Ce discours de Gambetta révèle l’importance attachée par les républicains à la conquête des campagnes :
« Eh bien, je voudrais qu’on fit pénétrer dans la tête de l’électeur rural que ce bulletin de vote, que ce carré de papier, c’est sa destinée, que c’est lui, quand il écrit un nom sur son carré de papier, qui prononce souverainement sur le bien ou le mal qui doit lui arriver. (…) Si vous vouliez, mes amis, bien réfléchir à ceci : que la république que nous voulons, c’est une république d’ordre, de progrès, de réflexion, d’intérêt général; que nous avons horreur des agitations ; que ceux qui recherchent le trouble, le désordre, ce n’est pas nous ; que ceux qui ont jeté la France dans les aventures, ce n’est pas nous ; que ceux qui veulent faire une politique de castes, ce n’est pas nous ; que ceux qui rêvent à la domination d’un seul, ce n’est pas nous ; – si vous vouliez réfléchir à tout cela, dis-je, vous comprendriez immédiatement que ce que nous voulons, c’est que la démocratie française soit émancipée et respectée. ( … ) Ce sont ces avis, ces conseils que je voudrais vous voir accueillir, car, ne l’oubliez pas, électeurs des campagnes, vous avez en main l’avenir de la France. Je ne veux ni vous flatter ni vous diminuer, mais, dans un pays aussi éprouvé que le nôtre et qui, sur dix millions d’électeurs compte huit millions d’agriculteurs : il est certain que vous aurez en main les destinées de la patrie, vos propres destinées. »
Gambetta, discours de Château-Chinon 26 octobre 1877.