… Les enseignements des campagnes de Pologne et de France portaient tous leurs fruits. À nouveau, la manoeuvre allemande, après la conquête de la maîtrise de l’air, se développait par une action conjuguée de forces très importantes au premier échelon de l’offensive ; puis l’attaque était appuyée, au point faible de l’adversaire, par des colonnes blindées soutenues par l’aviation… »

Henri Michel, La Seconde Guerre mondiale, T.I. PUF, p.243.

Le 22 juin 1941, suite à l’attaque de l’URSS par Hitler (opération Barbarossa), Winston Churchill s’adresse aux Britanniques à la BBC. (extraits)

« Nous n’avons qu’un seul but, qu’un seul et irrévocable dessein. Nous sommes résolus à détruire Hitler et tous les vestiges du régime nazi. De cela rien ne nous détournera, absolument rien. Jamais nous ne parlementerons, jamais nous ne négocierons avec Hitler, ni avec personne de sa clique. Nous le combattrons sur terre, nous le combattrons sur mer, nous le combattrons dans les airs jusqu’à ce que, avec l’aide de Dieu, nous ayons débarrassé le monde de son ombre et libéré les peuples de son joug. Tout homme, toute nation qui poursuivra la lutte contre le nazisme aura notre appui. Tout homme, toute nation qui marchera avec Hitler sera notre ennemi (…). Telle est notre ligne de conduite et notre décision. Il s’ensuit que nous apporterons toute l’aide possible à la Russie et au peuple russe. Nous adjurerons tous nos amis et alliés dans toutes les parties du monde de choisir la même voie et de la suivre, comme nous le ferons nous-mêmes loyalement et résolument jusqu’au bout (…).
Il ne s’agit pas d’une guerre de classe, mais d’une guerre dans laquelle l’Empire britannique et le Commonwealth des nations sont engagés tout entiers, sans distinction de race, de croyance ou de parti. Il ne m’appartient pas de parler de l’action des États-Unis, mais je tiens à dire ceci : Si Hitler s’imagine que son agression contre la Russie soviétique causera la moindre divergence de desseins ou le moindre relâchement de l’effort chez les grandes démocraties qui ont résolu sa perte, il se trompe lamentablement. Au contraire, nous serons fortifiés et encouragés dans nos efforts pour délivrer le genre humain de sa tyrannie. Loin d’être affaiblis, notre résolution et nos moyens s’en trouveront renforcés.
Ce n’est pas l’heure de moraliser sur la folie des nations et des gouvernements qui se sont laissés abattre les uns après les autres, alors que, par l’union, ils auraient pu se sauver eux-mêmes et épargner au monde cette catastrophe. Mais lorsque, il y a un instant, je parlais de cette soif de sang et de ces horribles appétits qui ont poussé ou attiré Hitler dans son aventure russe, j’ai dit qu’il y avait derrière cet attentat un mobile plus profond. Il veut détruire la puissance russe, parce qu’il espère, s’il y réussit, pouvoir ramener de l’est le gros de ses armées et de ses forces aériennes et les précipiter contre notre île ; car il sait qu’il doit la vaincre ou subir le châtiment de ses crimes. Son invasion de la Russie n’est rien de plus qu’un prélude à une tentative d’invasion des îles Britanniques. Il espère, sans doute, que toute cette campagne pourra être achevée avant l’hiver, et qu’il pourra écraser la Grande-Bretagne avant qu’interviennent la flotte et la puissance aérienne des États-Unis. Il espère pouvoir rééditer une fois encore, sur une plus grande échelle que jamais, cette tactique consistant à détruire ses ennemis un à un, tactique qui lui a si bien et si longtemps réussi, et qu’enfin la scène sera libre pour le dernier acte, sans lequel toutes ses conquêtes seraient vaines — à savoir la soumission de l’hémisphère occidental à sa volonté et à son régime.
Aussi le péril de la Russie est notre péril et le péril des États-Unis, de même que la cause des hommes libres et des peuples libres dans toutes les parties du monde. Profitons des leçons qu’une si cruelle expérience nous a déjà enseignées. Redoublons d’efforts, et unissons nos forces pour frapper, tandis que nous sommes encore debout et forts. »

(extrait tiré de Winston Churchill, Mémoires sur la Deuxième guerre mondiale, vol III, Genève, Ed. La Palatine, 1950, pp.392-393).