Document 1 – Albuquerque (Afonso de) (1453-1515) fut, à partir de 1508, le second gouverneur de l’Inde portugaise, qui va de la côte orientale de l’Afrique au littoral occidental de l’Inde (Malabar). Il décrit ici une carte javanaise datant des années 1510.


« Le cap de Bonne-Espérance, le Portugal, le pays de Brésil« Découvert » par les Portugais en 1501., la mer Rouge et le golfe Persique, les îles des clous [de girofle], les routes de navigation des Chinois et des GoresHabitants des îles Ryuku (aujourd’hui japonaises) formant un royaume insulaire situé au nord de Taïwan, avec leurs voies maritimes et les routes directes que prennent leurs vaisseaux, et l’intérieur des terres et les royaumes qui confinent les uns aux autres […] Cela me parut la plus belle chose que j’ai jamais vue, Messire […] Les noms y étaient inscrits en lettres javanaises mais je me les fit expliquer par un Javanais capable de lire et d’écrire [sa langue] […] Votre altesse peut clairement voir [grâce à cette carte] d’où viennent les Chinois et les Gores et la route que vos vaisseaux doivent suivre pour les îles de clous [de girofle] et où sont les mines d’or, et les îles de Java et de BandaÎles aujourd’hui indonésiennes situées au sud des Moluques et à l’est de Bali. […] et de la noix de muscade et le pays du Roy de SiamSiam : Thaïlande. et aussi le point ou prend fin le domaine de navigation des Chinois et par où ils passent et où ils ne naviguent point […] Vous pouvez tenir cette carte pour chose très certaine et très précise parce que c’est la navigation même au moyen de laquelle les Javanais vont et viennent.»


«Lettre d’Albuquerque au roi Manuel 1er de Portugal», 1er avril 1512 cité par Romain Bertrand, L’histoire à part égales, Récits d’une rencontre Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle), Le Seuil, 2011, p. 83-84.

 


Document 2 – Willem Lodewijcksz a participé à la Première navigation du Hollandais Frederick Houtman qui aborde à Banten, dans l’île de Java, en 1596. Lodewijcksz décrit les contrats de commerce locaux.

« Ces contrats sont écrits en feuilles d’un arbre, avec […] un poinçon de fer […] ou en livres liés de cordes entre deux tablettes bien et bravement. Ils écrivent aussi en papier chinois de tout couleur, qui est très fin et très pur, aussi en papier qui est fait d’écorce d’arbres. Ils n’ont pas l’imprimerie mais s’ils sont braves à la plume […] Ils n’ont que vingt caractères, par lesquels ils écrivent toute langue. Ils usent aussi la langue malaïcqueLa langue malaise, le malais., laquelle est fort idoine Idoine : approprié, qui convient. et facile à apprendre et qui la sait parler peut, non seulement par tout l’Inde, mais aussi être entendu en toutes les îles. Ils ont aussi des écoles où on enseigne et apprend la langue arabicque. »

Willem Lodewijcksz d’Eerste Boeck, Historie van Indien, waer inne verhaelt is de avontueren die de Hollandtsche schepen bejeghent zijn, Amsterdam, 1598 ; traduction française : Amsterdam 1598, cité par Romain Bertrand, op. cit., p. 95.

Questions :

Doc 1
1. Que cherchent les Européens « aux Indes » ?
2. Que nous apprend la carte javanaise sur le regard porté par les Javanais sur le monde au XVIe siècle ?
3. Qui rencontre-t-on à cette époque dans cette région du monde ?
Doc 2
4. Quelles sont les langues utilisées par les lettrés javanais ?
5. Les mondes non-européens semblent-ils dépassés par la technologie européenne  au XVIe-XVIIe ?
Doc 1 et 2
6. Montrez comment les mondes des XVIe-XVIIe siècles se connectent. Montrez la vitesse de circulation des informations. Les Européens arrivent-ils seuls dans des terres vierges ?