« Tokio, 22 août. (De l’agence Domeï). – M. Suzeto Torri, conseiller technique du G.Q.G. nippon de la défense aérienne, qui s’était rendu à Hiroshima tout de suite après l’attaque au moyen de la bombe atomique, a donné, hier, à son retour, les précisions suivantes :
L’explosion et la pression sont extrêmement puissantes. Après l’explosion, un mouvement ondulatoire se propage dans l’air. En ce qui concerne les brûlures provoquées par la bombe, il semble que le côté tourné vers la bombe, soit plus atteint que le côté opposé. On a constaté également que tout ce qui est noir attire davantage la chaleur que le blanc. Après la destruction des maisons, environ, dix minutes s’écoulent avant que celles-ci ne prennent feu. Cinq à dix minutes après l’explosion une sorte de pluie noire s’abattit sur la ville. Plus de 360’000 personnes ont été tuées, blessées ou sinistrées à Hiroshima, le 6 août, date du lancement de la première bombe atomique – et 120’000 autres ont été victimes de la seconde, à Nagasaki, lancée le 9 août. Depuis lors, de nombreux Japonais ont péri à la suite des brûlures dont ils furent atteints.
Des blessés qui meurent d’une façon mystérieuse.
Le raid sur Hiroshima eut lieu un matin, pendant les heures de travail, et la bombe est tombée sur le centre de la ville. Les dégâts et les pertes furent donc considérables. On compte déjà plus de 60’000 morts. Ce nombre ira s’accroissant, car plusieurs blessés ne survivront pas à leurs brûlures. Ceux-là, mêmes qui semblaient en assez bonne santé pour pouvoir en réchapper avec des soins, se sont affaiblis de façon mystérieuse dans les jours qui ont suivi et souvent ils sont morts sans qu’on ait pu enrayer les effets inconnus de la bombe atomique.
On estime à 100’000 le nombre des blessés.
A Nagasaki
Les dernières enquêtes révèlent que la bombe a touché l’usine Urugami, au nord de la gare de Nagasaki. Bien que certaines parties de cette ville n’aient pas. été directement atteintes par la bombe, tous les carreaux ont sauté et presque tous les toits ont été soufflés par la violence de l’explosion. Plus de 10’000 personnes ont été tuées, plus de 20’000 blessées et plus de 70’000 sinistrées. – (A.F.P.). »
in Le Figaro, 24 août 1945.