«[…] Dans la situation actuelle du monde […], il ne fait absolument aucune doute dans l’esprit de l’énorme majorité des Américains que la réussite de la Grande-Bretagne à se défendre par elle-même constitue la meilleure défense immédiate des États-Unis. En conséquence – en mettant de côté notre intérêt passé et présent pour la survie de la démocratie dans le monde pris comme un tout –, il est tout aussi important du point de vue égoïste de la défense de l’Amérique que nous devrions tout faire pour aider l’Empire britannique à se défendre par lui-même […]

Eh bien, permettez-moi de vous en donner un exemple. Supposons que la maison de mon voisin ait pris feu et que je possède, à cent vingt ou cent cinquante mètres de là, un tuyau d’arrosage. S’il peut prendre mon tuyau et le visser à sa prise d’eau, je pourrais ainsi l’aider à éteindre le feu. Maintenant, que vais-je faire ? Je ne vais pas lui dire, avant l’opération : « Voisin, mon tuyau m’a coûté 15 dollars, vous devez me payer 15 dollars pour l’utiliser ». Que va-t-il alors se passer ? Je ne veux pas de 15 dollars, mais je veux récupérer mon tuyau d’arrosage après la fin de l’incendie. Si celui-ci ressort de l’incendie intact, sans aucun dommage, mon voisin me le rendra et me remerciera vivement d’avoir pu l’utiliser. Mais supposons qu’il ait été abîmé au cours de l’incendie – par exemple qu’il ait de nombreux trous : il ne faudra pas trop nous en formaliser, mais je dirai à mon voisin :  » j’ai été heureux de vous prêter ce tuyau, mais je vois cependant que je ne peux plus l’utiliser car il est tout abîmé.  » Il me demandera alors :  » Quelle était sa longueur ?  » Je lui répondrai :  » Il faisait quarante-cinq mètres.  »  » Très bien, me dira-t-il, je le remplacerai « . Maintenant, si j’obtiens un joli tuyau d’arrosage, je serai plutôt en assez bonne forme.

En d’autres termes, si vous prêtez certaines munitions et qu’on vous les rend à la fin de la guerre, si elles sont intactes ou si elles n’ont pas été endommagées, vous êtes satisfait. Si elles l’ont été ou bien si elles ont été détériorées voire si elles sont totalement perdues, il me semble que vous vous en sortirez plutôt bien si le type à qui vous les aviez prêtées vous les remplace […]»

Franklin Delano Roosevelt, « Conférence de presse », 17 décembre 1940, traduction de B. Littardi, d’après http://www.presidency.ucsb.edu/ws/index.php?pid=15913&st=&st1= – axzz1fOzIs4aA [consulté le 30 mars 2012].

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