« Français !

La Constitution actuelle proclame que le Chef est responsable devant vous qu’il a toujours le droit de faire appel à votre jugement souverain, afin que, dans les circonstances solennelles, vous puissiez lui continuer ou lui retirer votre confiance.*

Étant responsable, il faut que son action soit libre et sans entrave : de là l’obligation d’avoir des ministres qui soient les auxiliaires honorés et puissants de sa pensée, (et non) l’expression d’une politique émanée des Chambres, et par là-même exposée à des changements fréquents qui empêchent tout esprit de suite, toute application d’un système régulier

Néanmoins, plus un homme est haut placé, plus il est indépendant ; plus la confiance que le Peuple a mise en lui est grande, plus il a besoin de conseils éclairés, consciencieux. De là la création d’un Conseil d’Etat, désormais véritable conseil du Gouvernement, premier rouage de notre organisation nouvelle, réunion d’hommes pratiques élaborant les projets de loi dans des commissions spéciales, les discutant à huis clos, sans ostentation oratoire, en assemblée générale, et les présentant ensuite à l’acceptation du Corps législatif.

Quel sera maintenant le contrôle exercé par les assemblées ?

Une Chambre, qui prend le titre de Corps législatif, vote les lois et l’impôt. Elle est élue par le suffrage universel, sans scrutin de liste. Le Peuple, choisissant isolément chaque candidat, peut plus facilement apprécier le mérite de chacun d’eux. (…)

Une autre assemblée prend le nom de Sénat. Elle sera composée des éléments qui, dans tout pays, créent les influences légitimes : le nom illustre, la fortune, le talent et les services rendus.

Le Sénat examine toutes les lois et il en propose de nouvelles au Pouvoir exécutif.

Le Sénat peut, de concert avec le Gouvernement, modifier tout ce qui n’est pas fondamental dans la Constitution, mais quant aux modifications à apporter aux bases premières, sanctionnées par vos suffrages, elles ne peuvent devenir définitives qu’après avoir reçu votre ratification.

Ainsi le Peuple reste toujours maître de sa destinée. Rien de fondamental ne se fait en dehors de sa volonté… »

Palais des Tuileries, le 14 janvier 1852.

Louis Napoléon Bonaparte, Bulletin des lois. plébiscite.