Ce chant des suffragettes fut composé au lendemain des journées de février 1848 à Paris sur la musique de la Marseillaise. L’auteur est anonyme.

« Tremblez, tyrans portant culotte!
Femmes, votre jour est venu :
Point de pitié, mettons en note
Tous les torts du sexe barbu ! (bis)
Voilà trop longtemps que ça dure,
Notre patience est à bout.
Debout Vésuviennes, debout,
Et lavons notre vieille injure.

Refrain

Liberté sur nos fronts
Verse tes chauds rayons ;
Tremblez, tremblez, maris jaloux,
Respect aux cotillons !

L’homme, ce despote sauvage,
Eut soin de proclamer ses droits ;
Créons des droits à notre usage,
A notre usage ayons des lois !
Si l’homme en l’an quatre-vingt-treize
Eut soin de ne songer qu’à lui,
Travaillons pour nous aujourd’hui,
Faisons nous une marseillaise !

Refrain

Jusqu’à ce jour, dans ce triste monde,
Tout était borgne et de travers ;
Partout, sur la machine ronde,
La femme essuyait des revers ; (bis)
Qu’un pareil chaos se débrouille.
A nous battre le tambour !
et vous, messieurs, à votre tour,
Filez, filez notre quenouille.

Refrain

Combien de nous furent vexées
Depuis le matin jusqu’au soir !
Nos pauvres paupières lassées,
De pleurs étaient le réservoir (bis)
Prenons, prenons notre revanche,
Que le sexe battu jadis
Aujourd’hui batte les maris,
Ainsi, nous serons manche à manche.

Refrain

On dit qu’Eve, notre grand-mère,
N’avait chemise ni maillot;
Supprimons notre couturière,
Oui, la couturière est de trop. (bis)
La liberté, chaste amazone,
n’admet ni voiles ni verrous ;
A la barbe de nos époux
Luttons comme à Lacédémone. »

Le Journal des cotillons, Paris, juin 1848.