En 1386, toute l’Ukraine centrale et occidentale fut intégrée dans l’Etat polono-lituanien.
Au XVIe s. la résistance des Ukrainiens orthodoxes redoubla de vigueur du fait de la politique de latinisation qui voulait forcer les populations « ruthènes » à passer au rite latin catholique. De plus, les seigneurs polonais avaient constitué de grands domaines en Ukraine et réduit la paysannerie de cette « marche » frontière (tel est le sens originel du mot Ukraine (1)) au servage. De nombreux Ukrainiens cherchèrent refuge au delà du Dniepr, formant le groupe indépendant des Cosaques dits Zaporogues. Le roi de Pologne leur laissa d’abord une grande autonomie tant que la menace des Tatars persista (les Cosaques assurant la défense de la frontière), mais au XVIIe s. il tenta de les soumettre complétement. La plus grande des révoltes de Cosaques fut celle que déclencha en 1648 l’hetman (chef élu) Bogdan Chmielnicki. Le traité ci-dessous fait suite à cette révolte. Les Cosaques finirent par se placer sous la protection du tsar au traité de Pereïaslavl (18 janvier 1654). A la paix russo-polonaise d’Androussovo (31 janvier 1667), l’Ukraine fut partagée entre la Pologne et la Russie. Les Cosaques de la rive gauche du Dniepr passèrent dans l’orbite de Moscou et ne tardèrent pas à être déçus par cette nouvelle domination.

(Informations trouvées dans Michel Mourre, « Dictionnaire encyclopédique d’histoire« , éd. Larousse-Bordas, 1996, art « Ukraine », p. 5629)

(1) L’éthymologie du mot Ukraine (1187) comme « marche » ou « frontière », dans un sens favorable à l’Empire, évolue. Les historiens ukrainiens lui substituent aujourd’hui celle de « pays » « région » à partir d’un mot en vieux slave signifiant « lisière ». (note de J. Chevtchenko).


Le Traité de paix polono-ukrainien de Zboriv, 18 août 1649

Orthographe originale

 » Les articles accordez à Kmielniski furent fort advantageux, ils portoient.

Premierement que le Roy accorderoit une amnistie generale à tous les Cosaques et paysans rebelles, et que tout ce qui s’estoit passé demeureroit pour non avenu.

2- Que Kmielniski leur General demanderoit pardon à sa Maiesté à genoux et Prosterné.

3- Qu’il seroit continué General desdits Cosaques dont le nombre seroit augmanté iusques à quarante-mil, en laquelle qualité il ne dependroit que du Roy, apres qu’il auroit pourtant fait un acte de reconnoissance come Gentilhomme Polonnois, à l’esgard de la Republique.

4- Que sa Maiesté Polonnoise auroit un rolle des noms et Demeures desdits quarante mille Cosaques, lesquels en cas que Kmielniski vinst à mourir, seroient commandés par un de leurs Chefs de la Religion Grecque.

5- Que l’armée assiegée a Zbaras, seroit mise en liberté.

6- Que la Religion Grecque pourroit estre exercée par tout le Royaume, mesme à Cracovie, & que son union avec l’Eglise Romaine cesseroit.

7- Que le Palatinat de Kiovie seroit toujours donné à un Seigneur Grec.

8- Que le Metropolitain des Grecs auroit seance dans le Senat parmy les Evesques et y occuperoit le neufviesme lieu.

9- Que les Cosaques auroient permission de faire de l’eau de vie pour leur usage et non pour en vendre.

10- Qu’on leur fournirait des draps pour les vestir, et à chacuyn dix florins pour s’armer.

11- Que les Nobles estans rentrez dans leurs domaines ne pourroient rechercher ny troubler leurs sujets, pour la reparation des dommages qu’ils en pourroient avoir soufferts.

12- Que lesdits Nobles, qui auroient demeuré pres la personne dudit General des Cosaques, n’en seroient point inquietez, mais déchargez de tout ce qui s’est passé dans ces demieres guerres.  »

Pierre Chevalier, « Histoire de la Guerre des Cosaques« , Paris 1663, pp. 67-70.