Aujourd’hui, il ne faut pas se dissimuler la réalité. Parce qu’elle compte huit millions de musulmans non assimilés, l’Algérie n’est pas une province française comme les autres, l’Artois ou la Normandie par exemple.

De même, parce qu’elle comprend aussi ce million de Français d’origine métropolitaine auxquels elle doit tout, l’Algérie ne peut pas être un État national musulman. Nous rejetons absolument la conception d’un État algérien qui ne correspond pas plus à une réalité historique qu’à une réalité ethnique […] Mais s’il ne s’agit que de rétablir l’ordre, pour en revenir à la situation antérieure, ou l’aggraver même dans le sens de l’injustice et du mépris à l’égard du musulman, alors, mesdames, messieurs, il y a erreur, pas avec nous !

De même, s’il fallait préparer l’avènement d’un État musulman indépendant d’Algérie, ce qui reviendrait à éliminer la population d’origine européenne, alors, tout aussi fermement, pas avec nous ! […]

Nous voulons à la fois assurer l’ordre et promouvoir les réformes […]

Dans le domaine militaire, des réformes radicales sont en cours. Les troupes seront mieux adaptées aux conditions de leur emploi.

Nous avons actuellement en Algérie le cinquième de l’armée française. Il est possible, j’en suis convaincu, de faire à la fois plus et mieux. Le gouvernement entend donner à l’armée sa pleine efficacité, mais il entend aussi – et il le prouvera – être compris et obéi à tous les échelons.

Le gouvernement assurera sans défaillance la sécurité des personnes et des biens, celle des habitants d’origine européenne comme celle des musulmans […]

Sur le plan économique et social et sur le plan des réformes administratives, vous connaissez nos intentions : effort massif d’investissements, réforme agraire, relèvement des salaires des travailleurs agricoles […]

Par une triple action militaire, sociale, diplomatique, la France entend témoigner de son esprit de justice, de sa résolution et de sa puissance de grande nation.

Déclaration à l’Assemblée nationale, le 9 mars 1956.