«Dès les premières heures de la Révolution, pendant que durait encore l’accord apparent des classes dans la soumission ou l’adhésion à la République, on aurait pu entendre, si l’attention n’avait été troublée par la peur chez les uns, par l’enthousiasme chez les autres, deux cris distincts. A la bourgeoisie, qui criait bien haut : » Vive la République démocratique « , le prolétariat répondait par un cri, « Vive la République démocratique et sociale « . Le premier de ces cris exprimait une idée très claire et comprise de tous.
Que la République dût être démocratique, personne n’y contredisait.
Le peuple ne voulait qu’un gage de bonne volonté, reconnaître qu’il méritait un sort meilleur, chercher sincèrement les moyens de le lui procurer. Le peuple de 1848, (…) c’était l’enfant oublié, déshérité, qui demande à rentrer dans la famille sociale, non pour y porter la discorde ou pour y vivre aux dépens de ses frères, mais pour y travailler avec eux à la prospérité commune.
Si la République de 1848 n’a point été fondée sur ses véritables bases, (…) il faut en chercher la cause principale dans l’ignorance où les classes lettrées et riches sont demeurées à l’égard du peuple, et dans la fausse idée qu’elles ont conçue des exigences du prolétariat.»
David Stern (pseudonyme de Marie d’Agoult), Histoire de la Révolution de 1848.
https://clio-texte.clionautes.org/peur-des-campagnes-francaises-1848-tocqueville