IDEOLOGIES DE L’IMPERIALISME

Chaque pays a une approche idéologique de l’impérialisme qui lui est propre.

L’impérialisme britannique : Rule Britannia.

 » Une nation est comme un individu : elle a ses devoirs à remplir et nous ne pouvons plus déserter nos devoirs envers tant de peuples remis à notre tutelle. C’est notre domination qui, seule, peut assurer la paix. la sécurité et la richesse à tant de malheureux qui jamais auparavant ne connurent ces bienfaits. C’est en achevant cette oeuvre civilisatrice que nous remplirons notre mission nationale, pour l’éternel profit des peuples à l’ombre de notre sceptre impérial (…)

Cette unité (de l’Empire) nous est commandée par l’intérêt : le premier devoir de nos hommes d’Etat est d’établir à jamais cette union sur la base des intérêts matériels (…)

Oui, je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connues, en cette race anglo-saxonne, fière, tenace, confiante en soi, résolue que nul climat, nul changement ne peuvent abâtardir et qui infailliblement sera la force prédominante de la future histoire et de la civilisation universelle (…) et je crois en l’avenir de cet Empire, large comme le monde, dont un Anglais ne peut parler sans un frisson d’enthousiasme (…) « 

Discours de Joseph CHAMBERLAIN, ministre des colonies en 1895.

Ave Imperatrix

Ce poème, écrit par Rudyard Kipling (Bombay 1865 – Londres 1936) en 1882, veut rassurer à la suite d’un attentat manqué contre la reine Victoria et rendre hommage à celle qui fut proclamée Impératrice des Indes le 1er janvier 1876.

« Ave Imperatrix

Du fin fond de tes possession,
On rend grâce à dieu d’avoir détourné
La main du misérable fou
Porteur de mort, qui Te menaçait ce jour-là.

La cohorte de tous ces hommes dont le destin
Est de réaliser leur voeu le plus cher,
Se battre pour l’amour de Celle qui nous gouverne,
Et qui risqueront leur vie dans ce combat.

Ces hommes T’envoie leurs voeux humbles et sincères,
Par ma pauvre plume, modeste et rude,
A Toi, la plus grande et la plus cher,
Victoria, notre Reine par la grâce de dieu.

Ce sont les voeux de ces hommes
Dont les pères ont affronté les hordes des Cipayes
T’ont servie dans les neiges russe,
Et, en mourant, ont légué leurs épées à leurs fils.

Certains d’entre nous ont déjà combattu pour Toi
Dans les passes de l’Afghanistan,
Là où les fumées des cartouches s’effilochaient
Au-dessus des tireurs Boers tapis dans l’herbe.

Tous ont été dressés à faire Ta volonté,
Sur la mer et sur Terre. Partout où flotte
Le drapeau, ils sont prêts à combattre, à servir encore,
A travailler aux destinées de Ton Empire.

Tiré de J.Bouillon et coll., « Le XIXe siècle et ses racines », histoire /seconde, édition Bordas, Paris, 1981, p.348

Union commerciale et union politique

Problèmes posés par la politique de CHAMBERLAIN, lors d’un banquet donné en l’honneur de l’achèvement du chemin de fer du Natal au Transvaal

 » Depuis son avènement au ministère des Colonies en juillet 1895, M. Chamberlain n’a pas négligé une occasion de proclamer qu’il y a urgence à resserrer les liens qui unissent entre elles les diverses parties de l’Empire… Au mois de novembre 1895, il déclarait dans un toast que les colonies et la métropole ont « une origine commune, une littérature commune, un amour commun de la liberté et de la loi, des principes communs à affirmer, des intérêts communs à préserver. » Plus récemment encore, dans un discours prononcé au Congrès des chambres de commerce de l’Empire britannique, dont il était le président d’honneur, M. Chamberlain s’exprimait ainsi: « Insensiblement, les liens entre nous se fortifient et se multiplient. Depuis longtemps, vous, messieurs, qui venez des colonies, vous avez été l’objet de nos pensées ; aujourd’hui nous nous voyons. Vos demandes, vos désirs, les ressources de vos divers pays, votre état politique, tout cela nous est aussi familier que si nous étions tous citoyens des provinces d’un même royaume, ou des Etats d’une véritable fédération impériale. Je crois qu’une connaissance plus approfondie doit tendre à compléter notre entente et qu’elle fera entrer dans le domaine de la politique pratique ce magnifique rêve qui a enchanté tous les plus grands et les plus patriotes de nos hommes d’Etat, aussi bien dans la métropole qu’aux colonies, ce rêve de nous voir réaliser une union au sein de laquelle des Etats libres, jouissant chacun de leurs institutions indépendantes seront cependant inséparablement unis pour la défense d’intérêts communs et l’accomplissement d’obligations réciproques, et seront attachés les uns et les autres par les liens de l’affection, dui sang et de la religion. (…) Pour atteindre ce but, la première étape, c’est de réaliser l’union commerciale de l’Empire ; lorsqu’une fois cette union sera faite, il existera naturellement un conseil commun pour en surveiller le fonctionnement ; ce conseil devra examiner toutes les questions relatives aux voies de communication et aux lois commerciales intéressant l’empire entier ; il aura même à s’occuper de tout ce qui regarde la défense de l’empire, car cette défense n’est autre chose que la protection du commerce impérial.
…L’établissement d’une union commerciale à travers l’empire entier ne serait pas seulement le premier pas, mais un grand pas, le pas décisif…Mais comment s’y prendra-t-on ? Nous nous trouvons en présence de trois projets : le premier consiste dans l’adoption pure et simple par les colonies du libre-échange britannique ; le second dans l’établissement de droits différentiels favorisant légèrement les produits de la métropole aux dépens des produits étrangers… un troisième projet est l’institution d’un véritable « Zollverein » impérial qui établirait le libre-échange ou un régime très voisin dans l’intérieur de l’empire, mais laisserait chacun de ses membres libres de traiter comme il lui conviendrait les marchandises importées des pays étrangers .. »

 

Impérialisme et patriotisme d’après Joseph Chamberlain

Document 1 :

« Alors que je cheminais au travers de l’Angleterre, en route pour les Etats-Unis, et de nouveau en franchissant les frontières des Dominions, il y eut une idée qui s’imposa à moi à chaque pas, une idée qui est écrite de façon indélébile à la surface de ce vaste pays. Cette idée, c’est la grandeur et l’importance du destin réservé à la race anglo-saxonne (applaudissements), à cette espèce fière, obstinée, sûre d’elle-même, résolue, qu’aucun changement de climat ou d’environnement ne peut altérer, et qui est sans doute promise à être la force prédominante dans l’histoire future et la civilisation du monde (applaudissements renouvelés). On dit que patriotisme bien ordonné commence par soi-même. Je suis un Anglais, je suis fier du vieux pays dont je suis issu. Je ne néglige pas ses glorieuses traditions ou le valeur de ses institutions, façonnées qu’elles ont été par des siècles de nobles comportements (applaudissements).

Mais je penserais que notre patriotisme est à coup sûr rabougri et anémié s’il ne s’étendait pas à la Plus Grande-Bretagne, au-delà des mers (nombreux « bravo !, bravo ! »), s’il n’incluait pas les jeunes et vigoureuses nations qui transportent aux quatre coins du monde la pratique de la langue anglaise et l’amour bien anglais de la liberté et de la loi ; et, Messieurs, compte tenu de ces sentiments, je ne peux me résoudre à considérer les Etats-Unis d’Amérique comme une nation étrangère (applaudissements). Nous sommes du même sang, de la même race. Je me refuse à établir la moindre distinction entre les intérêts des Anglais en Angleterre, au Canada et aux Etats-Unis. Nous pouvons dire, avec tout le respect dû à ces peuples, ces nations jeunes ou vieilles : Notre passé est le leur, leur futur est le nôtre. Même si nous le voulions, nous ne pourrions briser les liens invisibles qui nous unissent. Vos ancêtres célébraient leur culte sur nos autels. Ils reposent à l’ombre de nos églises. Ils ont contribué à façonner nos institutions, notre littérature, nos lois. Tout ceci, c’est notre héritage tout autant que le vôtre. Si vous vouliez le renier, votre accent, vos attitudes, votre façon de vivre, tout ce combinerait pour le dénoncer.»

Discours de Toronto, 12 décembre 1887.

Document 2 :

« Je me réjouis du fait que ce qui était, à l’époque, « une voix prêchant dans le désert » est maintenant devenue la volonté exprimée et déterminée de la très grande majorité du peuple britannique. Grâce, en partie, aux efforts de cet institut et d’organisations semblables, en partie aux écrits d’hommes tels que Froude et Seeley, mais principalement grâce au patriotisme et au bon sens inné du peuple dans son ensemble, nous sommes arrivés maintenant au troisième niveau de notre histoire, et à la vraie conception de notre Empire.

Quelle est-elle ? En ce qui concerne les colonies dotées d’autonomie, nous ne pensons plus à elles comme des dépendances. Ce ne sont plus des possessions, mais bel et bien une famille. Nous pensons à elle, et nous en parlons, comme d’une partie de nous-mêmes, une partie de l’Empire britannique, unie à nous par des liens familiaux, de religion, d’histoire, de langage, même si elles sont dispersées aux quatre coins du monde ; les mers qui autrefois semblaient nous séparer, maintenant nous rassemblent.

Mais l’Empire britannique ne se résume pas aux colonies dotées d’autonomie et au Royaume-Uni. Il incorpore une surface bien plus vaste, une population bien plus nombreuse, sous des climats tropicaux, où aucune colonisation n’est possible par les Européens, et où la population locale dépassera toujours en nombre la population blanche ; et là aussi, l’idée impériale a connu le même changement. Là aussi, le sentiment de possession a cédé la place à un sentiment différent, celui d’obligation. Nous entons maintenant que notre contrôle sur ces territoires ne peut se justifier que si nous pouvons montrer qu’il ajoute au bonheur et à la prospérité de ces peuples, et je maintiens que notre gouvernement a bel et bien apporté la paix et à la sécurité et une prospérité relative aux pays qui n’avaient jamais connu ces bienfaits auparavant. »

Discours au Royal Colonial Institute, Londres 31 mars 1897. Cités par Philippe Chassaigne, La Grande-Bretagne et le monde de 1815 à nos jours, A. Colin, 2003, pp.115-116.

 

Un seul souffle, un seul drapeau, une seule flotte, un seul Trône

Discours de Joseph Chamberlain du 21 janvier 1896.

Discours prononcé quelques jours après l’échec du raid Jameson et le message de soutien de Guillaume II au président Krüger.

« J’oserai dire que l’on a tendance à attacher beaucoup trop d’importance à des événements sensationnels qui sont éphémères et passent sans laisser de trace, et pas assez à la ligne générale de la politique britannique et au courant général de progrès colonial. J’ai même entendu des gens dire que nous n’avions jamais eu de politique coloniale, que nous nous étions simplement installés par mégarde dans tous les meilleurs coins de la terre. J’admets que nous avons commis des fautes. Sans aucun doute nous avons été coupables de péchés de domination comme de péchés d’omission. Mais cela étant dit, il reste que, seuls parmi toutes les nations du globe, nous avons été capables de fonder et de conserver des colonies dans les conditions les plus diverses et dans toutes les régions du monde ; nous avons protégé à la fois leurs intérêts et les nôtres ; nous nous sommes assurés non seulement le loyal attachement de tous les citoyens britanniques, mais encore la sympathie de toutes les races – indigènes aussi bien qu’européennes – vivant à l’ombre du drapeau britannique…

Il y a quelques semaines l’Angleterre paraissait isolée dans le monde, entourée de concurrents jaloux en même temps que d’une hostilité inattendue. Des différends anciens entre les autres nations et nous-mêmes revenaient soudain à la surface et prenaient des proportions menaçantes ; des pays dont nous aurions pu attendre amitié et considération – compte tenu de nos traditions et d’une certaine communauté d’intérêt – se dressaient face à nous avec défi, presque avec haine. Il nous a fallu constater que nos succès eux-mêmes, si légitimes qu’ils fussent, nous étaient reprochés comme des crimes ; que notre amour de la paix était pris comme un signe de faiblesse ; que notre indifférence aux critiques venues de l’étranger était interprétée comme une invitation à nous insulter (…). Je regrette que de tels sentiments puissent exister que nous devions constater leur existence, mais puisqu’ils existent, je préfère qu’ils se soient exprimés. On ne pouvait rendre un meilleur service à notre pays, car cela lui a permis de montrer, à la face du monde, que si nous sommes résolus à remplir nos obligations, nous ne sommes pas moins décidés à faire respecter nos droits.

(…) Comment se présente [la mère-patrie de l’empire] aujourd’hui ? Elle se présente en sécurité, dans toute sa force et sa puissance, avec la ferme détermination de tout son peuple sans distinction de parti, et avec la loyauté surabondante de ses enfants d’une extrémité de l’Empire à l’autre. (…) une preuve que les cœurs britanniques battent à l’unisson à travers le monde entier, quelle que soit la distance qui les sépare.

Cultivons donc ces sentiments. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer nos relations commerciales, pour coopérer dans une défense mutuelle, et alors aucun de nous ne se sentira isolé ; nulle portion de l’Empire ne sera seule aussi longtemps qu’elle pourra compter sur l’intérêt commun de tous pour son bien-être et sa sécurité. Tel est l’enseignement que j’ai tiré des événements récents. Telle est la leçon que je souhaite inculquer à mes concitoyens.

« Un seul souffle, un seul drapeau, une seule flotte, un seul Trône ! »

cité dans Penser le XXe siècle, Séminaire de l’Université de Genève, Département d’histoire, Genève, 2000, p. 10

Liberty

« Le but suprême de l’Empire britannique est l’expansion progressive de la liberté parmi tous les sujets de Sa Majesté dans quelque partie du monde qu’ils vivent. Cette expansion de la liberté est un processus lent, en devenir. Dans certains pays, il se manifeste plus vite que dans d’autres. (…) Dans les dominions, ce processus d’évolution a été mené à terme, et s’est terminé. A l’intérieur de l’empire colonial, le processus est toujours en cours. (…) Cela pourra prendre des générations, ou même des siècles, avant que les peuples de certaines parties de l’empire colonial puissent atteindre le self-government. Mais c’est un élément fondamental de notre politique, même pour les peuples les plus attardés d’Afrique, de les enseigner et de les encourager toujours à se rendre capables de se tenir un peu plus sûrement sur leurs jambes. »

Malcolm MacDonald, discours aux Communes, le 7 décembre 1938.

L’impérialisme français : Civilisation et revanche.

« La connaissance de notre histoire et de nos aptitudes nationales démontre jusqu’à l’évidence que la France a reçu le mandat de révolutionner le monde. »

Dr Bodichon, Etudes sur l’Algérie et l’Afrique.

« Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l’extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l’appât du gain ? Cette nation généreuse dont l’opinion régit l’Europe civilisée et dont les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l’émancipation, de l’appel à la lumière et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l’ignorance et du despotisme. Eteindra-t-elle en ses mains le flambeau de la civilisation vis-à-vis des ténèbres profondes de l’Annam ? »

Francis Garnier, futur conquérant du Tonkin, La Cochinchine française en 1864 , E. Dentu éd., 1864, pp. 44-45 (cité par Jacques Bouillon et coll., Le XIXe siècle et ses racines , histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 347)

« 40 millions de Français concentrés sur notre territoire ne sont guère suffisants pour faire équilibre aux 51 millions d’Allemands que la Prusse réunira peut-être sur notre frontière, et à la population croissante de la Russie dans un avenir un peu plus éloigné; (…)
(…) nous avons encore cette chance suprême, et cette chance s’appelle d’un nom qui devrait être plus populaire en France, l’Algérie. (…)
Puisse-t-il venir bientôt ce jour où nos concitoyens, à l’étroit dans notre France africaine, déborderont sur le Maroc et la Tunisie, et fonderont enfin cet empire méditerranéen qui ne sera pas seulement une satisfaction pour notre orgueil, mais sera certainement, dans l’état futur du monde, la dernière ressource de notre grandeur ! »

L. Prévost-Paradol, journaliste libéral, La France nouvelle , 1868. (cité par Jacques Bouillon et coll., Le XIXe siècle et ses racines , histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 353)

«La politique coloniale est fille de la politique industrielle »

« (…) Il n’y a pas de colonisation sans foi dans le lendemain, et ce qui manque le plus à nos pionniers d’Indo-chine, c’est la confiance dans la mère patrie.

(…) Croit-on rehausser de la sorte le renom de la démocratie française, et n’entend-on pas, de tous les coins de l’Europe monarchique, ce murmure dédaigneux et ces doutes qui s’élèvent sur l’aptitude du gouvernement républicain aux entreprises de longue portée qui exigent un esprit de suite, de la patience et du bon sens ? (…)

La France républicaine ne saurait commettre une plus grande faute que se renfermer dans un isolement découragé ou menaçant. Elle n’y gagnerait ni en sécurité ni en dignité, ni en puissance. (…)

Il n’y a plus d’Europe, dit-on ; mais ne voit-on pas que c’est justement notre faiblesse ? Notre intérêt est qu’il y ait encore une Europe, et d’être partout où elle se rassemble. Délibérant sans nous, il y aurait péril que ce fût contre nous. (…) C’est pourquoi nous n’avons fait aucune difficulté de prendre notre part d’initiative et de direction dans la conférence africaine de 1884, destinée à régler pacifiquement la répartition progressive du continent noir entre les puissances européennes. Et la France n’en est pas revenue les mains vides. Dans le même temps, la diplomatie française avait pu grouper dans la question d’Egypte les trois grands Empires du continent, la Russie en tête, marchant d’accord avec la France. (…) La question du canal de Suez se posait devant le concert européen reconstitué, en face de l’Angleterre, engagée par ses promesses. Derrière la neutralisation du canal, l’Egypte neutralisée apparaissait en perspective. (…)

Quand à la doctrine de l’effacement, elle a donné sa mesure en 1882, le jour où la Chambre des députés, sous la parole ardente de M. Clemenceau, laissa l’Angleterre seule en Egypte en tête à tête avec le khédive. Ce fut là un grand naufrage ! (…) Et lorsque le drapeau britannique flottera sur toute la vallée du Nil, (…) la légèreté française comprendra peut-être quel dommage irréparable il a été fait à notre avenir, à notre race, à nos droits dans le monde par une politique à courte vue. (…)

Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. (…) De 1815 à 1850, l’Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. L’expérience d’Alger n’était, à l’origine, qu’un acte de haute police méditerranéenne. Les archipels de l’océan Pacifique, les rivages de l’Afrique occidentale se colonisent pied à pied, timidement, et comme par hasard : c’était l’époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd’hui, ce sont les continents que l’on annexe, c’est l’immensité que l’on partage, et particulièrement ce vaste continent noir (…) sur lequel la diplomatie d’aujourd’hui trace avec une activité fiévreuse ce qui s’appelle , en jargon moderne, « la limitation des sphères des intérêts respectifs ». (…)

La politique coloniale est fille de la politique industrielle. Pour les Etats riches, où les capitaux abondent et s’accumulent rapidement, où le régime manufacturier est en voie de croissance continue, attirant à lui la partie sinon la plus nombreuse, du moins la plus éveillée et la plus remuante de la population qui vit du travail de ses bras (…) l’exportation est un facteur essentiel de la prospérité publique, et le champ d’emploi des capitaux, comme la demande de travail, se mesure à l’étendue du marché étranger. (…) »

extraits de Jules FERRY, «La politique coloniale est fille de la politique industrielle » , Préface du Tonkin et la mère patrie, avril 1890

Colonisation : indigènat ou citoyenneté ? Arthur Girault et Henri de Kérillis

Classique de la formation des administrateurs, « le Girault », paru en 1897, fut réédité à plusieurs reprises. De Kérillis est quant à lui une figure particulière de la droite modérée des années vingt-trente et l’animateur du Centre des républicains nationaux, connu pour ses affiches anticommunistes. Il livre le fond de sa pensée dans un récit de voyage en apparence anodin. On y retrouve certains thèmes du Tintin au Congo paru quelques années plus tard. Les deux textes abordent la question de l’égalité aux colonies.

« Les Européens accomplissent une œuvre patriotique (…) Ce serait dès lors une injustice suprême que de les récompenser en leur faisant subir une sorte de capitis diminutio (…) C’est là une règle de justice (…) proclamée chez nous avec une énergie remarquable et par l’Ancien Régime et par la Révolution. »

Arthur Girault, Principes de législation coloniale, Paris, 1894, 1927, p. 101

« On touche là de près aux fameux principes qui ont longtemps guidé notre politique coloniale, à cette manie de l’égalisation, thème chéri des orateurs officiels – Vouloir amener brusquement les noirs à nos conceptions sociales, prétendre leur imposer nos sentiments de solidarité humaine, et partant nos méthodes politiques, c’est plus que se leurrer d’espoir. Nos pères de 1848 nous ont légué l’héritage de l’assimilation et du citoyennat indigène. Réjouissons nous que l’étendue restreinte de nos colonies d’alors, Sénégal, Guadeloupe, Martinique, ait limité une expérience dont la tranquillité de ces colonies – ainsi qu’on peut en juger spécialement en cette période électorale – se ressent encore… L’exemple de la république de Libéria, des républiques d’Haïti et de Saint-Domingue, les histoires sanglantes du général Soulouque (…), en soulevant tantôt l’horreur, tantôt la gaieté européennes, ont montré d’ailleurs en plein dix-neuvième siècle (…) la faillite définitive du système. Les institutions modernes appliquées brutalement en pays noir, sont d’un effet aussi ridicule que les accoutrements européens et les chapeaux haut de forme sur les pauvres sauvages de l’intérieur. Et elles sont dangereuses…(…). Des siècles d’apprivoisement sont nécessaires avant d’assimiler ».

Henri de Kérillis, De l’Algérie au Dahomey en automobile, Voyage effectué par la seconde mission Gradis, 13 novembre-14 décembre 1924, Plon, 1925, p. 150-151 dans D. Chathuant, « Gratien Candace : une figure de la vie politique française. 1ère partie : la IIIe République (1900-1940) », in Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, n°134, 2003, p. 27-102.

Ces auteurs acceptent-ils le principe d’égalité pour les habitants des colonies ?- Comment justifient-ils leurs opinions sur ce sujet ? Quel principe évident semble sous-jacent dans l’opinion de de Kérillis ? – Pour quelle raison historique les habitants des vieilles colonies ont-ils pu bénéficier du suffrage universel et de la citoyenneté ?

Assimilation ou refoulement

« Quant aux indigènes, [l’assimilation] peut leur être soit favorable, soit défavorable : dans tous les cas, il tend à modifier considérablement leur situation antérieure. Que si l’on espère pouvoir leur inculquer nos idées et nos mœurs, alors on travaille avec ardeur à en faire des Français comme les autres : on les instruit, on leur accorde le droit de suffrage, on les habille à l’européenne, on substitue nos lois à leurs coutumes, on poursuit en un mot l’assimilation des indigènes. Mais si on désespère d’arriver à ce résultat, s’ils se montrent réfractaires à notre civilisation, alors, pour les empêcher de jeter une note discordante au milieu de l’uniformité générale, on les extermine et on les refoule. »

Arthur Girault, Principes de colonisation et de législation coloniales, 1927.

Colonisation et Droits de l’homme

« [La] puissance coloniale [de la France] est un de ces éléments fondamentaux, dans le présent et dans l’avenir. (…) L’honneur de la colonisation française est précisément d’avoir totalement transfiguré l’esprit de l’entreprise coloniale, en la pénétrant du sens profond du droit humain. La colonisation n’est plus pour la France une opération à caractère mercantile, elle est essentiellement une création d’humanité si le colonisateur a le droit évident d’en recueillir de légitimes avantages, il considère – c’est la doctrine française – qu’elle n’est pas simplement un enrichissement universel, profitant à l’ensemble du patrimoine mondial, (…) à la fois la richesse morale et la richesse matérielle ; cet enrichissement d’humanité doit être fait et poursuivi dans l’acceptation et avec la collaboration des races que le colonisateur gouverne et qu’il a pour premier devoir d’accroître en valeur et en dignité humaine. (…) »

Albert Sarraut, Discours à Constantine (Algérie), le 23 avril 1927, paru dans Le Petit Parisien.

L’impérialisme allemand : L’espace vital et pangermanisme.

« Un peuple a besoin de terre pour son activité, de terre pour son alimentation. Aucun peuple n’en a autant besoin que le peuple allemand qui se multiplie si rapidement, et dont le vieil habitat est devenu dangereusement étroit. Si nous n’acquérons pas bientôt de nouveaux territoires, nous irons inévitablement à une effrayante catastrophe. Que se soit au Brésil, en Sibérie, en Anatolie ou dans le sud de l’Afrique, peu importe, pourvu que nous puissions à nouveau nous mouvoir en toute liberté et fraîche énergie, pourvu que nous puissions à nouveau offrir à nos enfants de la lumière et de l’air d’excellente qualité et quantité abondante. »

Albrecht Wirth, Volkstum und Weltmacht in der Geschichter, 1904.

« La question des indigènes doit être résolue uniquement dans le sens de l’évolution naturelle de l’histoire universelle, c’est-à-dire que la moralité supérieure doit avoir le pas sur la civilisation inférieure. L’Etat moderne, en tant que puissance coloniale, commet vis-à-vis de ses sujets le plus grand des crimes, lorsque se laissant hypnotiser et dominer par de confuses idées humanitaires, il épargne aux dépens de ses propres nationaux des races nègres vouées à disparaître. »

Discours de Kopsch au Reichstag.

Colonialisme, nationalisme et militarisme

Guillaume II : le discours sur les Huns.
Au cours du soulèvement des Boxers, en Chine, le représentant allemand est assassiné, et la sécurité des Européens est menacée. Guillaume II obtient qu’un corps expéditionnaire international soit envoyé sous le commandement d’un général allemand. À Bremerhaven, le 27 juin 1900, il harangue les troupes avant leur départ pour la Chine.
« L’Empire allemand, pour la première fois depuis sa restauration, se voit assigner de grandes tâches outre-mer, missions qui sont beaucoup plus importantes que nombre de nos compatriotes ne s’y attendaient. En effet, l’Empire restauré se doit désormais de défendre les intérêts de ses frères vivants à l’étranger lorsqu’ils sont menacés. Les charges que l’ancien Empire romain germanique ne pouvaient assumer nous incombent de nouveau mais le nouvel Empire allemand peut les assumer grâce à son organisation militaire.

Le dur labeur accompli durant trente années de paix a permis la formation de centaines de milliers d’Allemands au service des armes, selon les principes établis par mon grand-père, d’éternelle mémoire, principes dont l’excellence a été confirmée par trois guerres glorieuses. C’est à vous maintenant de prouver à l’ennemi l’excellence de la voie dans laquelle nous nous sommes engagés en matière militaire. Vos camarades de la marine nous ont déjà prouvé notre supériorité militaire, à vous maintenant de marcher sur leurs traces. Ce sont nos soldats qui ont reçu les plus hautes louanges de la bouche de dirigeants étrangers, et ce n’est pas pour nous un moindre motif de fierté.

Aujourd’hui, je vous confie une mission de la plus haute importance : celle de faire expier une grave injustice ! Car les Chinois ont osé fouler aux pieds les principes antiques et millénaires du droit international, et railler les devoirs sacrés de l’hospitalité ; ils se sont conduits d’une manière abominable. On n’a jamais vu, dans l’histoire du monde, perpétrer de tels actes, et pourtant le peuple qui les a commis s’enorgueillit d’une civilisation plusieurs fois millénaire ! Voilà les fruits d’une civilisation qui n’est pas fondée sur le fertile terreau du christianisme ; toute culture païenne, aussi belle et raffinée soit-elle, succombera dès la première épreuve.
C’est donc pour que soit prouvée notre antique valeur prussienne que je vous envoie ; pour que soient prouvés notre sens du sacrifice, notre bravoure, et notre endurance joyeuse dans les tribulations, enseignés par le christianisme ; enfin, pour l’honneur de nos armes et la gloire de nos drapeaux !

Soyez des exemples de force virile et de discipline, de dépassement et de maîtrise de soi. L’ennemi que vous aurez à combattre est aussi brave et aussi habile que vous, bien armé et bien équipé. Mais vous allez venger la mort de notre représentant, celle de nos compatriotes mais aussi celle de nombreux autres Européens ! Sus à l’ennemi, écrasez-le ! Pas de pitié ! Pas de prisonniers ! Celui qui vous tombera sous la main est un homme mort : il y a mille ans, les Huns du roi Attila se sont fait un nom qui retentit formidablement aujourd’hui encore dans les mémoires et les contes ; que le nom des Allemands acquière en Chine la même réputation, pour que jamais plus un Chinois n’ose même regarder un Allemand de travers !

Vous aurez à combattre des forces supérieures en nombre ; mais nous y sommes habitués, notre histoire militaire le prouve. L’histoire du Prince Électeur et l’histoire de votre régiment vous l’ont appris. Couvrez vos drapeaux d’une gloire nouvelle ! L’esprit du Seigneur soit avec vous ! Les prières des vôtres, de tout un peuple, vous accompagnent sur tous vos chemins !

Je forme moi-même les meilleurs voeux pour que le sort soit favorable à vos armes ! Vous accomplirez des exploits en tous lieux ! Que Dieu bénisse vos drapeaux, qu’il bénisse cette guerre, pour que le christianisme pénètre dans ce pays, afin que des faits aussi lamentables ne se reproduisent jamais plus ! Vous m’en avez fait le serment, sur vos drapeaux !

Et maintenant, bon voyage !

Adieu [en français dans le texte] , Camarades ! »

Paru dans le Nordwestdeutsche Zeitung le 28 juillet 1900.

L’impérialisme russe : Le panslavisme.

Un rappel : le testament de Pierre le Grand Copie remise par le chevalier d’Eon à Louis XV, en 1757

« Au nom de la Très Sainte et Indivisible Trinité, Nous Pierre, Empereur et autocréateur de toute la Russie, déclarons à tous nos descendants et successeurs au trône et gouvernement de la nation russienne.(…)

8. S’étendre sans relâche vers le nord, le long de la Baltique, ainsi que vers le sud, le long de la mer Noire. (…)

10. Rechercher et entretenir avec soin l’alliance de l’Autriche; appuyer en apparence ses idées de royauté future sur l’Allemagne, et exciter contre elle, par-dessous main, la jalousie des princes. Tâcher de faire réclamer des secours de la Russie par les uns ou par les autres, et exercer sur le pays une espèce de protection qui prépare la domination future.

11. Intéresser la maison d’Autriche à chasser le Turc de l’Europe, et neutraliser ses jalousies lors de la conquête de Constantinople, soit en lui suscitant une guerre avec les anciens États de l’Europe, soit en lui donnant une portion de la conquête qu’on lui reprendra plus tard.

12. S’attacher à réunir autour de soi tous les Grecs désunis ou schismatiques qui sont répandus, soit dans la Hongrie, soit dans la Turquie, soit dans le midi de la Pologne; (…) ce seront autant d’amis qu’on aura chez chacun de ses ennemis. »

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« Le 19 mai 1891, à Vladivostok, l’héritier tsarévitch, actuellement empereur régnant, daigna charger lui-même une brouettée de terre et posa la première pierre du grand chemin de fer transsibérien.
L’activité du Comité (chargé d’exécuter les travaux) s’étendait :
1. à la construction de la ligne;
2. aux mesures à prendre pour animer ses relations commerciales avec le continent asiatique;
3. aux moyens de peupler le rayon du chemin de fer sibérien et de régulariser le mouvement de colonisation et d’émigration en Orient.
Les succès commerciaux dépassèrent de beaucoup les espérances. … Toutes les mesures prises témoignent de la grande force du peuple grand-russien slave qui est destiné à servir de guide au christianisme et à la civilisation de l’Orient asiatique. »

Extrait d’un guide du chemin de fer transsibérien paru en 1900.

La continuité soviétique

« Nous ne pouvons pas nous passer du pétrole de l’Azerbaïdjan, ni du coton du Turkestan. Nous prenons ces produits, qui nous sont nécessaires, non comme les prenaient les anciens exploiteurs, mais comme des frères aînés qui portent le flambeau de la civilisation. »

Zinoviev, Discours au Soviet de Petrograd, 17 septembre 1920.

Impérialisme des Etats-Unis : Contre l’impérialisme européen.

La doctrine de Monroë, 1823.

« Nous avons jugé le moment favorable pour proclamer un principe : les Etats des continents américains qui ont décidé d’être libres et de maintenir leur indépendance, ne doivent plus désormais être considérés comme de futures colonies par n’importe quelle puissance européenne. … Nous sommes nécessairement plus intéressés par ce qui se passe sur notre hémisphère…. Nous devons de ce fait, aux relations sincères et amicales qui existent entre les Etats-Unis et les puissances européennes, affirmer que nous ne tolérerions aucune tentative de leur part pour étendre leur système politique à une partie de cet hémisphère et que nous les considérerions comme dangereuses pour notre paix et notre sécurité.
Pour ce qui est des colonies et des territoires dépendant d’une puissance européenne, nous n’avons pas à intervenir et nous n’interviendrons pas. Mais à l’égard des gouvernements qui ont déclaré leur indépendance et qui l’ont maintenue, à l’égard de ceux dont nous avons reconnu l’indépendance, nous ne verrions dans toute intervention d’une puissance européenne qui n’aurait d’autre but que de les opprimer, que manifestation inamicale envers les Etats-Unis. »

A la fin du XIXe siècle, discours du président des USA, Theodore Roosevelt (avril 1899).

« Si nous devons être vraiment un grand peuple, nous devons nous efforcer de bonne foi de jouer un grand rôle dans le monde. En 1898, nous ne pouvions éviter d’être mis face à face au problème de la guerre avec l’Espagne. Il en est de même maintenant. Nous ne pouvons éviter les responsabilités qui nous incombent à Hawaï, Cuba, Porto-Rico et aux Philippines.
Nous ne pouvons rester entassés confusément à l’intérieur de nos frontières et avouer que nous ne sommes qu’un assemblage de revendeurs à leur aise qui n’ont cure de ce qui arrive au-dehors. Une telle politique manquerait même son propre but; car, puisque les nations arrivent à avoir des intérêts de plus en plus larges et sont amenées de plus en plus étroitement en contact, si nous voulons tenir notre rang dans la lutte pour la suprématie navale et commerciale, nous devons construire notre puissance en dehors de nos propres frontières. Nous devons construire le canal isthmique , et nous devons saisir les positions avantageuses qui nous rendront capables d’avoir notre mot à dire pour décider la destinée des océans de l’Est et de l’Ouest.
Voilà pour le côté commercial. Du point de vue de l’honneur international, l’argument est encore plus fort. Les canons qui tonnent sur Manille et Santiago nous ont laissé des échos de gloire, mais il nous ont laissé aussi un legs de devoir. Si nous n’avons expulsé une tyrannie médiévale que pour faire place à une sauvage anarchie, nous aurions mieux fait de ne pas commencer du tout cette tâche. Les problèmes sont différents pour les différentes îles. Porto-Rico n’est pas assez grande pour rester isolée. Nous devons la gouverner sagement et bien, surtout dans l’intérêt de son propre peuple. Cuba est, à mon avis, en droit de décider pour elle-même en dernier ressort si elle sera un Etat indépendant ou une portion intégrante de la plus puissante des Républiques. Mais, jusqu’à ce que l’ordre et la liberté stable soient procurés, nous devons rester dans l’île pour les y assurer. Les Philippines présentent un problème plus grave encore. Beaucoup de leurs habitants sont absolument incapables de self-government. J’ai peu de patience pour ceux qui craignent d’entreprendre la tâche de gouverner les Philippines, et qui avouent ouvertement qu’ils craignent de l’entreprendre ou qu’ils s’y dérobent à cause de la dépense et des embarras; mais j’ai encore moins de patience pour ceux qui couvrent et masquent leur timidité d’un prétexte d’humanitarisme et qui parlent d’un ton cafard de liberté et de consentement des gouvernés. Leurs doctrines, si on les mettait à exécution, nous forceraient à laisser les Apaches de l’Arizona opérer leur propre salut et à décliner toute intervention dans une seule réserve indienne. Leurs doctrines condamnent vos ancêtres et les miens pour s’être établis dans ces Etats-Unis.
La première oeuvre à faire, et la plus importante, est d’établir la suprématie de notre drapeau. Nous devons combattre la résistance armée avant de pouvoir accomplir rien d’autre, et il ne doit y avoir ni pourparlers, ni hésitation, dans nos rapports avec notre ennemi. (…)
Je vous prêche donc, mes concitoyens, que notre pays ne demande pas la vie d’aise mais la vie d’effort intense. Le XXe siècle se lève obscurément devant nous, gros du destin de bien des nations. Si nous nous tenons là indolemment…, si nous nous dérobons aux âpres rivalités où il faut que les hommes triomphent au péril de leurs vies et au risque de tout ce qui leur est cher, alors les peuples plus audacieux et plus forts nous dépasseront et gagneront pour eux-mêmes la domination du monde. »

extraits de Theodore Roosevelt, La vie intense, Flammarion, 1904.

L’impérialisme japonais : Nationalisme et militarisme.

Divers articles, livres ou tracts, diffusés par les associations impérialistes, exaltent la vocation impérialiste d’un Japon mobilisé autour de l’Empereur, lui-même étroitement contrôlé par le clan militaire :

« Notre nation a non seulement le droit de se défendre, mais aussi celui de défendre les autres nations contre des puissances oppressives. Elle a le droit d’engager des hostilités pour ces questions d’actualité que sont l’intégrité territoriale de la Chine et l’indépendance de l’Inde. Et aussi contre ceux qui ont accaparé illégalement de vastes territoires sans tenir compte du droit naturel des peuples : autrement dit, le droit de guerre contre les occupants de la Sibérie extrême-orientale et de l’Australie, pour occuper à notre tour ces territoires. »

Kitta Ikki, Projet de réorganisation nationale, 1919

« Croyance absolue en la mission de l’Empire, en l’idéal de l’Etat, aboutissement à l’esprit de patriotisme absolu et loyal, perfectionnement de l’esprit d’abnégation pour le développement de la nation, négation du libéralisme, de l’individualisme, de l’internationalisme qui étouffent la nation, adhésion à l’unité du pays. »

Légitimité de la défense nationale, opuscule publié par l’Armée de terre, octobre 1934.
Ces deux textes sont cités par J. Bouillon, A.-M. Sohn, 1900-1939, Histoire première, XXe siècle, Bordas, Paris, 1982, p. 331-332. Les auteurs les ont repris de Tetsuo Furuya, «Naissance et développement du fascisme japonais», in Revue d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, 1972

Idéologies de l’impérialisme
Illustration du projet de Chemin de fer Le Cap-Le Caire de Cecil Rhodes.