Le triomphe de l’impérialisme

Au début du XXe siècle, l’Europe exerce une influence prépondérante sur le reste du monde grâce à:
-son avance technique et scientifique
-sa puissance industrielle et commerciale
-l’abondance de ses capitaux
L’hégémonie des grandes puissances européennes qui s’étend à la plus grande partie de la planète, revêt des formes différentes:
-l’impérialisme économique repose sur l’implantation de zones d’influence qui ont pour but d’assurer des matières premières, des débouchés commerciaux et des aires d’investissement pour les capitaux.
– l’impérialisme politique et militaire qui débouche sur la création de vastes empires coloniaux directement contrôlés par la métropole .
L’aube du XXe siècle voit naître deux nouvelles puissances impérialistes: les Etats-Unis et le Japon qui très vite vont heurter les intérêts européens. Une autre opposition apparaît, les critiques des théoriciens marxistes tels que Lénine et Rosa Luxembourg .

La recherche des débouchés

« Dans cette course à la clientèle, l’Allemand fut aidé par sa connaissance des langues… Comme, en dehors de [ses] frontières, personne ne le comprenait, l’Allemand avait appris les langues voisines, spécialement celles des pays riches : le français et l’anglais. Quand il le fallut, les commis envoyés en Amérique du Sud parlèrent l’espagnol. Aussi, dès que l’état de l’industrie permit l’exportation, une armée de polyglottes se tenait prête à voler à la conquête du monde. Elle partit… Elle se croisa avec l’anglais, déjà en route, mais qui ne parlait que sa langue. Elle ne rencontra pas de Français, sinon en France, ou peu. Cette armée travailleuse, souple, patiente, indécourageable, accepta toutes les affaires qui se présentèrent, prit toutes les commandes, celles que l’Anglais dédaignait, celles que le Français refusait… »

extrait de J. HURET, L’Allemagne moderne, t. 1, Paris, Lafitte, 1913.

Les expatriations de capitaux et la puissance politique : le nationalisme financier

« De quelque côté que nous tournions nos regards, nous assistons au même phénomène : les capitaux, qui sont une partie de la force des nations modernes, leur servent à agir les unes sur les autres. Les grandes dominent les petites, non seulement par l’appareil d’une puissance militaire supérieure, mais par les ressources qu’elles leur offrent ou leur refusent suivant les conjonctures politiques. De simple phénomène économique qu’il était il y a trente ou quarante ans, le mouvement international des capitaux est passé au rang de grand phénomène politique, il est devenu l’instrument préféré qu’emploient les peuples les plus riches et les plus forts dans l’incessante bataille qu’ils se livrent les uns aux autres ; on hésite de plus en plus à faire la guerre à coups de canon, on la fait à coup de millions prêtés aux pays que l’on rêve de conquérir ou dont on recherche simplement le concours. Ce que nous avons dit de l’intervention financière suffit à démontrer que les capitalistes jouent souvent le rôle d’avant-garde, ils sont les pionniers de la mainmise politique ; l’Allemagne a beau répéter qu’en engageant ses capitaux dans la construction du chemin de fer de Bagdad elle poursuit des fins purement économiques, ses affirmations ne peuvent tromper personne. (…)

Les questions financières joueront un rôle de plus en plus éminent dans les rapports des nations entre elles : car chacun des marchés de capitaux s’occupant ou étant susceptible de s’occuper des autres, d’avoir une influence sur eux, de leur rendre des services ou de leur créer des difficultés, exerce une action sur les affaires politiques dont l’étroite dépendance vis-à-vis des affaires financières n’est jamais apparue plus clairement que de nos jours.

Les événements de 1911 auront été à cet égard un précieux avertissement. Personne n’a certainement oublié quels graves embarras surgirent au-delà du Rhin, quelle crise même se produisit et quelles faillites retentissantes se succédèrent lorsque, sous la menace d’une guerre avec l’Allemagne, les capitaux français se virent brusquement rapatriés. Ce fut dans le public, mal informé de ces choses, une émotion profonde que d’apprendre alors à quel point, dans quelles proportions énormes l’argent français se trouvait mis à la disposition de l’Allemagne à l’insu des déposants de ces capitaux trop serviables. Nous en sommes arrivés à considérer, avec une certitude affermie, que les capitaux français, suivant la belle expression de M. d’Avenel, sont véritablement et dans toute l’acception du mot, une seconde armée nationale. »

extrait de E. BEQUÉ, Internationalisation des capitaux. Montpellier, 1912.