Le dimanche 27 février, alors que la bataille de Kiev a débuté, le Président Zelensky prononce le matin un discours diffusé sur les réseaux sociaux dans lequel il s’adresse en priorité à l’opinion publique biélorusse appelée à voter le même jour pour un référendum constitutionnel orienté, destiné à renforcer les pouvoirs du président et dictateur en place Alexandre Loukachenko. Voici une proposition de traduction de ce discours de presque 6 minutes dont les idées principales ont été reprises le même jour dans un autre, plus court et à la portée plus internationale.
Ces paroles seront adressées aux citoyens de Biélorussie. Aujourd’hui, vous êtes tous appelés aux urnes pour voter au référendum. Cela pourrait ressembler à un processus politique normal mais maintenant, cela ne peut certainement plus être vu comme tel. Désormais, les décisions sont prises à un tout autre niveau.
La nuit passée fut dure, de nouveau des tirs, de nouveau des bombardements de quartiers habités, d’infrastructures civiles. Il n’y aujourd’hui rien que l’occupant ne considère pas comme une cible légitime. Ils se battent contre tout le monde, ils tirent contre tout ce qui est vivant, contre les crèches, les bâtiments civils et même contre les ambulances. Ils utilisent des fusées d’artillerie, des missiles contre des zones urbaines entières qui n’ont jamais accueilli d’infrastructures militaires. Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d’autres villes vivent dans des conditions qu’on n’avait pas vues sur nos terres et vos terres depuis la Seconde guerre mondiale.
Mais dans cette guerre qui se déroule actuellement, vous n’êtes malheureusement pas du même côté que nous. Depuis votre territoire, les troupes de la Fédération de Russie lancent des roquettes sur l’Ukraine. Nos enfants sont tués depuis votre territoire nos maisons sont détruites, ils essaient de détruire tout ce qui a été construit au fil des décennies – et, d’ailleurs, non seulement par nous, mais aussi par nos pères, grands-pères. Tout ceci fait partie du référendum de facto pour vous, Biélorusses.
Vous décidez de qui vous êtes
Vous décidez de ce que vous voulez être.
Comment allez-vous pouvoir regarder vos enfants dans les yeux, comment allez-vous vous regarder dans les yeux, les uns les autres? Comment-allez vous regarder vos voisins dans les yeux ? Vos voisins, c’est nous.
Soyez la Biélorussie, pas la Russie. Vous êtes en train de faire ce choix en ce moment-même. Actuellement, des nouvelles circulent sur d’éventuelles négociations entre l’Ukraine et la Russie qui peuvent mettre fin à cette guerre et rétablir la paix pour nous tous et elles mentionnent souvent votre capitale, Minsk, comme plateforme pour ces négociations, un endroit que ni vous, ni nous n’avons choisi. Les dirigeants de la Russie l’ont choisi. Et maintenant, une proposition a été faite pour qu’on s’y retrouve. Il y a quatre jours, des missiles de croisière, des avions, des hélicoptères et du matériel sont venus du territoire biélorusse. ils frappent nos maisons, ils frappent nos vies. L’équipement lourd a suivi. Et c’est un horrible déjà-vu. Le saviez-vous ? Kiev a été attaquée à 4 heures du matin comme en 1941… Quelqu’un a visiblement le sens de l’humour.
Vous vous êtes endormi frères biélorusses et nous, nous sommes réveillés mais vous êtes encore en train de dormir tandis que nous ne nous sommes pas couchés depuis un moment parce que nous nous battons. Nous nous battons pour notre pays, pour notre liberté parce que nous avons parfaitement le droit de le faire. S’il n’y avait pas d’actions agressives depuis votre territoire, nous aurions pu discuter à Minsk dans votre ville. Ce fut le cas lorsque vous étiez neutre, nous avons parlé à Minsk, nous nous y sommes rencontrés très souvent, en parlant, vraiment, comme des voisins.
En ce moment, vous n’avez pas encore fait votre grand choix qui est à venir, mais cela ne devrait dépendre que de vous, pas de la Russie, pas de l’Ukraine, pas de l’Amérique mais du peuple biélorusse. C’est pourquoi nous disons maintenant – pas Minsk. Le lieu de la réunion peut avoir lieu dans d’autres villes. Bien sûr nous voulons la paix, nous voulons nous rencontrer, nous voulons la fin de la guerre. Varsovie, Bratislava, Budapest, Istanbul, Baku, nous avons proposé à la partie russe d’autres villes qui nous conviennent, situées dans un pays qui ne nous lance pas de missiles. Ce n’est qu’à cette condition que les négociations peuvent être honnêtes et qu’elles peuvent vraiment mettre fin à la guerre.
Je souhaite sincèrement que la Biélorussie redevienne ce pays ouvert et sûr que tout le monde a connu il n’y a pas si longtemps encore.Faire le bon choix. Je suis sûr que c’est le choix principal de votre grand peuple.
Commentaire
Dans la journée, la position du président ukrainien a évolué, celui-acceptant finalement l’envoi d’une délégation sur la frontière ukraino-bélarusse, dans la région de la rivière Pripiat afin de rencontrer et de discuter avec une délégation russe.