Proposition du plan de paix de la Chine pour l’Ukraine – février 2023

Si les relations sino-russes sont anciennes, elles ont toujours été marquées par une attitude prudente où la Chine a toujours pris soin de ménager ses intérêts, tout en affirmant sa proximité avec Moscou. Le 24 février 2023, la Chine a cependant surpris le monde en proposant un plan de paix pour résoudre le conflit russo-ukrainien. Cette initiative doit être contextualisée à la lumière de l’attitude chinoise depuis le début du conflit, en rappelant quelques éléments factuels :

• La Chine n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes,
• Elle a toujours dénoncé les sanctions imposées à la Russie par l’Occident, le plan reprenant cette dénonciation tout en occultant les responsabilités de la Russie,
• Le texte a été proposé le lendemain d’un vote d’une résolution à l’ONU demandant à la Russie de se retirer de l’Ukraine. La Chine s’est abstenue.
• Le texte occulte toute idée de justice internationale concernant d’éventuels crimes de guerre commis,
• Les échanges publics entre Moscou et Pékin se sont multipliés. Ainsi, après avoir accueilli le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, le 22 février dernier, Poutine annonce la venue prochaine de Xi Jinping en Russie,
• La découverte de ballons-espions chinois dans le ciel de l’Amérique du Nord.

Voici une proposition de traduction de ce plan de paix proposé par la Chine disponible dans son intégralité, en version anglaise, sur le site du Ministère des Affaires étrangères de la RPC, ICI

1) Respecter la souveraineté de tous les pays. Le droit international universellement reconnu, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, doit être strictement respecté. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement défendues. Tous les pays, grands ou petits, forts ou faibles, riches ou pauvres, sont des membres égaux de la communauté internationale. Toutes les parties doivent respecter conjointement les normes fondamentales régissant les relations internationales et défendre l’équité et la justice. Une application égale et uniforme du droit international doit être encouragée, tandis que les doubles standards doivent être rejetés ;

2) Abandonner la mentalité de guerre froide. La sécurité d’un pays ne doit pas être recherchée aux dépens des autres. La sécurité d’une région ne doit pas être obtenue en renforçant ou en élargissant des blocs militaires. Les intérêts légitimes et les préoccupations en matière de sécurité de tous les pays doivent être pris au sérieux et dûment pris en compte. Il n’y a pas de solution simple à un problème complexe. Toutes les parties devraient, conformément à la vision d’une sécurité commune, globale, coopérative et durable et dans la perspective d’une paix et d’une stabilité mondiales à long terme, contribuer à la construction d’une architecture de sécurité européenne équilibrée, efficace et durable. Toutes les parties doivent s’opposer à la poursuite de leur propre sécurité au détriment de la sécurité des autres, empêcher la confrontation entre les blocs et travailler ensemble pour la paix et la stabilité sur le continent eurasien.

3) Cesser les hostilités. Les conflits et la guerre ne profitent à personne. Toutes les parties doivent rester rationnelles et faire preuve de retenue, éviter d’attiser le feu, d’aggraver les tensions et d’empêcher que la crise ne s’aggrave, voire ne devienne incontrôlable. Toutes les parties doivent aider la Russie et l’Ukraine à travailler dans la même direction et à reprendre le dialogue direct le plus rapidement possible, afin de réduire progressivement les hostilités et finalement parvenir à un cessez-le-feu global.

4) Reprendre les pourparlers de paix. Le dialogue et la négociation sont la seule solution viable à la crise ukrainienne. Tous les efforts visant à une résolution pacifique de la crise doivent être encouragés et soutenus. La communauté internationale doit rester attachée à la bonne approche pour promouvoir les pourparlers de paix, aider les parties belligérantes à ouvrir la porte à un règlement politique dès que possible et créer les conditions et les plateformes pour la reprise des négociations. La Chine continuera de jouer un rôle constructif à cet égard.

5) Résoudre la crise humanitaire. Toutes les mesures visant à atténuer la crise humanitaire doivent être encouragées et soutenues. Les opérations humanitaires doivent suivre les principes de neutralité et d’impartialité, les questions humanitaires ne doivent pas être politisées. La sécurité des civils doit être effectivement sauvegardée et des couloirs humanitaires établis pour l’évacuation des civils des zones de conflit. Des efforts sont nécessaires pour intensifier l’aide humanitaire dans les zones touchées, améliorer les conditions humanitaires et fournir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave, afin d’éviter une crise humanitaire à plus grande échelle. L’ONU devrait être soutenue dans son rôle de coordination, dans l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones de conflit.

6) Protection des civils et des prisonniers de guerre. Les parties au conflit doivent respecter strictement le droit international humanitaire, s’abstenir d’attaquer des civils ou des structures civiles, protéger les femmes, les enfants et les autres victimes du conflit et respecter les droits fondamentaux des prisonniers de guerre. La Chine soutient l’échange de prisonniers de guerre entre la Russie et l’Ukraine et appelle toutes les parties à créer des conditions plus favorables à cette fin.