Prophétie écologique

Lettre des Indiens Hopis au président Nixon en 1970

« L’homme blanc, dans son indifférence pour la signification de la nature, a profané la face de notre Mère la Terre. L’avance technologique de l’homme blanc s’est révélée comme une conséquence de son manque d’intérêt pour la voie spirituelle, et pour la signification de tout ce qui vit. L’appétit de l’homme blanc pour la possession matérielle et le pouvoir l’a aveuglé sur le mal qu’il a causé à notre Mère la Terre, dans sa recherche de ce qu’il appelle les ressources naturelles. Et la voie du Grand Esprit est devenue difficile à voir pour presque tous les hommes, et même pour beaucoup d’Indiens qui ont choisi de suivre la voie de l’homme blanc.

Aujourd’hui, les terres sacrées où vivent les Hopis sont profanées par des hommes qui cherchent du charbon et de l’eau dans notre sol, afin de créer plus d’énergie pour les villes de l’homme blanc. On ne doit pas permettre que cela continue. Sans quoi notre Mère la Nature réagirait de telle manière que presque tous les hommes auraient à subir la fin qui a déjà commencé. Le Grand Esprit a dit qu’on ne devait pas laisser cela arriver, même si la prédiction en a été faite à nos ancêtres. Le Grand Esprit a dit de ne pas prendre à la terre, de ne pas détruire les choses vivantes.

Aujourd’hui, presque toutes les prophéties se sont réalisées. Des routes grandes comme des rivières traversent le paysage; l’homme parle à travers un réseau de téléphone et il voyage dans le ciel avec ses avions. Deux grandes guerres ont été faites par ceux qui arborent le swastika ou le soleil levant.

Le Grand Esprit a dit que si une gourde de cendres était renversée sur la terre, beaucoup d’hommes mourraient, et que la fin de cette manière de vivre était proche. Nous interprétons cela comme les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki. Nous ne voulons pas que cela se reproduise dans aucun autre pays pour aucun autre peuple; cette énergie devrait servir à des fins pacifiques, non pour la guerre.

Nous, les chefs religieux et porte-parole légitimes du peuple indépendant des Hopis, avons été chargés par le Grand Esprit d’envoyer au président des Etats-Unis et à tous les chefs spirituels une invitation à nous rencontrer pour discuter du salut de l’humanité, afin que la Paix, l’Unité et la Fraternité règnent partout où il y a des hommes. »

trouvé sur

http://planetedino.kazeo.com/civilisations/Hopi,a146105.html, 2 Mai 2011, 18h31

Sagesse indienne

En 1843, le père Chazelle rencontre sur l’île de Manitouline (Canada), des Indiens assemblés lors d’une tractation commerciale avec des Blancs. Les remarques entre parenthèse sont le fait des auditeurs blancs.

« Tu arrives, mon frère, pensant que tu nous enseigneras la Sagesse. Mais ne crois pas que les sauvages soient des fous. Ils possèdent les connaissances dont ils ont besoins. Le Grand Esprit ne les a pas laissés dans l’ignorance : il leur a fait de grands dons ; il leur a accordé la Sagesse.
Mon frère, il n’est pas loin d’ici le Grand Esprit, il est ici ; il nous voit tous ; il nous voit assemblés dans ce lieu ; il voit au-dessus de nous-mêmes ; il entend ce que nous disons. Je sais le voir moi homme (sauvage) et je conserve soigneusement les coutumes que je tiens de mon ancien (le premier sauvage) pour me souvenir de lui et pour obtenir ses bénédictions.
Mon frère, le Grand Esprit a créé toutes choses ; il a créé le ciel qui est en haut et la terre sur laquelle nous habitons ; il a créé tout ce qui est grand et tout ce qui est petit.
Lorsqu’il créa la terre pour qu’elle fût la demeure de tous les hommes, il fit deux grands pays et les sépara par la grande eau. De ce côté où le soleil se lève il y a une grande île. Celui qui a fait tout a fait cela. Or dans la grande île, vers le soleil levant, ton ancien à toi, homme à la peau blanche, fut jeté par le Grand Esprit, et ici, mon ancien à moi, homme à la peau rouge, fut jeté par le Grand Esprit.
Mon frère, nous ne nous ressemblons point ; notre sang n’est pas le même et nos langages aussi ne se ressemblent aucunement. Il y a encore des hommes qui ne ressemblent ni à toi, ni à moi : les hommes qui ont la peau noire. Qui est-ce qui a établi ces différences ? Le Grand Esprit
les a établies dès le commencement, lui qui a fait toutes choses, selon sa volonté. Tu le vois bien par conséquent, il faut que nous ayons aussi chacun notre manière de penser au Grand Esprit et de lui parler ; il y a différentes manières de chercher le jour (le ciel). (…)
Mon frère, tu as peut-être eu cette pensée : ils sont bien bêtes : ils ne connaissent que ce qu’ils voient ouvrant les yeux ; ils marchent sans intelligence. Je te le dis, tu pourrais te tromper grandement. (…)
Ce n’est pas dans les livres, mon frère, que j’ai appris ce que je sais. Le Grand Esprit a enseigné mon ancien et mon ancien m’a parlé de ce qui le Grand Esprit lui avait dit. Je suis heureux d’avoir eu ces renseignements. Je les conserve dans mon cœur, et jamais je n’y renoncerai.
Mon frère, je ne suis peut-être pas si ignorant que tu penses des choses que tu vas enseignant partout. Le Grand Esprit avait établi l’ordre dans ton île comme dans la mienne. Il avait fait de grands dons à ton ancien. Mais tu n’as pas su profiter de ces avantages précieux et tu as rejeté les bénédictions de ton ancien. C’est pour cela sans doute que le Grand Esprit a envoyé son fils à l’homme blanc ; mais l’homme blanc l’a chassé.
D’ailleurs, mon frère, il y a longtemps que ce qu’on raconte du fils du Grand Esprit est arrivé dans ton île. Or si sa volonté eût été de nous instruire, nous aurait-il laissé dans l’ignorance et dans le malheur, nous, qui ne l’avons jamais vue et qui ne lui avons jamais fait aucun mal ?
L’homme à chapeau est sorti de son île ; il a traversé la grande eau, il est arrivé sur notre terre ; il a parcouru nos forêts et nos lacs, et il nous a poursuivis partout pour nous enlever ce qui nous appartenait. Et voici qu’aujourd’hui sa race s’est multipliée dans notre grande île et qu’elle
y a établi ses coutumes. Mais nous… nous sommes devenus fugitifs, misérables et presque anéantis.
Le sauvage autrefois ne connaissait pas l’ivresse ; c’est toi, homme à chapeau, qui m’as versé l’eau de feu.
Ainsi l’homme qui habite au-delà de la grande eau n’est pas venu chez nous pour nous apporter des bénédictions, mais des malheurs. Comment pourrions-nous croire les choses qu’il vient nous annoncer ?
Dis-moi, mon frère, si j’allais, moi, dans ton île, parler contre la prière et chercher à faire recevoir mes pratiques, est-ce que tu m’écouterais ? Laisse-moi donc les bénédictions de mon ancien, je les aime et je ne veux pas les abandonner. (…)
Tu vois donc bien clairement, mon frère, que nous ne voulons pas prendre la prière et qu’en restant parmi nous, tu ne pourrais jamais obtenir ce que tu désires. Sans doute tu renonceras à ton projet. »

in Lorenzo Cadieux, Lettres des nouvelles missions du Canada, 1843-1852

Répudiation de femmes chez les Sioux

« Si un homme est marié à une épouse très paresseuse il lui faudra attendre que la société Akicita dont il fait partie se réunisse pour une danse rituelle. A ce moment-là, il demandera qu’on lui donne une baguette de tambour et, tout en battant de celui-ci, il annoncera publiquement : « Qui veut ma femme peut la prendre, qu’il vienne, je n’en veux plus. »Il arrive souvent qu’une femme ainsi délaissée tente dans sa jalousie de poignarder son époux. Si elle n’y parvient pas, elle se rendra à l’endroit où il parque ses chevaux et poignardera celui qu’il préfère.

Si un homme est doté d’une épouse infidèle, il lui donnera l’ordre de démonter le tipi et de sortir. Puis il prendra ses effets personnels et se rendra chez ses parents, de même que sa femme se rendra chez les siens. Les femmes ainsi divorcées devenaient aux yeux de tous des Witkowins « femmes folles à la moralité dissolue ». »

rapporté par Royal B. Hassrick, « les Sioux », Albin Michel, 1993, traduit de l’américain par Laurence Fritsch, p. 144

L’auteur de ce texte est Doris Leader Charge qui était professeur de langue et de culture sioux au collège Sainte Gelska dans la réserve de Rosebud (Dakota du sud). Ce témoignage a été publié en 1964.