bas le mensonge du démon ! » et les musulmans revenant à la contre-attaque repoussèrent les Francs sur la colline. « En les voyant reculer et les musulmans les talonner, je criais de joie : « Nous les avons battus ! » (…) Mais mon père se retourna et me dit : « Tais-toi ! Nous ne les aurons battus que lorsque s’abattra cette tente. » Et tandis qu’il parlait, la tente tomba. Le Sultan descendit de cheval, se prosterna et remercia Dieu en pleurant de joie. »
Ibn-al-Athir, XI, 351-355