« Le 16 juillet, à l’aube, l’opération est déclenchée : la police parisienne arrête, dans tous les quartiers de Paris et dans sa banlieue, près de treize mille Juifs étrangers et, pour la première fois, des familles entières avec des enfants à partir de l’âge de deux ans. L’énorme agglomération parisienne est le théâtre d’une sauvage « chasse au Juif » : dans tous les quartiers en même temps, on arrête hommes, femmes et enfants, on enfonce les portes, on emporte les enfants fiévreux, on fait des descentes dans les écoles. (…) les familles sont enfermées au vélodrome d’Hiver, en pleine ville.

Rien n’était préparé pour les accueillir : plus de quatre mille jeunes enfants et deux mille adolescents et adultes étaient parqués dans les gradins sans aucun moyen de couchage, presque sans nourriture, sévèrement rationnés en eau, avec des toilettes rapidement et irrémédiablement bouchées, avec un service médical réduit à quelques infirmières de la Croix-Rouge.

Tous ces malheureux ont vécu cinq jours épouvantables dans l’énorme enceinte remplie d’un vacarme assourdissant fait des cris et des pleurs des enfants et des adultes à bout de nerfs, des hurlements et des râles de quelques personnes devenues folles ou de malades et de blessés après des tentatives de suicide. »

Georges Weller, « L’Étoile jaune à l’heure de Vichy », Fayard, 1973, pp.83-84. Repris dans Dominique Veillon , « La Collaboration, Textes et Débats » , Le livre de poche (n 5002) Paris, 1984.