Les élections de 1871 avaient amené une majorité royaliste à l’Assemblée nationale. Après la réconciliation entre Orléanistes (comte de Paris) et Légitimistes (comte de Chambord) à l’avantage de ce dernier, la restauration monarchique semblait quasi certaine. Le 24 mai 1873, l’Assemblée avait renversé le gouvernement de Thiers qui travaillait à établir une « République conservatrice », et porté au pouvoir le maréchal de Mac-Mahon connu pour ses opinions royalistes. Néanmoins la restauration buta sur l’intransigeance du comte de Chambord à vouloir remplacer le drapeau tricolore par le drapeau blanc (cf. son manifeste du 5 juillet 1871 ci-dessous). Une lettre du comte de Chambord du 27 octobre 1873 constitue le refus final des trois couleurs : »Je ne veux pas être le roi légitime de la Révolution. » (Cf. Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d’histoire, Larousse-Bordas, 1996, art. « Drapeau blanc (affaire du,1873) », p. 1719 et art. « République (troisième) », p. 4682-4683)


Le « Manifeste »

« Dieu aidant, nous fonderons ensemble, et quand vous le voudrez, sur les larges assises de la décentralisation administrative et des franchises locales, un gouvernement conforme aux besoins du pays. (…)
[La France] m’appellera, et je reviendrai à elle tout entier, avec mon dévouement, mon principe et mon drapeau. A l’occasion de ce drapeau, on m’a parlé de conditions que je ne dois [veux] pas subir.
Français ! (…)
Entre vous et moi, il ne doit subsister ni malentendu, ni arrière-pensée. Non, je ne laisserai pas, parce que l’ignorance ou la crédulité auront parlé de privilèges, d’absolutisme et d’intolérance, que sais-je encore ? de dîme, de droits féodaux, fantômes que la plus mauvaise foi essaie de ressusciter à vos yeux, je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard de Henri IV, de François Ier et de Jeanne d’Arc. C’est avec lui que s’est faite l’unité nationale; c’est avec lui que vos pères, conduits par les miens, ont conquis cette Alsace et cette Lorraine dont la fidélité sera la consolation de nos malheurs. (…) Je l’ai reçu comme un dépôt sacré du vieux roi, mon aïeul, mourant en exil; il a pour moi toujours été inséparable du souvenir de la patrie absente; il a flotté sur mon berceau, je veux qu’il ombrage ma tombe. Dans les plis glorieux de cet étendard sans tache, je vous apporterai l’ordre et la liberté.
Français, Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d’Henri IV !

(signé) Henri.

Source : Jacques Bouillon et coll., Le XIXe siècle et ses racines , histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 273.

* Le comte de Chambord est le petit-fils de Charles X qui avait abdiqué en 1830 et l’avait désigné comme son successeur sous le nom d’Henri V.

La position du comte de Chambord

« Je n’ai pas à justifier la voie que je me suis tracée (…). Je ne laisserai pas porter atteinte, après l’avoir conservé intact pendant quarante années, au principe monarchique, patrimoine de la France, dernier espoir de sa grandeur et de ses libertés (…) . Je n’arbore pas un nouveau drapeau, je maintiens celui de la France (…). Si le drapeau blanc a éprouvé des revers, il y a des humiliations qu’il n’a pas connues. Henri. »

Y Les débuts de la troisième République