Mythes fondateurs de la Nation américaine
Quelques citations rapides :
John Crevecoeur (1782)
« A son arrivée, l’Européen semble limité dans ses ambitions aussi bien que dans ses perspectives. Mais il change très rapidement d’échelle : deux cents miles lui paraissaient autrefois une grande distance, c’est maintenant une bagatelle. Il a à peine commencé à respirer l’air de notre pays qu’il bâtit des projets et se donne des buts auxquels il n’aurait jamais pensé dans son propre pays. Là-bas, la société surpeuplée empêche beaucoup d’idées utiles de s’exprimer et étouffe souvent les plus louables desseins qui, ici, peuvent venir à maturité. C’est ainsi que des Européens deviennent Américains. »
George Washington (1796, 1er président 1789-1797)
« Le nom d’américain que vous portez du fait de votre nationalité doit exalter en vous la juste fierté patriotique plus qu’aucune appellation dérivée de particularismes locaux. Malgré de légères différences, vous avez la même religion, les mêmes moeurs, les mêmes coutumes et les mêmes principes politiques. Vous avez combattu et triomphé ensemble pour une cause commune. »
Noah Webster (1798)
« S’il existe une nation sur terre qui jouisse d’une aussi grande liberté que le peuple de ce pays, nous n’en avons pas entendu parler. (…) Les bienfaits de la liberté dont nous jouissons sont probablement plus grands que ceux d’aucune nation européenne pourrait jamais acquérir, et que les peuples d’Europe, dans leur condition dégradée et corrompue, seront jamais capables d’assumer. »
« L’Europe a vieilli dans les vanités, la corruption et la tyrannie. Les lois y sont tournées, les moeurs licencieuses, la littérature déclinante, la nature humaine dépravée. Pour l’Amérique encore dans l’enfance, adopter les principes de l’ancien monde ce serait imprimer les rides de la décrépitude sur la fleur de la jeunesse et implanter les germes du délabrement dans une constitution vigoureuse. »
John Lowell (1799)
« En 1776, les sentiments étaient ceux d’hommes libres à l’âme noble. Les moeurs étaient dictées par une vertu sans souillure, une simplicité sans corruption, et une religion pure et sans tache. Les principes étaient ceux de l’amour ardent pour la liberté – un esprit d’indépendance invincible – une haine de la domination étrangère – une horreur de l’oppression domestique. »
John Adams (1er vice-président 1789-1797 et 2e président de 1797 à 1801)
« L’Amérique a été désignée par la Providence pour être le théâtre où l’homme doit atteindre sa véritable stature, où la science, la vertu, la liberté, le bonheur et la gloire doivent s’épanouir dans la paix. »
Et 50 ans après…
« Manifest Destiny »
« La nation américaine a reçu de la Providence divine la destinée manifeste de s’emparer de tout le continent américain afin d’y nourrir et développer la liberté et la démocratie. Elle doit ensuite porter la lumière du progrès au reste du monde et en assurer le leadership, étant donné qu’elle est l’unique nation libre sur terre. »
John O’Sullivan, le 31 mai 1845 (à l’époque de l’annexion du Texas et de la Guerre contre le Mexique).
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Crèvecoeur, un publiciste français émigré en Amérique, décrit les Américains
« Un mélange d’Anglais, d’Ecossais, d’Irlandais, de Français, de Hollandais, d’Allemands et de Suédois (…). De ce fonds bigarré est née cette race qu’on appelle les Américains (…). Dans ce grand asile américain, les pauvres de l’Europe, d’une façon ou d’une autre, se sont rencontrés, et cela par suite de causes diverses. Pour quel motif devraient-ils se demander l’un à l’autre de qui ils sont les concitoyens ? (…) Ubi panis, ibi patria [Où est le pain, là est la patrie], voilà la devise de tous les immigrants. Qu’est-ce donc alors que l’Américain, ce nouvel homme ? Il est en même temps un Européen, de là cet étrange mélange de sang que vous ne trouverez dans aucun autre pays. (…) Est américain celui qui, laissant derrière lui ses anciens préjugés et ses anciennes manières, en prend de nouveaux dans le nouveau genre de vie qu’il a choisi, dans le nouveau gouvernement auquel il se soumet, dans la nouvelle charge qu’il occupe. Il devient un Américain en se faisant recevoir dans le large giron de notre grande Alma Mater. Ici les individus de toutes les nations sont brassés et transformés en une nouvelle race d’hommes, dont les travaux et la postérité causeront un jour de grands changements dans le monde. Les Américains sont les Pèlerins de l’Ouest, qui emportent avec eux la masse imposante des arts et des sciences, la vigueur et l’industrie qui, il y a longtemps, sont nées à l’Est. (…) Les Américains étaient jadis disséminés à la surface de l’Europe ; ici, en s’agrégeant, ils ont constitué un des meilleurs rassemblements de population qui aient jamais existé (…). Ici, les récompenses de l’industrie accompagnent régulièrement l’avancement du travail ; le travail se fonde sur la base de la nature : l’intérêt personnel ; existe-t-il un stimulant plus fort ? (…) L’Américain est un nouvel homme, qui agit selon de nouveaux principes (…). »
Hector Saint-John de Crèvecoeur, Lettres d’un fermier américain, 1782.
Cité par J. Brun, America, America, coll. Archives, éd. Gallimard-Julliard, p. 50.
Repris dans Jacques Bouillon et coll., Le XIXe siècle et ses racines, histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 97.
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Origines de la population américaine blanche en 1790
Anglais : 60,9 %
Allemands : 8,7 %
Ecossais : 8,3 %
Néerlandais : 3,4 %
Irlandais : 3,7 %
Français : 1,7 %
Divers Anglo-saxon : 6,0 %
Suédois : 0,7 %
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Les Articles de Confédération (1781)
De nombreuses discussions entre représentants des 13 colonies ont établi la première constitution des États-Unis d’Amérique, les « Articles de Confédération » qui furent ratifiés par les 13 Etats en 1781. « Ligue d’amis » plus qu’union, cette constitution révéla vite ses carences.
« Article 1. Le nom de cette confédération sera « les États-Unis d’Amérique. »
Article 2. Chaque État conserve sa souveraineté, sa liberté, son indépendance et tout pouvoir, juridiction et droit qui n’ont pas été délégués expressément par cette confédération aux États unis en Congrès assemblés.
Article 3. Les dits États constituent ensemble une ligue d’amitié pour leur défense commune, la sauvegarde de leurs libertés, leur bien-être mutuel et général. Ils prennent l’engagement de s’entraider contre toute force qui les menace, contre toute attaque déclenchée contre eux ou contre l’un d’eux, sur des bases religieuses, de souveraineté, de commerce ou quelles qu’elles soient. (…)
Article 5. Pour une gestion plus commode des intérêts généraux des États unis, des délégués seront annuellement désignés, comme elle l’entend, par la législation de chaque État et se réuniront en Congrès le premier lundi de novembre de chaque année. (…)
Article 8. Tous les frais de guerre et toutes les autres dépenses encourus pour la défense commune ou le bien-être général, autorisés par les États unis en Congrès assemblés, seront couverts par une trésorerie commune, alimentée par les divers États proportionnellement à la valeur de toutes les terres (…).
Article 9. Les États unis en Congrès assemblés auront le seul et exclusif droit et pouvoir de décider la paix et la guerre, (…) d’envoyer ou de recevoir des ambassadeurs, de signer des traités et des alliances (…).
Les États unis en Congrès assemblés ne devront jamais déclencher la guerre, (…) ni conclure de traité ou d’alliance, ni battre monnaie, (…), à moins que 9 États ne soient d’accord pour cela ; (…).
Article 13. Les Articles de cette Confédération seront inviolablement observés par tous les États et l’union sera perpétuelle ; aucun changement, à aucun moment, ne sera apporté par la suite à ces Articles, à moins que le Congrès des États unis n’accepte de telles modifications et que celles-ci ne soient confirmées ensuite par les législatures de tous les États. »
Cité par André Kaspi, L’Indépendance américaine, 1763-1789, éd. Gallimard, coll. Archives, 1976, pp. 155-157.
Le 10 avril 1787, de New York, le chargé d’affaires français Otto écrit au comte de Montmorin :
« L’insuffisance de la confédération actuelle et la nécessité absolue de la refondre entièrement sont si bien senties, que la plupart des Etats ont nommé sans délai des délégués chargés de s’assembler à Philadelphie pour convenir d’un nouveau système de gouvernement moins défectueux et moins précaire que celui qui existe dans ce moment-ci, ou plutôt qui devrait exister. Le Congrès n’est réellement qu’un fantôme de souveraineté destitué de pouvoirs, d’énergie et de considérations, et l’édifice qu’il doit supporter tombe en ruine (…). »
Cité par André Kaspi, L’Indépendance américaine, 1763-1789, éd. Gallimard, coll. Archives, 1976, pp. 173-174.
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Extraits de la Constitution de 1787
« Nous, le peuple des Etats-Unis, en vue de former une union parfaite, d’établir la justice, d’assurer la tranquillité domestique, de pourvoir à la défense commune, d’accroître le bien-être général et d’assurer à nous-mêmes et à notre prospérité les bienfaits de la liberté, ordonnons et établissons la présente Constitution pour les Etats-Unis d’Amérique.
Article premier : Tous les pouvoirs législatifs accordés par le présent acte seront confiés à un Congrès des Etats-Unis, qui sera composé d’un Sénat et d’une Chambre des représentants.
La Chambre des représentants se composera de membres choisis, tous les deux ans, par le peuple des divers Etats… Nul ne pourra être représentant s’il n’a pas atteint l’âge de 25 ans; s’il n’est depuis 7 ans citoyen des Etats-Unis, et s’il n’habite pas, à l’époque de l’élection, l’Etat où il aura été nommé…
Le Sénat des Etats-Unis sera composé de deux sénateurs de chaque Etat, choisis pour 6 ans, par la législature de chaque Etat, chaque sénateur aura une voix… Il sera procédé tous les 2 ans à l’élection d’un tiers des membres du Sénat… Nul ne pourra être sénateur s’il n’a pas atteint l’âge de 30 ans; s’il n’est pas depuis 9 ans citoyen des Etats-Unis et si, au moment de son élection, il n’habite pas l’Etat dans lequel il aura été nommé…
Article II : Le pouvoir exécutif est conféré à un président des Etats-Unis d’Amérique. Il restera en fonction pendant une période de 4 années, et sera élu de la manière suivante, en même temps que le vice-président, choisi pour la même période. Chaque Etat nommera, suivant le mode prescrit par sa législature, un nombre d’électeurs égal à la totalité des sénateurs et des représentants que l’Etat a le droit d’envoyer au Congrès, mais aucun sénateur ou représentant, ni aucun fonctionnaire des Etats-unis, ne pourra être nommé électeur…. Le président sera commandant en chef de l’armée et de la marine des Etats-Unis, et de la milice des divers Etats lorsqu’elle sera appelée au service des Etats-Unis… Il aura le pouvoir de conclure des traités sur et avec l’avis et le consentement du Sénat, pourvu que les deux tiers des sénateurs présents y consentent… »
Autre présentation et extrait
« Nous, le peuple des États-Unis, en vue de former une union plus parfaite, d’établir la justice, d’assurer la tranquillité domestique, de pourvoir à la défense commune, de développer la prospérité générale et d’assurer à nous-mêmes et à notre postérité les bienfaits de la liberté, ordonnons et établissons la présente Constitution pour les États-Unis d’Amérique.
ARTICLE PREMIER
SECTION 1 – Tous les pouvoirs législatifs accordés par la présente Constitution seront attribués à un Congrès des États-Unis, qui sera composé d’un Sénat et d’une Chambre des Représentants.
ARTICLE II
SECTION 1 – Le pouvoir exécutif sera confié à un Président des États-Unis d’Amérique. La durée du mandat du Président sera de quatre ans.
ARTICLE III
SECTION 1 – Le pouvoir judiciaire des États-Unis sera confié à une Cour Suprême et à telles cours inférieures que le Congrès pourra, de temps a autre, ordonner et établir. Les juges de la Cour Suprême et des cours inférieures conserveront leurs charges aussi longtemps qu’ils en seront dignes et percevront, à échéances fixes, une indemnité qui ne sera pas diminuée tant qu’ils resteront en fonctions. »
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Extraits des dix premiers amendements à la Constitution (1789)
« Amendement I :
Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler pacifiquement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre.(…)
Amendement IV :
Le droit d’être garantis dans leurs personnes, domiciles, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu’il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir.
Amendement V :
Nul ne sera tenu de répondre d’un crime capital ou infamant sans un acte de mise en accusation, spontané ou provoqué, d’un Grand Jury. (…) Nul ne pourra pour le même délit être deux fois menacé dans sa vie ou dans son corps; nul ne pourra, dans une affaire criminelle, être obligé de témoigner contre lui-même, ni être privé de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière; nulle propriété privée ne pourra être réquisitionnée dans l’intérêt public sans une juste indemnité.
Amendement VI :
Dans toutes poursuites criminelles, l’accusé aura le droit d’être jugé promptement et publiquement par un jury impartial de l’Etat et du district où le crime aura été commis — le district ayant été préalablement délimité par la loi — d’être instruit de la nature et de la cause de l’accusation, d’être confronté avec les témoins à charge, d’exiger par des moyens légaux la comparution de témoins à charge, et d’être assisté d’un conseil pour sa défense. »
(Cité par Jacques Bouillon et coll., Le XIXe siècle et ses racines, histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 101)
Amendement X :
« Les pouvoirs qui ne sont pas délégués aux Etats-Unis par la Constitution, ni refusés par elle aux Etats, sont réservés aux Etats respectivement ou au peuple. »
Cité dans Histoire des États-Unis, ouvr. cit., p. 657.
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« Le principe de l’indépendance des Etats triompha dans la formation du sénat ; le dogme de la souveraineté nationale, dans la composition de la chambre des représentants.
(…) A l’époque où la constitution fédérale a été formée, il n’existait encore parmi les Anglo-Américains que deux intérêts positivement opposés l’un à l’autre : l’intérêt d’individualité pour les Etats particuliers, l’intérêt d’union pour le peuple entier; et il a fallu en venir à un compromis. »
Extraits de Alexis de Tocqueville (écrivain français), De la démocratie en Amérique, 1835, livre I, première partie, chapitre VIII, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1986, pp. 132-133.
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Origine de l’isolationisme
Dans son message d’adieu, publié en septembre 1796, Washington définit la politique étrangère des Etats-Unis. Cette neutralité est appliquée dès 1793.
« La règle de conduite que nous devons nous appliquer le plus à suivre à l’égard des nations étrangères est d’étendre nos relations de commerce avec elles, et de n’avoir que le moins de relations politiques qu’il sera possible. Remplissons avec la bonne foi la plus scrupuleuse les engagements que nous aurons contractés ; mais arrêtons-nous là.
L’Europe a des intérêts qui ne nous concernent aucunement, ou qui ne nous touchent que de très loin : il serait contraire à la sagesse de former des noeuds qui nous exposeraient aux inconvénients qu’entraînent les révolutions de sa politique. Notre position éloignée nous invite à suivre un autre système ; si nous continuons à ne former qu’un seul peuple et si nous sommes régis par un bon gouvernement, nous pourrons défier promptement tout ennemi extérieur de nous nuire d’une manière sensible. Quand nous aurons pris des mesures propres à faire respecter notre neutralité, les nations étrangères, connaissant l’impossibilité de nous rien enlever, ne se hasarderont pas légèrement à nous provoquer, et nous pourrons choisir la guerre ou la paix, selon que l’ordonnera notre intérêt d’accord avec la justice. »
Cité par Woodrow, Washington, éd. Payot, p. 328.
Repris dans Jacques Bouillon et coll., Le XIXe siècle et ses racines, histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 101.
idem autre découpage
« (…) La règle de conduite que nous devons le plus souvent nous appliquer à suivre à l’égard des nations étrangères est d’étendre nos relations de commerce avec elles et de n’avoir que le moins de relations politiques qu’il sera possible. Remplissons avec la bonne foi la plus scrupuleuse les engagements que nous avons contractés ; mais arrêtons-nous là (…). L’Europe a des intérêts qui ne nous concernent aucunement, ou qui ne nous touchent que de très loin : il serait donc contraire à la sagesse de former des noeuds qui nous exposeraient aux inconvénients qu’entraînaient les révolutions de sa politique (…). Quand nous aurons pris des mesures propres à faire respecter notre neutralité, les nations étrangères qui connaîtront l’impossibilité de ne nous rien enlever ne se hasarderont pas légèrement à nous provoquer, et nous pourrons choisir la guerre ou la paix, selon que l’ordonnera notre intérêt d’accord avec la justice (…) Pourquoi renoncerions-nous à de si grands avantages ? Pourquoi, unissant notre destinée à celle d’une nation européenne quelconque, sacrifierions-nous notre repos et notre félicité à l’ambition, à la rivalité, aux intérêts, aux passions et aux caprices des puissances de l’Europe ? Notre véritable politique doit être de n’avoir aucune alliance permanente, autant du moins que nous en sommes les maîtres (…).
Que vos traités de commerce ne soient que temporaires, afin que vous puissiez les modifier et les changer selon les circonstances. Souvenez-vous que c’est une folie de la part d’une nation d’exiger qu’une autre lui accorde quelque chose gratuitement, et que celle qui contracte une obligation de ce genre compromet son indépendance et sa tranquillité (…). »
Georges WASHINGTON, « Message d’adieu au peuple des États-Unis », 19 septembre 1796, publié et traduit in Claude FOHLEN et Jean-René SURATTEAU, Textes d’histoire contemporaine. Paris, SEDES, 1967.
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Mort de Washington. Naissance d’une légende et appât du gain
Lettre de M. Weems, pasteur évangéliste, conférencier, politicien, écrivain, musicien et qui vagabondait à travers le pays avec sa roulotte pour ses oeuvres, à Matthew Carey, éditeur.
« J’ai quelque chose à vous souffler à l’oreille.Washington, vous le savez, nous a quittés [14 décembre 1799]. Les Américains, par millions, attendent bouche bée quelque chose à lire à propos du grand homme. J’ai les munitions, j’ai le doigt sur la détente. Depuis six mois je recueille des anecdotes le concernant et vous savez que j’attends mon heure. C’est mon projet ! Je raconte l’histoire de Washington avec suffisamment de détails. Je le suis depuis ses débuts, je l’accompagne dans ses guerres, avec les Français, les Indiens, les Anglais ou les guerres révolutionnaires, jusqu’au fauteuil de Président et jusqu’au trône qu’il s’est construit dans le coeur de cinq millions d’ Américains. Ensuite je montre que son ascension sans précédent est le fruit de ses grandes vertus : 1. Sa vénération de Dieu ou ses principes religieux. 2. Son patriotisme. 3. Sa magnanimité. 4. Son ardeur au travail. 5.Sa tempérance et sa sobriété. 6.Sa justice,etc. Ainsi je recommande (comme le gouverneur Mc Kean) ses grandes vertus à la jeunesse qui suivra son exemple. Tout ceci est étoffé et enjolivé d’anecdotes bien venues, intéressantes et divertissantes. Je l’ai lu à plusieurs personnes qui me paraissaient bons juges, des pasteurs presbytériens, des spécialistes des langues anciennes,etc., et ils ont été unanimes à en faire la louange. Il ne dépassera pas trois rouleaux de papier royal. Il se vendra vraisemblablement très vite pour 25 ou 37 cents mais il n’en coûtera pas 10. J’en ai lu une partie à l’une de mes paroissiennes, une femme admirable, et elle a exprimé le souhait que je le fasse imprimer, en me promettant d’en acheter un exemplaire pour chacun de ses enfants (elle en a treize à la douzaine). A mon avis,vous le vendrez avec la plus grande facilité, puisque ce sera le premier. Je peux vous en envoyé la moitié immédiatement . »
Daniel Boorstin , Histoire des Américains, vol. 2, Paris, Armand Colin, 1981 (ch.39 Naissance d’un mythe : George Washington p. 396).
Après diverses péripéties, dont un livre raté sur le sujet par John Marshall, ministre de la justice, paru en 1808 la « Vie de George Washington, avec des anecdoctes curieuses qui lui font honneur et qui sont un exemple pour ses jeunes compatriotes » (6e édition augmentée du livre de Weems, environ 200 pages), qui fut un grand succès.
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Lettre de T. Jefferson, président des États-Unis, à R.R. Livingstone, ministre des États-Unis à Paris, le 18 avril 1802, au sujet de la Louisiane
« La cession par l’Espagne de la Louisiane et des Florides à la France a des effets des plus douloureux sur les États-Unis. (…) Cela renverse complètement toutes les relations politiques des États-Unis et va engendrer une nouvelle ère pour notre évolution politique. Parmi toutes les nations d’importance, la France est, jusqu’à maintenant, celle avec laquelle nous avons eu le moins d’occasion de conflit (…) et le plus de communauté d’intérêts. De ce fait, nous l’avons toujours considérée comme notre amie naturelle. (…) Il y a un seul endroit au monde dont le possesseur est notre ennemi naturel et régulier. Il s’agit de la Nouvelle-Orléans, par laquelle les produits des 3/8 de notre territoire doivent passer pour trouver un marché, et ce territoire, grâce a sa fertilité, fournira avant longtemps plus de la moitié de notre production totale et contiendra plus de la moitié de nos habitants. La France, se plaçant au travers de cette porte, nous impose une attitude de méfiance. (…) L’Espagne aurait pu la posséder tranquillement pendant des années. Ses dispositions pacifiques, son état de faiblesse, la conduiraient à accroître nos facilités en cet endroit, à tel point que la possession de celui-ci nous serait à peine sensible. (…) Il ne peut pas en être de même dans les mains de la France : l’impétuosité de ses humeurs, l’énergie et l’agitation de son caractère, ainsi placées à un point de perpétuelle tension avec nous dont le tempérament s’il est tranquille, désire la paix et la poursuite de la prospérité, n’en est pas moins ambitieux, n’accepte pas la richesse si elle doit s’accompagner d’insultes ou de préjudices et est entreprenant et énergique comme celui d’aucune autre nation sur la terre; ces circonstances rendent impossible que la France et les États-Unis puissent rester longtemps amis. (…) Le jour où la France s’emparera de la Nouvelle-Orléans, marquera la date de la sentence qui doit la maintenir à jamais à l’intérieur de son niveau des basses-eaux. Cela scelle l’union de deux nations, qui, ensemble, peuvent maintenir la possession exclusive de l’océan. De ce jour nous devons nous marier avec la nation et la flotte britanniques. Nous devons tourner toute notre attention vers une force maritime (…). Ce n’est pas un état de choses que nous recherchons ou que nous désirons (…) mais il se produira nécessairement, par les lois de la nature, si la France prend cette décision. (…) Si la France considère néanmoins la Louisiane comme indispensable à ses yeux, elle pourrait peut-être rechercher des arrangements qui pourraient être compatibles avec nos intérêts (…) ce serait nous céder l’île de la Nouvelle-Orléans et les Florides. Cela ferait certainement cesser, dans une grande mesure, les causes d’irritation entre nous. (…) Tous les yeux aux États-Unis sont maintenant fixés sur les affaires de Louisiane. Depuis la guerre révolutionnaire, rien peut-être n’a produit un plus grand malaise dans le corps de la nation. »
In FERRELL, R.H., Foundations of American Diplomacy 1775-1872, Columbia, University of South Carolina Press, 1968, pp. 98-102 (Traduction J. PORTES).
Les craintes de Jefferson seront vaines. En 1803, Napoléon décidera de vendre la Louisiane aux USA.
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La doctrine Monroë
Pour lutter contre ses colons d’Amérique révoltés, l’Espagne avait fait appel à la Sainte Alliance, mais seul Alexandre Ier, tsar de Russie, accepta d’intervenir : il avait aussi des visées sur la côte nord-ouest de l’Amérique. Les USA avaient reconnu l’indépendance de plusieurs Etats d’Amérique latine (mars 1822). Monroë négocie alors avec la Russie et définit la politique isolationniste des USA. Cette déclaration sera plusieurs renouvelée par ses successeurs.
» (…) Sur proposition du gouvernement impérial de Russie (…) toutes instructions et tous pouvoirs nécessaires ont été transmis au ministre des Etats-Unis à Saint-Pétersbourg pour déterminer par des négociations amicales les droits et intérêts respectifs des deux nations sur la côte nord-ouest de ce continent (…). Au cours des discussions auxquelles cette question a donné lieu et à propos des accords par lesquels elles peuvent se terminer, nous avons estimé que l’occasion était favorable d’affirmer comme un principe qui met en cause les droits et intérêts des Etats-Unis que les continents d’Amérique, de par l’état de liberté et d’indépendance qu’ils ont acquis et maintenu, ne doivent plus, désormais, être considérés comme susceptibles d’être colonisés à l’avenir par aucune puissance européenne (…).
Il a été dit (…) qu’un grand effort était alors fait par l’Espagne et le Portugal pour améliorer la situation des peuples de ces pays, et qu’ils apparaissait que cet effort était conduit avec une surprenante modération. Il est à peine besoin de remarquer que, jusqu’ici, le résultat a été bien différent de ce qui était alors attendu. Nous avons toujours été les spectateurs pleins de sollicitude et d’intérêt des événements survenant dans cette partie du globe, avec laquelle nous avons tant de rapports et d’où nous tirons notre origine. Les citoyens des Etats-Unis nourissent des sentiments de grands attachements envers la liberté et le bonheur de leurs semblables de ce côté là de l’Atlantique. Nous n’avons jamais pris part aux guerres dans lesquelles les puissance européennes sont entraînées par des problèmes qui les concernent, et il n’est pas conforme à notre politique de le faire. C’est seulement lorsque on a porté atteinte à nos droits ou qu’on les a gravement menacés que nous réagissons et prenons des mesures de défense. Nous sommes nécessairement amenés à suivre de plus près le développement des situations dans notre hémisphère, pour des raisons évidentes à tous les observateurs éclairés et impartiaux. Le système politique des puissances alliées est, sous ce rapport, essentiellement différent de celui de l’Amérique. La différence vient des caractères de leurs régimes respectifs, et toute notre nation s’attache avec ferveur à défendre le nôtre, établi au prix de tant de sang et d’argent, mûri par la sagesse de ses citoyens les plus éclairés, et grâce auquel nous n’avons cessé de connaître un bonheur sans exemple. La bonne foi et les relations amicales qui existent entre les Etats-Unis et ces puissances nous obligent, en conséquence, à déclarer que nous considérerions de leur part toute tentative pour étendre leur système politique à une partie quelconque de cet hémisphère comme dangereuse pour notre paix et notre sécurité. Nous ne sommes pas intervenus et n’interviendrons pas dans les affaires des colonies ou dépendances encore existantes de quelque puissance européenne que ce soit.
Mais pour ce qui est des états qui se sont déclarés indépendants et le sont restés, états dont l’indépendance a été reconnue par nous après mûre réflexion et suivant de justes principes, nous ne saurions considérer l’intervention d’une quelconque puissance européenne visant à leur oppression ou à la prise en charge de leur destinée autrement que comme la manifestation de dispositions inamicales envers les Etats-Unis. Nous avons proclamé notre neutralité dans la guerre entre l’Espagne et ces nouveaux états à l’époque où nous les avons reconnus, et nous nous sommes tenus à cette décision et continuerons de nous y tenir, à condition que n’intervienne aucun changement qui, de l’avis des autorités compétentes de notre pays, rendrait indispensable à leur sécurité (…) un changement correspondant de la part des Etats-Unis.
Notre politique à l’égard de l’Europe, qui fut adoptée dans les débuts des guerres qui ont si longtemps sévi dans cette partie du globe, reste, en tout état de cause, la même : elle consiste à ne nous immiscer dans les affaires intérieures d’aucune de ces puissances, à considérer le gouvernement de facto comme le gouvernement légitime à nos yeux, à rechercher l’établissement de relations amicales avec lui et à maintenir ces relations par une politique franche, virile et ferme, qui, en toutes circonstances, fait droit aux justes revendications de toutes les puissances et n’accepte le moindre préjudice d’aucune. Mais en ce qui concerne les continents américains, les conditions sont éminemment et manifestement différentes. Il n’est pas possible aux gouvernements alliés d’étendre leur système politique à quelque partie que ce soit de l’un ou l’autre de nos continents sans mettre notre tranquillité et notre bonheur en péril ; et personne ne peut croire non plus que nos frères du Sud, s’ils se trouvaient abandonné à eux-mêmes, choisiraient un tel système de leur plein gré. En conséquence, il est tout aussi impossible que nous considérions de telles interventions, sous quelque forme que ce soit, avec indifférence. Si nous tenons compte des forces et des ressources relatives de l’Espagne et de ces nouveaux états, ainsi que de la distance qui les sépare, il apparaît que, manifestement, l’Espagne ne pourra jamais les soumettre. Les Etats-Unis en restent toujours à leur juste politique qui consiste à laisser les partis en présence s’expliquer entre eux, dans l’espoir que les autres puissances adopteront la même ligne de conduite. (…) »
Extrait du septième message annuel du président Monroë (1817-1825) au Congrès (2 décembre 1823), publié par Richardson, Messages and Papers, vol II, p. 207, reproduit par Commager, Henry Steele, Documents of American History (1934, 8th ed. 1968), No 127, trad P. Marchand.
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La déportation des Indiens à l’ouest du Mississipi par le gouvernement
« On était alors au cœur de l’hiver et le froid sévissait cette année là. Les Indiens menaient avec eux leurs familles. Ils traînaient à leur suite des blessés, des malades, des enfants qui venaient de naître, et des vieillards qui allaient mourir. Ils n’avaient ni tentes, ni chariots, mais seulement quelques provisions et des armes.
Je les vis s’embarquer pour traverser le grand fleuve, et ce spectacle ne sortira jamais de ma mémoire. On entendait parmi cette foule ni sanglots, ni plaintes, ils se taisaient. Leur malheurs étaient anciens et ils les sentaient irrémédiables ».
Extrait d’Alexis de Tocqueville, Voyage en Amérique, 1833.
Cité dans Indiens d’hier et d’aujourd’hui par Marc Beluet, p. 42.
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Un chef indien
Tecumseh (qui signifie Flèche Volante) était un grand chef de la tribu des Shawnees. Il participa à de nombreux raids pendant la guerre d’Indépendance américaine, et tenta de créer avec son frère une fédération des tribus indiennes, pour résister aux colons qui voulaient de plus en plus de territoires. Il souhaitait que toutes les tribus s’unissent, car c’étaient pour elles la seule chance de résister aux colons et au gouvernement américain. Son ennemi était principalement le général Harrison, qui usait de la ruse pour s’emparer des terres des Indiens. En 1809, alors que Tecumseh ne se trouvait pas dans sa ville ( Prophet’s Town), le général s’y rendit et négocia avec les autres chefs un traité, l’achat de 3 millions d’arpents de terre aux Indiens. Quant Tecumseh revint, il déclara la vente nulle, et c’est à cette occasion qu’il rédigea ce texte. Mais il ne réussit pas à faire annuler le traité, et dû donc céder une grande partie des terres aux Américains. Il résista cependant aux colons jusqu’à sa mort, en 1813, dans la bataille de la Thames, lorsqu’il se battait au côté des Anglais contre l’armée américaine.
« C’est vrai que je suis un Shawnee. Mes ancêtres étaient des guerriers. Leur fils est un guerrier. D’eux, je ne tiens que mon existence. De ma tribu, je ne tiens rien. Je suis l’artisan de ma propre fortune ; oh ! si seulement je pouvais faire de même pour mon peuple et pour mon pays, à la vaste mesure de mon âme accordée au Grand Esprit qui gouverne le monde ! Alors je ne viendrais pas demander au gouverneur Harrison de déchirer le traité. (…) Je lui dirai : Sir, vous pouvez retourner chez vous. L’esprit qui communie avec les temps passés me dit qu’autrefois et jusque récemment encore, il n’y avait pas d’hommes blancs sur ce continent ; qu’il appartenait aux hommes rouges qui avaient étés placés là par le Grand Esprit pour qu’ils le traversent, qu’ils jouissent de ses produits et qu’ils le peuplent de notre race qui fut un jour heureuse et que l’homme blanc à rendue misérable parce qu’il n’est jamais satisfait et qu’il ne cesse d’empiéter sur nous. Le moyen, le seul moyen d’arrêter ce malheur est que tous les Indiens s’unissent et réclament leur droit égal et commun à la terre, comme cela était autrefois et devrait toujours l’être. Car la terre n’a jamais été divisée ; elle appartient à tous pour que chacun puisse en user. (…)
Le peuple blanc n’a aucun droit sur la terre des Indiens ; ils l’ont eue en premier ; elle est à eu. Ils peuvent la vendre, mais tous ensemble. Une vente qui n’est pas faite par tous n’est pas valide. La dernière vente est nulle ; elle a été faite par une partie du peuple seulement. »
Extrait de MARIENSTRAS Elise, La résistance Indienne aux Etats-Unis. Paris : Gallimard/Julliard, 1980. p.93.
Idem, autre extrait et traduction
« La manière, la seule manière d’enrayer et d’arrêter cette calamité, c’est que tous les hommes rouges s’unissent pour revendiquer un droit commun et égal sur cette terre, comme par le passé, et ainsi qu’il devrait en être aujourd’hui ; parce que jamais elle ne fut divisée dans le passé et qu’elle appartient à tous pour l’usage de chacun. Personne n’a le droit d’en vendre la moindre parcelle, pas même à tel ou tel d’entre nous et encore moins à ces étrangers, qui veulent tout et ne transigeront jamais. Les Blancs n’ont aucun droit sur la terre des Indiens : ils l’habitaient les premiers, c’est leur terre… Il ne peut y avoir deux occupants pour un même territoire. Le premier exclut tous les autre. Il n’en est pas de même lorsqu’on chasse ou qu’on voyage, puisqu’un même sol peut servir à beaucoup… Mais le campement est fixe…il appartient de droit au premier qui s’assied sur la couverture ou sur la peau qu’il a déployée sur le sol et cela, jusqu’à ce qu’il le quitte. »
Extrait de JACQUIN Philippe, La Terre des Peaux-Rouges, Découverte Galimard, 1994, p. 146.
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Guerre contre le Mexique
« Puis le 28 février 1845, le Congrès nord-américain vota l’annexion du Texas: les Étatsesclavagistes, qui souhaitaient étendre au Texas leur système économico-social, l’avaient emporté sur les Étatsanti-esclavagistes.
Ce fut le signal d’une nouvelle guerre car, dès 1843, le Mexique avait fait savoir qu’il considérerait l’annexion du Texas comme un casus belli. De nombreux généraux mexicains voulaient la guerre. Les Texans entendaient «rectifier» leur frontière. Un coup d’État déposa Herrera, le prudent président mexicain. Les forces nord-américaines se ruèrent sur le Mexique : une armée yankee traversa le rio Bravo, tandis que quelques éléments occupaient Santa Fe, au Nouveau-Mexique et qu’une escadre, le long des côtes du Pacifique, appuyait l’invasion de la Californie. Los Angeles se défendit héroïquement, mais en vain. Dans le Nord-Ouest, les généraux mexicains furent défaits. Débarquée a Veracruz, une troisième armée nord-américaine mit en déroute Santa Anna et, en août 1847, pénétrait dans la vallée de Mexico.
La bataille finale eut lieu à Chapultepec où les jeunes élèves du collège militaire se battirent jusqu’ à la mort comme des hommes et laissèrent dans l’histoire leur nom de Nifios Heroes (les enfants héroïques). C’était le 8 septembre 1847. Le 14 septembre, la résistance mexicaine avait cessé. Le 2 février 1848 le gouvernement, qui s’était refugié à Querétaro, était obligé de signer le traité de Guadalupe, un «traité honteux» par lequel le Mexique cédait aux USA la moitié de son territoire, soit 2’400’000 km2 (c’est-à-dire l’équivalent de la France, de l’Espagne, du Portugal, de l’Angleterre, de l’Italie, de la Suisse, de la Belgique, de la Hollande et du Danemark, sur lesquels s’étendent aujourd’hui les Etats nord-américains du Texas, du Nouveau Mexique, de l’Arizona, de l’Utah, du Nevada, de la Californie et d’une partie du Colorado et du Wyoming. Certes, cette cession avait pris quelque peu les allures d’une vente : Washington versait au Mexique 15 millions de dollars. Mais le Mexique crut qu’il ne se relèverait jamais de l’amputation. »
Extrait de Christian Rudel, Le Mexique de l’indépendance à la révolution, chapitre : La moitié du territoire perdu, 1997, p.56-57.
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Article IX du traité de Guadalupe-Hidalgo
Garanties données à l’Eglise catholique et aux Mexicains, installés sur le territoire conquit en 1848.
« Les Mexicains qui, dans les territoires susmentionnées, ne conserveront pas le statut de citoyens de la république du Mexique, conformément avec ce qui est prévu à l’article précédent, seront incorporés dans l’Union des États-Unis et admis aussitôt que possible, selon les principes de la Constitution fédérale, avec les avantages de tous les droits des citoyens des États-Unis. Entre-temps, ils seront maintenus et protégés avec les avantages de leur liberté, de leurs propriétés et de leurs droits civils maintenant acquis par eux en vertu des lois mexicaines. En ce qui concerne les droits politiques, ils seront reconnus à égalité avec ceux des habitants des autres territoires des États-Unis; et au moins égaux à ceux des habitants de la Louisiane et des Florides, lorsque ces provinces, par transfert de la République française et la Couronne de l’Espagne, sont devenues des territoires des Etats-Unis.
Les mêmes garanties suffisantes seront reconnues par tous les ecclésiastiques ainsi que les communautés et sociétés religieuses, comme aussi dans la libération des bureaux de leur ministère, les bénéfices de leurs propriétés de toute sorte, les particuliers et les entreprises. Cette garantie comprendra tous les églises, maisons et édifices consacrés à l’adoration catholique; aussi bien que toutes les propriétés qui leur sont destinées, ainsi qu’aux écoles, hôpitaux et autres fondations à des buts charitables ou de bienfaisance. Aucune propriété de cette nature ne sera considérée comme étant devenue la propriété du gouvernement américain ou pour être soumise ou détournée à d’autres fins. Finalement, les relations et les communications entre les catholiques vivant dans les territoires susmentionnées et leurs autorités ecclésiastiques respectives seront ouverts, libres et exemptes de toute entrave, même si les autorités doivent résider dans les limites de la république du Mexique, tel qu’il est défini par le présent traité; et cette liberté religieuse se poursuivra tant qu’une nouvelle démarcation des diocèses ecclésiastiques ne seront pas faite, conformément aux lois de l’Église catholique. »
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Le traité de Fort Laramie
Établi le 29 avril 1868 entre les États-Unis et le peuple indien Lakota (Sioux), garantit la possession des terres par les Indiens de la région des Black Hills dans le Dakota Sud, le Wyoming et le Montana.
Traduction amateur des deux premiers articles (sur 17) suivie de l’original anglais.
» Article I
Dorénavant, toute guerre entre les parties à cet accord cessera à jamais. Le gouvernement des Etats-Unis désire la paix, et son honneur est par ceci mis en gage pour la garder. Les Indiens désirent la paix, et ils mettent en gage maintenant leur honneur pour la conserver.
Si de mauvais hommes parmi les hommes blancs ou parmi d’autres populations sujettes à l’autorité des Etats-Unis, devaient commettre un tort aux personnes ou propriétés des Indiens, les Etats-Unis, sur preuve présentée à l’agent et transmise au Bureau des Affaires Indiennes à Washington city, procéderont immédiatement à l’arrestation du contrevenant et à la punition selon les lois des Etats-Unis, ainsi qu’à l’obligation de remboursement de la personne affectée pour la perte engendrée.
Si de mauvais hommes parmi les Indiens devaient commettre un tort ou une déprédation sur les personnes ou les propriétés de quiconque, Blanc, Noir, ou Indien, sujet à l’autorité des Etats-Unis, et dès lors à la paix, les Indiens cités plus haut s’engagent solennellement, sur la preuve faite à leur agent, et après la confirmation de celui-ci, à remettre le fautif aux Etats-Unis, pour qu’il soit jugé et puni selon ses lois ; et au cas où ils refuserait obstinément de s’y soumettre, la personne victime sera remboursée pour sa perte par les annuités, ou autre argent dû ou qui lui sera dû sous ce traité ou sous d’autres traités faits avec les Etats-Unis ; et le Président, en consultation avec le Bureau des Affaires Indiennes, prescrira les règles pour déterminer les dommages selon les dispositions de cet articles selon son propre jugement, mais quiconque violerait les dispositions de ce traité ou les lois des Etats-Unis, ne sera remboursé.
Article II
Les Etats-Unis conviennent que la zone suivante du pays, à savoir : celle débutant sur la rive est du fleuve du Missouri où le 46ème parallèle latitude nord le croise ; et tout le long de la marque de basse eau nommée rive est, jusqu’au point opposé où la ligne nord de l’Etat du Nebraska touche la rivière ; et à l’ouest, de l’autre côté de la dite rivière et le long de la ligne nord du Nebraska jusqu‘au 104ème degré de longitude à l’ouest de Greenwich ; et au nord sur le dit méridien jusqu’au point où le 46ème parallèle de latitude nord croise le même ; et à l’est le long du dit parallèle jusqu’au point de départ ; et en plus de cela, toutes les réserves du côté est de la dite rivière seront considérées comme des réserves, mis à part pour une utilisation et occupation par les Indiens cités plus haut absolue et non dérangée et pour d’autres tribus indiennes amies ou individus indiens, avec l’accord des Etats-Unis. A présent, les Etats-Unis conviennent solennellement qu’aucune personne, sauf celles désignées et autorisées, et les officiers, agents et employés du gouvernement autorisés à entrer dans les réserves indiennes dans le cadre de leur travail de par la loi, ne peut être autorisée à traverser, s’établir résider sur le territoire décrit dans cet article, ou sur tout territoire qui serait rajouter à cette réserve indienne ; et dès lors ils renoncent à toute réclamation ou droit à une quelque conque portion des Etats Unis ou ses Territoires, excepté ceux décrit dans les limites ci-dessus et excepté les dispositions ci-après. (…) »
(Traité de Fort Laramie, art I et II, 1868)
Texte original
« Fort Laramie Treaty, 1868
ARTICLES OF A TREATY MADE AND CONCLUDED BY AND BETWEEN
Lieutenant General William T. Sherman, General William S. Harney, General Alfred H. Terry, General O. O. Augur, J. B. Henderson, Nathaniel G. Taylor, John G. Sanborn, and Samuel F. Tappan, duly appointed commissioners on the part of the United States, and the different bands of the Sioux Nation of Indians, by their chiefs and headmen, whose names are hereto subscribed, they being duly authorized to act in the premises.
ARTICLE I. From this day forward all war between the parties to this agreement shall for ever cease. The government of the United States desires peace, and its honor is hereby pledged to keep it. The Indians desire peace, and they now pledge their honor to maintain it.
If bad men among the whites, or among other people subject to the authority of the United States, shall commit any wrong upon the person or property of the Indians, the United States will, upon proof made to the agent, and forwarded to the Commissioner of Indian Affairs at Washington city, proceed at once to cause the offender to be arrested and punished according to the laws of the United States, and also reimburse the injured person for the loss sustained.
If bad men among the Indians shall commit a wrong or depredation upon the person or property of nay one, white, black, or Indian, subject to the authority of the United States, and at peace therewith, the Indians herein named solemnly agree that they will, upon proof made to their agent, and notice by him, deliver up the wrongdoer to the United States, to be tried and punished according to its laws, and, in case they willfully refuse so to do, the person injured shall be reimbursed for his loss from the annuities, or other moneys due or to become due to them under this or other treaties made with the United States; and the President, on advising with the Commissioner of Indian Affairs, shall prescribe such rules and regulations for ascertaining damages under the provisions of this article as in his judgment may be proper, but no one sustaining loss while violating the provisions of this treaty, or the laws of the United States, shall be reimbursed therefor.
ARTICLE II.
The United States agrees that the following district of country, to wit, viz: commencing on the east bank of the Missouri river where the 46th parallel of north latitude crosses the same, thence along low-water mark down said east bank to a point opposite where the northern line of the State of Nebraska strikes the river, thence west across said river, and along the northern line of Nebraska to the 104th degree of longitude west from Greenwich, thence north on said meridian to a point where the 46th parallel of north latitude intercepts the same, thence due east along said parallel to the place of beginning; and in addition thereto, all existing reservations of the east back of said river, shall be and the same is, set apart for the absolute and undisturbed use and occupation of the Indians herein named, and for such other friendly tribes or individual Indians as from time to time they may be willing, with the consent of the United States, to admit amongst them; and the United States now solemnly agrees that no persons, except those herein designated and authorized so to do, and except such officers, agents, and employees of the government as may be authorized to enter upon Indian reservations in discharge of duties enjoined by law, shall ever be permitted to pass over, settle upon, or reside in the territory described in this article, or in such territory as may be added to this reservation for the use of said Indians, and henceforth they will and do hereby relinquish all claims or right in and to any portion of the United States or Territories, except such as is embraced within the limits aforesaid, and except as hereinafter provided. »
http://www.pbs.org/weta/thewest/resources/archives/four/ftlaram.htm (consulté le 20 avril 2013 à 10 :30)
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Quelques dates
1776 : 4 juillet le Congrès de Philadelphie proclame l’union des 13 colonies et vote la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique
1781 : 19 octobre les Franco-Américains de Washington et Rochambeau obtiennent à Yorktown une victoire décisive sur les Anglais
1786 : septembre conférence d’Annapolis : appel à une Convention avec pouvoirs constituants pour réaliser l’union des 4 Mhab des Etats-Unis
1787 : 25 mai ouverture de la Convention des Etats-Unis sous la présidence de Washington
1789 : 4 mars Washington prend ses fonctions de président des Etats-Unis
1793 : 22 avril Washington annonce la neutralité des Etats-Unis dans la guerre en cours en Europe
1794 : 19 novembre traité de Londres (Jay’s Treaty) Angleterre/Etats-Unis contre les corsaires français et pour un blocus des côtes de la France
1796 : 30 décembre installation de l’ambassadeur des Etats-Unis en France, Monroe
1797 : 2 mars le Directoire autorise la saisie des navires battant pavillon des Etats-Unis en rétorsion du traité anglo-américain
1797 : 4 mars élection de John Adams à la présidence des Etats-Unis qui succède à Washington
1884 : 4 juillet le président des Etats-Unis déclare accepter la statue de la liberté éclairant le monde offerte par le peuple français
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Chronologie de la Conquête de l’Ouest et des Guerres indiennes
1774 : Guerre de « Lord Dunmore ».
1775-1783 : Guerre d’indépendance américaine.
1778 : 1er traité signé entre les Etats-Unis et les Delawares.
1787 : Le Congrès Continental signe l’Ordonnance du Nord-Ouest. Rédaction de la Constitution des Etats-Unis.
1790-1791 : Les armées de Josiah Harmar et d’Arthur St Clair sont défaites dans l’Ohio par les tribus confédérées.
1794 : Bataille de Fallen Timbers : défaite des tribus du Nord-Ouest.
1795 : Traité de Greenville, signé par douze tribus. Une frontière permanente est établie dans le Territoire du Nord-Ouest.
1803 : Traité de Vincennes : le Territoire indien du Nord-Ouest est réduit.
1803 : Jefferson achète la Louisiane à Napoléon.
1804-1806 : Expédition de Lewis et Clarke vers le Pacifique.
1811 : Bataille de Tippecanoe.
1812-1814 : Guerre entre l’Angleterre et les Etats-Unis. Mort de Tecumseh à la bataille de la Thames.
1814 : Expédition d’Andrew Jackson avec la milice d’Alabama contre les Creeks.
1816-1818 : Première guerre seminole.
1819 : Traité Adams-Onis : l’Espagne cède la Floride aux Etats-Unis.
1824 : Création du Bureau des Affaires indiennes au Département de la Guerre.
1827 : Adoption de la Constitution cherokee.
1830 : Le Congrès adopte l’Indian Removal Bill, proposé par le président Jackson.
1832 : Worcester vs. Georgia à la Cour sûpreme. John Marshall énonce la doctrine des « dependent domestic nations ».
1835 : Traité de New Echota : les Cherokees cèdent toutes leurs terres en Gorgie et doivent s’exiler.
1835-1842 : Deuxième guerre seminole.
1838 : « La Piste des Larmes » des Cherokees : déportation en Oklahoma.
1842 : Ouverture de la Piste de l’Oregon.
1845 : Les Etats-Unis annexent le Texas.
1848 : Traité de Guadalupe Hidalgo entre le Mexique et les Etats-Unis. Acquisition par les Etats- Unis du Sud-Ouest du continent.
1849 : Le Bureau des Affaires indiennes est transféré au Département de l’Intérieur.
1851 : Premier traité de Laramie avec les tribus des Plaines et des montagnes.
1855 : Traités avec les tribus des territoires de l’Oregon et du Washington.
1860-1875 : extermination des bisons.
1862 : Guerre des Sioux Santees dans le Minnesota.
1862-1872 : Guérillas apaches dans le Sud-Ouest.
1864 : massacre des Cheyennes à Sand Creek.
1868 : Le régiment de Custer massacre les Cheyennes de Black Kettle.
1869 : Ely Parker (Seneca), premier indien nommé commissaire du B.I.A.
1871 : Le Congrès abandonne la politique des traités avec les tribus indiennes.
1872-1873 : Guerre des Modocs dans l’Oregon.
1876 : Little Big Horn : défaite et mort du général Custer dans la bataille avec les Sioux Tetons et les Cheyennes.
1877 : Guerre des Nez-Percés dans l’Idaho et le Montana. Reddition de Chef Joseph.
1879 : Guerre des Utes. Création de l’école de Carlisle en Pennsylvanie.
1882 : Fondation de l’Indian Rights Association.
1886 : Reddition de Geronimo.
1887 : Dawes Act : loi de lotissement des réserves.
1890 : 15 décembre : meurtre de Sitting Bull à Standing Rock.
29 décembre : massacre de Wounded Knee.
Élise Marienstras, La résistance indienne aux États-Unis du XVIe au XXe siècle, éditions Gallimard/Julliard, 1980 (pp. 205-207).
Sur Clio-Texte : la Guerre de Sécession.