« Les malheurs de l’Italie sont de vieille date (…). Nous croyons pouvoir établir comme chose certaine que la cause première doit en être attribuée à l’influence politique que les étrangers exercent depuis des siècles parmi nous, et que les principaux obstacles qui s’opposent à ce que nous nous affranchissions de cette funeste influence, ce sont, d’abord, les divisions intestines, les rivalités, je dirai presque les antipathies qui animent les unes contre les autres les différentes factions de la grande famille italienne ; et ensuite la méfiance qui existe entre les princes nationaux et la partie la plus énergique de la population (…).
Si l’action des chemins de fer doit diminuer ces obstacles, et peut-être même les faire disparaître, il en découle naturellement cette conséquence que ce sera une des circonstances qui doit le plus favoriser l’esprit de nationalité italienne. Un système de communications qui provoquera un mouvement incessant de personnes en tout sens (…) devra puissamment contribuer à détruire les mesquines passions municipales, filles de l’ignorance et des préjugés (…).
En Italie, une révolution démocratique n’a pas de chances de succès (…). La force réside presque exclusivement dans la classe moyenne et dans une partie de la classe supérieure. (…)
La propriété, grâce au ciel, n’est en Italie le privilège exclusif d’aucune classe. Là même où il existe des débris d’une noblesse féodale, celle-ci partage avec le tiers-état la propriété territoriale. (…)
Tous ces efforts individuels, il est vrai, resteraient stériles sans le concours des gouvernements nationaux. (…) Il nous suffira de citer à cet égard ce qui se passe en Piémont. »
(cité par Ph. Gut, « L’Unité italienne », éd. PUF, p. 42 et repris par J. Bouillon (en coll.), « Le XIXe siècle et ses racines », histoire/seconde, Paris, Bordas, 1981, p.211