Recherches en Histoire – Fiches synthétiques de lecture
Qu’est-ce qu’une fiche ?
Comment présenter une fiche ?
Modèles de fiches pour une recherche en sciences humaines
Fiches suivies de lecture – prise de notes
Les fiches de lecture
Recherches en Histoire – Fiches synthétiques de lecture
Une recherche en Histoire est la tentative de résolution d’une problématique formulée grâce à un raisonnement cohérent et articulé. Cependant vous ne pouvez pas arriver à réaliser cet enjeu si vous n’avez pas, au préalable, réuni les connaissances nécessaires – idées générales sur le sujet, la période, des exemples concrets, des illustrations du propos… Celles-ci ne peuvent être acquises que par des lectures.
Ces lectures préparatoires ne devront en aucun cas être improvisées ou hâtives ; au contraire, elles se doivent d’être attentives et soutenues pour atteindre l’objectif :
– l’efficacité immédiate en terme de construction du sens, le réemploi ultérieur lors de la rédaction.
Lors de ces lectures, il vous faudra procéder à un repérage des passages importants – soit dans des photocopies si l’ouvrage ne vous appartient pas, soit à l’intérieur de l’ouvrage lui-même si vous avez acheté le livre.
Puis, vous allez devoir regrouper les informations ainsi glanées et les synthétiser au moyen de fiches de lecture.
« Toute lecture, serait-ce celle d’un simple article de journal, appelle une telle fiche. Aucune lecture ne doit rester sans trace visible »
Qu’est-ce qu’une fiche ?
Ce sont des feuilles sur lesquelles le contenu d’un ouvrage est synthétisé (généralement la moitié d’une feuille A4 = format A5, mais vous pouvez garder des feuilles A4 entières). Ces feuilles se présentent soit de manière séparée (comme des fiches de vocabulaire de langue par exemple) ou sont comprises dans un cahier (si l’ouvrage est de dimension importante) ou encore par dossier informatique. Qu’importe la méthode, pourvu que le format soit uniforme, facilitant ainsi le regroupement de ces fiches selon des classements par thème, auteur, période, etc. Autrefois, il était courant de classer des fiches A5 dans une boîte à chaussures.
Le titre sera clairement et lisiblement indiqué, de même que la référence complète, à la page près – ce qui sera central pour retrouver une citation dans des ouvrages comportant plusieurs centaines de pages.
Attention ! Une lecture ne doit jamais aboutir à une inflation démesurée de notes. Ne prenez que des notes judicieuses et centrales – Idées-force, thèmes, réflexions personnelles sur un passage précis, questions d’ouverture à confirmer par d’autres lecture, citations formelles, explication de la terminologie essentielle, supports à remobiliser (cartes, iconographie, schéma…). En d’autres termes, vous ne devez pas recopier un ouvrage, mais opérer une synthèse essentielle en fonction du thème de votre recherche. C’est donc une question de choix quant au degré de pertinence des informations qui doivent apparaître sur votre fiche de lecture.
« La fiche ne doit pas remplacer l’ouvrage et se substituer à la mémoire, elle doit au contraire la soutenir, amorcer et accompagner le processus de mémorisation et de compréhension »
Une fiche devra être rédigée de manière soignée car ce que vous visez est l’efficace concision, mobilisable à tous les instants de votre travail – depuis la lecture première jusqu’à la dernière retouche du texte final. Attention tout de même de ne pas réduire vos notes de manière si laconique que vous en arriviez à trahir la pensée de l’auteur et ne plus comprendre le déroulement de sa pensée. Un style trop télégraphique risquerait de devenir, en effet, incompréhensible lors d’une relecture ultérieure et serait néfaste.
Comment présenter une fiche ?
Pour l’en-tête : NOM, Prénom, Titre de l’ouvrage, maison d’édition, ville d’édition, année, nombre total de pages, les pages précises résumées sur la fiche. La première fiche doit avoir une en-tête complète, les suivantes peuvent résumer cela. Si vous écrivez de nombreuses fiches sur un seul ouvrage, numérotez-les.
Pour un article, de même : NOM, Prénom, « Titre de l’article », in Titre de la revue, maison d’édition, ville, numéro, pages précisées.
Si besoin, quelques informations quant à l’auteur pourraient être pertinentes, ainsi qu’une mise en évidence de quelques remarques externes pour évaluer la qualité de l’ouvrage, par exemple : – attention particulière quant à l’année d’édition, si celle-ci commence à dater pour parler d’un thème récent ou spécifique.
[ Ne vous baser pas sur un ouvrage traitant de la problématique israëlo-palestinienne publié en 1980, alors que vous voulez développer des problématiques toujours actuelles, qui ont certainement évolué depuis 1980. Ne lisez pas un ouvrage de 1965 sur Staline (mort en 1953), alors que les archives soviétiques ont été accessibles seulement après 1991 ; cherchez les livres les plus récents. ]
Puis, viennent toutes les notes synthétiques à proprement parler.
Une dernière remarque avant de présenter les modèles de fiche de lecture : – à chaque pas de votre fiche de lecture, de vos lectures en règle générale, l’indispensable réflexe de survie est celui de noter invariablement le numéro de la page où vous avez recueilli l’information, sinon tout cela reste vain. Vous pourrez ainsi « sourcer » correctement et complètement vos informations.
Modèles de fiches pour une recherche en sciences humaines
Un exemple de fiche synthétique de format A5 :
KRAUS, Karl, Troisième Nuit de Walpurgis, Agone, Marseilles, réédition 2005, 562 pages,
Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses – Préface de Jacques Bouveresse
pp. 9 – 30, 196 et 292.
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Remarques : Karl Kraus, 1847 – 1936, pamphlétaire et satiriste, dramaturge, écrivain, poète autrichien, a annoncé par une analyse linguistique et médiatique l’avènement de la barbarie nazie.
Première édition : 1933, 6 mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir !
Enjeux et buts de ce livre
p.9 L’auteur fournit, au travers d’une critique de la langue une analyse complète de la montée en puissance du nazisme. Son analyse repose sur une documentation accessible par tous – journaux, radio et il recoupe. D’où l’intérêt de cette source !
p. 10 En fait, KK s’insurge contre la léthargie ambiante et contre cette « abdication de la conscience » – p. 10. « La langue est le lieu de la justice, corrompez-la, faîtes en une bâtarde exilée de sa noblesse et le chaos vous attend ! » – p. 11.
p. 30 Pour lui, c’est la détérioration du langage et le déclin de la culture qui ont permis le nazisme, qu’il qualifie de « peste des cerveaux ».
p. 196 Sa cible privilégiée est donc la propagande – comment les nazis ont instrumentalisé l’information. Il tente donc de répondre à la question : – comment cela a-t-il pu se produire ?
p. 292 « Mais depuis qu’il y a la SS et la SA, il ne nous reste plus qu’à lancer un SOS aux USA »
– jolie citation, montre comment KK joue avec la langue.
Fiches suivies de lecture – prise de notes
On peut aussi utiliser le système des fiches de lecture pour prendre simplement des notes suivies de nos lectures. C’est un usage plus simple que de faire des fiches synthétiques.
Il faut les numéroter.
Voici 2 fiches suivies sur le même livre :
A)
Numéro 1
REMOND, René, Le XXe siècle, de 1914 à nos jours, Seuil, Points histoire, Paris, 2002, (1ère édition 1974) édition revue et augmentée, 288 pages
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1914-1918 : Les caractères de la Première Guerre mondiale
p. 20 La durée de la guerre est « inhabituelle ». Il faut remonter aux guerres napoléoniennes
p. 21 et guerre de Sécession (1861-65) pour trouver des guerres aussi longues.
Donc, toutes les puissances pensent à une guerre courte, à l’été 1914
=> les plans de guerre allemands et français sont donc très vite dépassés.
Constat : « La guerre revêt dès lors des traits inattendus »
p. 22 L’extension géographique, conséquence extraordinaire du premier élément-durée.
« La durée va avoir, comme première conséquence, l’extension dans l’espace »
D’abord 2 coalitions en Europe (Triple Alliance / Triple Entente + Serbie vues en cours, puis autres nations).
réflexion personnelle entre […] pour les différencier des idées exprimées par l’auteur
[ Ces nations pratiquent le colonialisme et l’impérialisme, poids de l’Europe dans le monde à cette époque, donc implication mondiale logique… A confirmer ? ]
B)
Numéro 2
REMOND, René, Le XXe s…., 2002
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p. 23 facteurs d’extension du conflit :
– promesses faites aux neutres pour les attirer dans son camp
(exemple : promesses de terres par France et Angleterre à Italie)
– désir de neutres d’obtenir des avantages –> seul moyen : entrer en guerre
p. 24 – pression d’une partie des opinions publiques (pas toutes favorables)
entrée en guerre :
nov 1914 Empire ottoman au côté empires centraux (Autriche, Allemagne)
= fermeture détroits à Russie –> fronts au Proche-Orient
mai 1915 Italie avec Alliés (France…) –> front Alpes – Autriche
p. 25 oct 1915 Bulgarie contre Serbie et Roumanie (août 1916 avec Alliés)
juin 1917 Alliés forcent Grèce pour eux en débarquant à Salonique
mars 1916 Portugal (envoie une division en France)
Total : 14 pays européens en guerre
Restent neutres en Europe : Suisse, Pays-Bas, Espagne, pays scandinaves
Extension autres continents : —> Afrique
France et Angleterre occupent colonies allemandes [suite sur la fiche 3, etc…]