«Pour les ancêtres germains, la liberté consistait à rester Allemands, conduire leurs affaires en toute indépendance, conformément à leur esprit originel, progresser dans leur propre culture d’après ces mêmes principes et transmettre cette autonomie à leur postérité ; quant à l’esclavage, c’était pour eux l’acceptation de toutes les belles choses que les Romains leur offraient, acceptation signifiait esclavage parce qu’ils auraient cessé d’être tout à fait Allemands, pour devenir à moitié Romains. Il allait donc de soi, pensaient-ils, qu’il valait mieux mourir que d’en être réduits là, et qu’un vrai Allemand ne peut vivre que pour rester allemand et transmettre à ses descendants le même désir.

(…) C’est à eux, à leur langue et à leur manière de penser que nous sommes redevables, nous, les plus directs héritiers de leur sol, d’être encore des Allemands (…) C’est à eux que nous sommes redevables de tout notre passé national et, s’il n’en est pas fini de nous, tant qu’il restera dans nos veines une dernière goutte de leur sang, c’est à eux que nous devrons tout ce que nous serons à l’avenir.»

Fichte, Discours à la nation allemande, 1807-1808, 8e discours.

Les aspirations à l’unité italienne.

«Nous sommes un peuple de vingt et un à vingt-deux millions d’hommes, désignés depuis un temps immémorial sous un même nom – celui du peuple italien – renfermés dans les limites naturelles les plus précises que Dieu ait jamais tracées, la mer et les montagnes les plus hautes d’Europe, parlant la même langue modifiée par des patois moins dissemblables que ne le sont l’écossais et l’anglais, ayant les mêmes croyances, les mêmes moeurs, les mêmes habitudes, fiers du plus glorieux passé politique, scientifique, artistique qui soit connu dans l’histoire européenne, ayant deux fois donné à l’humanité, un lien, un mot d’ordre d’unité, une fois par la Rome des empereurs, une autre quand les papes n’avaient pas encore trahi leur mission, par la Rome papale.

Nous n’avons pas de drapeau, pas de nom politique, pas de rang parmi les nations européennes. Nous n’avons pas de centre commun, pas de pacte commun, pas de marché commun. Nous sommes démembrés en huit États indépendants l’un de l’autre, sans alliances, sans unité de vue, sans contacts réciproques réguliers. Un de ces Etats , comprenant à peu près le quart de la péninsule appartient à l’Autriche ; les autres, quelques uns par des liens de famille, tous par leur sentiment de faiblesse, en subissent aveuglément l’influence.»

Mazzini, L’Italie, l’Autriche et le Pape, 1845.