Cependant le provincialisme allemand avec ses multiples législations différentes du commerce et des métiers, devait devenir une entrave insupportable à cette industrie, dont le niveau s’élevait énormément, et au commerce qui en dépendait. Tous les dix ou vingt kilomètres un droit commercial différent, partout des conditions différentes dans l’exercice d’un même métier, et partout d’autres chicanes, des chausse-trappes bureaucratiques et fiscales, souvent encore des barrières de corporations contre lesquelles aucune concession ne prévalait ! Et avec tout cela, les nombreuses législations sociales locales diverses, les limitations de droit de séjour qui empêchaient les capitalistes de jeter en nombre suffisant les forces de travail disponibles sur les points où le minerai, le charbon, la force hydraulique et d’autres ressources naturelles exigeaient l’implantation d’entreprises industrielles. La possibilité d’exploiter librement la force de travail massive du pays était la première condition du développement industriel ; partout cependant où l’industriel patriote rassemblait des ouvriers attirés de toute part, la police et l’assistance publique s’opposaient à l’établissement des immigrants. Un droit civil allemand, l’entière liberté de domicile pour tous les citoyens de l’Empire, une législation industrielle et commerciale unique, ce n’étaient plus là des rêveries patriotiques d’étudiants exaltés, c’étaient désormais les conditions d’existence nécessaires à l’industrie. »
extrait de F. ENGELS, Le rôle de la violence dans l’histoire, 1887-88.