En faisant démissionner, le 16 mai 1877, Jules Simon, chef du gouvernement républicain, le président monarchiste Mac-Mahon a voulu provoquer une épreuve de force. Gambetta lui répond au nom des républicains :
« Messieurs, l’Europe entière assiste avec une sympathique anxiété qui nous honore à cette suprême épreuve de la démocratie républicaine et libérale pour établir en France un gouvernement pacifique au-dehors et progressif au dedans (…). Dès l’origine du conflit, l’Europe (…) s’est prononcée contre le coup de réaction du 16 Mai. Elle y a vu, comme nous, une audacieuse tentative de l’esprit clérical contre l’Europe entière. Elle a déploré de voir le crédit, l’influence que la France reprenait peu à peu dans les conseils du monde remis soudainement en question (…). Elle suit attentivement, et jour par jour, les divers incidents de la lutte passionnée que le ministère du 16 Mai a entreprise contre la nation.
La République sortira triomphante de cette dernière épreuve, et le plus clair bénéfice du 16 Mai sera, pour l’histoire, d’avoir abrégé de trois ans, de dix ans, la période d’incertitude et de tâtonnements à laquelle nous condamnaient les dernières combinaisons de l’Assemblée nationale élue dans un jour de malheur. (…)
Ne croyez pas que quand ces millions de Français, paysans, ouvriers, bourgeois, électeurs de la libre terre française, auront fait leur choix (…) et fait connaître leur volonté, ne croyez pas que lorsque tant de millions de Français auront parlé, il y ait personne, à quelque degré de l’échelle politique ou administrative qu’il soit placé, qui puisse résister. Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre. »
Source : Gambetta, discours à Lille le 16 août 1877.