En Allemagne :

« La scission de la race germanique en peuples et en États différents peut constituer un obstacle à l’idée d’unité de la race… Il faut que l’Etat le plus puissant d’Allemagne s’empare de l’hégémonie, et que les petits États sacrifient de leur autonomie la part nécessaire à assurer l’unité durable d’un nouvel Empire… Il faut que l’Allemagne entière acquière l’hégémonie absolue dans l’Europe centrale et occidentale et qu’elle annexe simultanément, ou peu de temps après, les provinces allemandes autrichiennes, d’une manière conforme aux desseins de notre race germanique. »

(J.-L. Reimer, « Une Allemagne pangermaniste », cité dans « Le pangermanisme philosophique », 1917.)

Le pangermanisme

« Ce principe est très simple. Il consiste dans La nécessité, commune à tous Les êtres vivants, de se procurer Le plus d’espace possible pour leur activité. (…) Ce qui est indispensable, c’est d’avoir égard aux nécessités militaires qui, dans l’avenir comme dans Le passé, peuvent exiger impérieusement l’annexion de parcelles de sol étranger.

L’égoïsme sain de la race nous commande de planter nos poteaux-frontières dans le territoire étranger comme nous l’avons fait à Metz, plutôt que de rester en deçà des limites du domaine colonisé par nous. (…) Ces terres coloniales de l’avenir se composent (…) des vastes territoires occupés par Les Polonais, Les Tchèques, tes Magyars, Les Slovaques, Les Slovènes, Les Ladins, les Rhétiens, Les Wallons, Les Lituaniens, les Estoniens et Les Finlandais.

Tant que Les territoires de ces petits peuples, mal faits pour créer des États nationaux, n’auront pas été répartis entre les grands États de L’Europe centrale, l’Europe ne pourra jamais avoir la paix. Cette répartition coûtera naturellement de dures guerres. »

Ernst Hasse, président de la ligue pangermaniste, Politique allemande, 1905

« Quelle situation pitoyable que la nôtre, si l’on considère que pas moins de 25 millions d’Allemands, c’est-à-dire 28 pour cent de la race, vivent au-delà des limites de l’empire allemand! C’est là un chiffre colossal, et un fait pareil ne saurait se produire dans un autre État quelconque sans susciter la plus vive indignation de tous les citoyens et l’effort le plus passionné pour remédier au mal sans plus attendre. (…) Qui pourrait empêcher 87 millions d’hommes de former un empire, s’ils en faisaient le serment ? (…)

Dans le «bon vieux temps », il arrivait parfois qu’un peuple fort en attaquait un faible, l’exterminait, et l’expulsait de son patrimoine. Aujourd’hui, ces actes de violence ne se commettent plus. Aujourd’hui, tout se passe en douceur dans ce pauvre monde, et les privilégiés sont pour la paix. Les petits peuples et les débris de peuples ont inventé un mot nouveau, le « droit des gens ». Au fond, ce n’est pas autre chose qu’un calcul fondé sur notre généreuse bêtise. (…) Un beau matin, il se réveille, le bon, le brave, le libéral Allemand, qui a dit tant et tant de bêtises sur les droits de l’homme et n’a pas encore compris que charité bien entendue commence par soi-même ; il se réveille, dis-je, et s’aperçoit qu’il est devenu un étranger dans le pays qui lui a donné le jour et qu’il considérait comme sa patrie.

Quelqu’un doit faire de la place : ou les Slaves de l’Ouest et du Sud, ou bien nous ! Comme nous sommes les plus forts, le choix ne sera pas difficile. Il nous faut renoncer à notre attitude de modeste expectative. Un peuple ne peut se maintenir qu’en croissant. (…)

La plus grande Allemagne, avec 1’148’166 kilomètres carrés, est le but du peuple allemand au XXe siècle. »

Otto Richard Tannenberg, Gross-Deutschland, 1911, traduction française La Plus Grande Allemagne, 1916.

Le pangermanisme continental

« Notre conviction, c’est que l’Empire allemand d’aujourd’hui, comprimé entre les puissances de l’Est et celles de l’Ouest, est obligé, pour subsister, de s’étendre. Il y est aussi préparé, car il est fondé, par sa constitution impériale, militaire et économique (Union douanière) sur des bases fédératives, et ces bases fédératives sont beaucoup plus favorables à l’expansion, sous toutes les formes et à tous les degrés, que la rigidité des constitutions unitaires. C’est pourquoi l’impérialisme allemand ne sera pas obligé de recourir tout de suite à des conquêtes brutales, mais il ne devra pas reculer non plus devant l’emploi de la force militaire pour arriver à ses fins.

L’avantage de notre situation s’accroît encore du fait que, comme pour la Russie et les États-Unis d’Amérique, les régions où nous pouvons nous étendre sont contiguës à notre territoire et au noyau solide de la mère patrie. (…)

Il n’est pas vrai qu’il y ait place pour tous dans ce monde, mais il y a de la place pour plusieurs grands États, auxquels, évidemment, les petits devront se soumettre. L’impérialisme allemand signifiera donc bien plus l’élévation de l’Empire allemand au rang de puissance mondiale, mais non pas la création d’un État allemand qui dominerait seul le monde. »

E. HASSE, Weltpolitik, Imperialismus und Kolonialpolitik, Munich, 1906, cité par C. ANDLER, in Le pangermanisme continental sous Guillaume II, Paris, 1915.

En Italie :

« Nous devons partir de la reconnaissance de ce principe : il y a des nations prolétaires, comme il y a des classes prolétaires : c’est-à-dire des nations pour lesquelles les conditions de vie sont désavantageuses par rapport à celles des autres nations, comme il en est pour les classes. Cela dit, le nationalisme doit avant tout se battre durement sur cette vérité : l’Italie est une nation matériellement et moralement prolétaire. (…)

Or que s’est-il passé dès que le socialisme s’est adressé au prolétariat ? Le prolétariat s’est réveillé, il eut une première lueur sur son état, il entrevit la possibilité de le changer, il conçut les premiers projets de changement. Et le socialisme l’a entraîné avec lui, l’a poussé à lutter, a formé dans la lutte son unité, sa conscience, ses armes même, son nouveau droit, sa volonté de vaincre, son orgueil de triompher, il l’a affranchi, il l’a conduit à dicter sa loi de classe aux autres classes, à la nation, aux nations.

Eh bien, mes amis, le nationalisme doit faire quelque chose de semblable pour la nation italienne. Il doit être (…) notre socialisme national. C’est-à-dire : tout comme le socialisme a enseigné au prolétariat la valeur de la lutte des classes, nous devons enseigner à l’Italie la valeur de la lutte internationale.

Mais la lutte internationale, c’est la guerre ?

Eh bien, va pour la guerre ! Et que la nationalisme suscite en Italie la volonté de la guerre victorieuse. »

Enrico Corradini, intervention au Congrès nationaliste de Florence, 3 décembre 1910