Lettre du roi Henri VII aux Uranais, 26 mai 1231

Le texte original est en latin

« Henri (1), par la Grâce de Dieu, Roi des Romains, à ses fidèles sujets habitants de la vallée d’Uri, auxquels la présente lettre est adressée, grâce et bénédictions ! Ayant la volonté de faire, en tout temps, tout ce qui peut servir à votre avantage et utilité, nous vous avons affranchi de la domination du duc Rodolphe de Habsbourg et vous promettons de ne jamais nous séparer de vous, ni par aliénation [transfert de possession] ni par donation, mais de vous conserver et de vous protéger pour nous et pour le bien du royaume. Nous vous exhortons donc avec la plus bienveillante affection à vous conformer aux ordonnances [ordres] de notre très fidèle Arnold de Aoquis en ce qui concerne le payement des contributions de bailliages [territoire d’un bailli qui rendait la justice au nom du suzerain] et à croire et exécuter tout ce qu’il vous ordonnera en notre nom, afin que nous puissions louer votre bienveillante fidélité, car nous l’avons envoyé auprès de vous avec l’assentiment de notre conseil [accord de ses conseillers]. Ordonné à Haguenau [ville d’Alsace] le 26 mai de la Quatrième Indiction [1231]. » (2)

Traduit dans J. Biedermann, Chartes, Pactes et Traités de la Suisse, Lausanne, 1916.

Note 1 – Henri est le fils de l’empereur du Saint-Empire romain-germanique Frédéric II de Hohenstaufen. Au nom de l’empereur, il administre les territoires au nord des Alpes. Il est connu sous les noms d’Henri II de Souabe, comme duc de Souabe (1216-1235), et d’Henri VII, comme Roi des Romains (1220-1235). Il fut déposé par son père en 1235 pour insoumision.

Note 2 – L’intérêt de la famille impériale pour une petite communauté paysanne montagnarde est due à l’ouverture récente du col du Gothard. L’empereur, qui guerroye en Italie, a besoin de contrôler ce tout nouveau col stratégique, voie la plus directe entre le nord et le sud des Alpes, reliant Zürich à Milan, le sud de l’Allemagne à l’Italie. L’octroi de l’immédiateté impériale met la communauté d’Uri sous la dépendance directe de l’empereur, lui évitant de dépendre de la puissante famille des Habsbourg, rivale des Hohenstaufen.