Extrait n°1 : le Figaro
Le Voyage du Courrier
Nous avons dit hier qu’un courrier avait quitté la délégation des parlementaires qui est, près de Compiègne, au château de Francfort, appartenant au marquis de L’Aigle pour porter à Spa, au G. Q. G. allemand, le texte des conditions de l’armistice.
Ce voyage fut singulièrement mouvementé. À la sortie des lignes françaises, où, sur l’ordre du maréchal Foch, le feu avait cessé, l’auto du messager allemand tomba au milieu d’un vrai barrage d’obus boches. Impossible de passer. 11 avait bien été convenu que des deux côtés on donnerait des ordres pour le passage du porteur de nos conditions ; nos ennemis s’accordaient une dernière fois le plaisir de manquer à un engagement et stupidement interdisaient le passage à leur compatriote et retardaient ainsi là signature de l’armistice qu’ils sollicitent.
Le commandement français dressa procès-verbal, afin de constater que la responsabilité de l’incident incombait toute aux Allemands.
Le courrier, cependant, impatient d’arriver, téléphona au G. Q. français et demanda l’autorisation de franchir les lignes en avion. On le lui accorda.Mais sur ces entrefaites le feu allemand cessa et le messager put continuer son. voyage en auto, manquant l’occasion d’être reçu à l’atterrissage comme la colombe apportant le rameau d’olivier. Il y demeura peu. Très vite, il repartit, rapportant la réponse. Mais la route est difficile (it’s a long way) de Spa jusqu’à Compiègne.
Il y sera sans doute arrivé cette nuit et nous aurons aujourd’hui des nouvelles. peut-être LA NOUVELLE.
Le Figaro, « le deuxième jour – L’armistice » , 11 novembre 1918*
Extrait n°2 : L’Humanité
On mande de Berne à l’agence Havas, à la date du 10 novembre :
Le nouveau chancelier vient d’adresser au peuple l’appel suivant
Citoyens,
L’ex-chancelier de l’Empire, prince Max de Bade, m’a remis, avec le consentement de tous les secrétaires d’Etat, le soin de liquider les affaires du chancelier de l’Empire. Je suis sur le point de former le nouveau gouvernement, d’accord avec les partis, et je mettrai l’opinion publique franchement au courant des événements. Le nouveau gouvernement sera un gouvernement populaire. Il devra s’efforcer de procurer le plus rapidement possible la paix au peuple allemand et consolider la liberté qu’il à conquise.Citoyens, je vous demande à tous votre appui pour le dur labeur qui nous attend. Vous savez combien la guerre menaça gravement le ravitaillement du peuple, qui est la première condition de son existence.
La transformation politique ne doit pas troubler le ravitaillement du peuple. Le premier devoir de tous, à la ville comme a la campagne, doit rester de ne pas entraver, mais plutôt d’aider à la production des denrées alimentaires et à leur transport dans les villes. La disette alimentaire signifie le pillage et le vol avec la misère. Les plus pauvres souffriraient plus et les, ouvriers de l’industrie seraient les plus durement atteints. Celui qui, illicitement, touchera aux denrées alimentaires ou aux autres denrées de première nécessité ou aux moyens de transports, qui sont nécessaires pour leur répartition, sera coupable de la façon la plus grave envers la communauté.
Citoyens, je vous demande instamment de quitter la rue et de veiller à l’ordre et au calme.
L’Humanité, « C’est une révolution pacifique qui a triomphé à Berlin, la première proclamation du chancelier Ebert« , 11 novembre 1918
Extrait n° 3 : le Petit Journal
Le délai accordé aux allemands pour la signature de l’armistice expire aujourd’hui à 11 heures, et les pouvoirs du Généralissime lui donnent le droit d’accorder, s’il le juge utile, une prolongation. Les difficultés de communications entre Spa et le front français pourraient, à la rigueur, justifier cette prolongation. L’officier allemand envoyé en courrier à Spa n’est arrivé en effet qu’hier matin, et d’autre part de nouveaux membres de la mission d’Erzberger qui s’étaient mis en route hier de Spa pour le front français ont eue telles difficultés en route, qu’ils n’ont pu arriver que cette nuit à une heure tardive.
Voilà pour ce qu’on pourrait appeler les faits extérieurs. Quant au fond, une chose est certaine, c’est la hâte qu’a l’Allemagne de signer et le besoin aussi qu’elle a de signer. L’armistice calmera peut-être bien des colères et aidera ainsi le nouveau gouvernement à prendre quelque autorité et à maintenir l’ordre. C’est cela surtout qui fait supposer que le délai des 72 heures sera suffisant pour amener les parlementaires à capituler.
Extrait n° 4 : la dépêche, journal de la démocratie
Est-ce l’Heure du Peuple qui sonne?
Le nouveau Chancelier
Londres, 10 novembre. — M. Frédéric William W.i.e. qui fut correspondant du Daily Mail à Berlin, donne les détails suivants sur le social démocrate Ebert : Le kaiser a fait de la place à un sellier-bourrelier. M Ebert le leader socialiste qui succède à la chancellerie allemande. avait pour profession de fabriquer des harnais. C’est une des plus puissantes personnalités de la social-démocratie allemande. Le fait que c’est Ebert et non Scheidemann qui émerge parmi les socialistes comme l’homme de la situation, semble indiquer que. pendant la semaine qui vient de s’écouler, Ebert a pris contact avec les éléments modérés de son parti.
Ebert, qui pourrait bien être sous peu président de la République allemande, est âgé de 47 ans. Si je ne m’abuse, c’est un Prussien. Comme tempérament et comme homme politique. il s’est révélé plutôt modéré. Petit, vigoureux, la chevelure touffue et noire, les sourcils et la moustache épais, on le prendrait aisément pour un Italien ou un Espagnol. Il est un véritable homme d’action et se distingue en cela de Scheidemann qui est un homme de paroles. Ebert se fit remarquer comme un chef au congrès socialiste de Chemnitz un an ou deux avant la guerre. Il jouissait déjà avant le congrès d’une grande popularité parmi les ouvriers organisés. Sans hésitation aucune, je dirai que le prolétariat allemand ne pouvait faire un choix meilleur qu’en remettant le pouvoir entre les mains d’Ebert. Ses qualités de dirigeant, sa modération et son talent d’exécution conviennent admirablement à la grande œuvre d’organisation nationale attendue aujourd’hui par la classe qu’il représente.
Ebert promet une Paix rapide.
Berne, 10 novembre. — Le nouveau chancelier vient d’adresser au peuple l’appel suivant :
Citoyens,
L’ex-chancelier de l’empire, prince Max de Bade, m’a remis, avec le consentement de tous les secrétaires d’Etat, le soin de liquider les affaires du chancelier de l’ Empire. Je suis sur le point de former le nouveau gouvernement, d’accord avec les partis, et je mettrai l’opinion publique franchement au courant des événements.
Le nouveau gouvernement sera un gouvernement populaire. Il devra s’efforcer de procurer le plus rapidement possible la paix au peuple allemand et consolider fol liberté qu’il a conquise.
Citoyens,
le vous demande à tous votre appui peur le dur labeur qui nous attend. Vous savez combien la guerre menace. gravement le ravitaillement du peuple, qui est la première condition de son existence. La transformation politique ne doit pas troubler le ravitaillement du peuple. Le premier devoir de tous, à la ville comme à la campagne, doit rester de ne pas entraver, mais plutôt d’aider à la production des denrées alimentaires et à leur transport dons les villes. La disette alimentaire signifie le pillage et le vol avec la misère. Les plus pauvres souffriraient plus et les ouvriers de l’industrie seraient les plus durement atteints. Celui qui, illicitement, touchera aux dépôts alimentaires ou aux autres denrées de première nécessité ou aux moyens de transports qui sont nécessaires pour leur répartition, sera coupable de la façon la plus grave envers la communauté.Citoyens,
Je vous demande instamment de quitter la rue et de veiller à l’ordre et au calme.
La dépêche, journal de la démocratie, lundi 11 novembre 1918, extraits