La bataille de Sadowa, huile sur toile de Georg Bleibtreu (1869) —>

« À cette guerre contre l’Autriche ferait suite un conflit avec la France, c’était inscrit dans la logique de l’Histoire, et ce, même si nous avions pu accorder à l’Empereur Napoléon les compensations qu’il attendait de nous en échange de sa neutralité. Du côté russe également, on pouvait douter de l’effet qui se produirait si l’on se rendait compte, à Moscou, du poids grandissant que nous avions dans le développement naturel de l’Allemagne. Il était impossible de prévoir quelle forme prendraient les guerres à venir livrées pour le maintien de nos acquis. Dans tous les cas cependant, il était de la plus haute importance de savoir si l’impression que nous laissions chez nos adversaires était celle d’une impossible réconciliation et si les blessures que nous avions infligées à leur amour propre resteraient ouvertes.

À ce stade de la réflexion, j’avais une bonne raison politique de vouloir empêcher plutôt qu’à encourager une entrées triomphale de nos généraux dans Vienne, à la manière de Napoléon Ier. Compte tenu de notre situation d’alors, il est politiquement indispensable de ne pas se demander au lendemain d’une victoire combien on peut extorquer à notre ennemi, mais de bien chercher à savoir quels sont nos besoins politiques. Quant à l’agacement que mon attitude suscitait dans les milieux de l’armée, j’ai toujours considéré qu’il s’expliquait par une politique spécifiquement militaire à laquelle je refusais de reconnaître une influence déterminante sur la politique de l’État et celle de son devenir. »

Extrait de « Pensées et souvenirs » par Otto von Bismarck, publié en 1898, année de sa mort (Mémoires rédigées par Lothar Bucher sous la dictée de Bismarck, source : Collectif, Otto, prince von Bismarck, Encyclopédie Larousse http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Bismarck/108960 (page consultée le 27 avril 2013, à 18 :09)