Présentation de Tenochtitlàn (Mexico)

« Cette grande ville est reliée à la terre par trois digues ou chaussées principales.

Les rues de la ville, fort larges, paraissaient avoir été tirées au cordeau ; les unes étaient d’eau, avec leurs ponts ; les autres de terre seule. On en voyait quelques-unes de terre et d’eau ensemble : la terre des deux côtés pour le passage des gens à pied, l’eau au milieu pour l’usage des barques qui servaient au commerce et dont le nombre était de 50’000. Les édifices publics et les maisons des nobles étaient de pierre et bien bâtis. Celles du peuple étaient basses et inégales ; elles laissaient libres des places où ils tenaient leurs marchés. »

Extrait de Cortés, La Conquête du Mexique, III, 13, 1530. in Histoire Géographie, initiation économique 5e, Paris, Hachette, 1995.


Lettre de Cortés à Charles Quint

La province du Mexique est composée d’un vallon de quatre-vingt dix lieues environ de circonférence ; elle est entourée de montagnes élevées et escarpées; le vallon est presqu’entiérement occupé par deux lacs ou marais : le plus grand d’eau salée, et le plus petit d’eau douce. Ces deux lacs sont séparés, d’un côté par une chaîne de coteaux élevés, situés au milieu de ladite plaine. Comme le lac salé augmente ou diminue suivant la marée, l’eau de ce lac tombe dans le lac d’eau douce en haute marée, et dans les marées basses le lac d’eau douce se perd dans le lac salé.
Temixtitan [Tenochtitlan] ou Mexico est situé dans le lac salé. De tel côté qu’on veuille y aborder de la terre ferme , il y a au moins deux lieues d’eau à traverser sur quatre chaussées d’environ vingt pieds de large. La ville est aussi grande que Séville et Cordoue; les rues principales en sont très larges et très droites.
Quelques-unes de ces rues et la plupart des autres, font moitié en terre et moitié en canaux qui se communiquent tous les uns aux autres sous des ponts où on peut faire passer dix chevaux de front, et qui font composés de solives larges , grandes, fortes et bien travaillées. Dès que j’eus remarqué la situation de cette ville, et la facilité qu’elle donnait pour nous trahir ou pour nous faire mourir de faim, sans qu’il nous soit possible de rejoindre la terre ferme, je fis construire quatre brigantins sur chacun desquels je pouvais transporter trois cents hommes et des chevaux à volonté.
Mexico contient plusieurs grandes places qui servent de marchés. Il y en a une entr’autres plus grande que la ville de Salamanque, entourée de portiques, où plus de soixante mille âmes achètent et vendent continuellement toutes espèces de marchandises, des comestibles, des vêtements, des bijoux d’or et d’argent, de plomb, de laiton, de cuivre, d’étain, de pierres, de coquillages, de plumes, etc… On y vend des pierres brutes et taillées, des bois bruts ou équarris, des briques, des mottes de terre, etc… On y trouve une maison de chasse où on vend toutes sortes de gibiers & d’oiseaux, comme des poules, des perdrix , des cailles, des canards sauvages, des goubes-mouches, des poules d’eau, des tourterelles, des pigeons, des petits oiseaux, des perroquets, des bruitiers, des aigles, des faucons, des éperviers, des lièvres, des lapins, des cerfs, des petits chiens qu’on châtre et qui sont bons à manger. […]
En un mot, on y vend en quantité de tous les comestibles et de toutes les marchandises qu’on trouve dans le reste de l’univers ; tout y est dans le plus grand ordre; chaque espèce de marchandise se vend dans une rue particulière, par compte ou par mesure, mais non au poids. Il y a dans la grande place une espèce de maison, ou juridiction consulaire, où continuellement douze juges préposés prononcent sur tous les différends qui peuvent survenir dans ces marchés, et punissent sur le champ les délinquants : il y a encore des commissaires destinés à examiner les mesures, et à briser celles qui seraient fausses. »

in Correspondance de Fernand Cortès avec l’Empereur Charles-Quint, sur la conquête du Mexique,
trad. de Flavigny, Suisse, Libraires associés, 1779, § XXX, p. 86-90
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Une image positive, Mexico :

Le « conquistador anonyme », compagnon de Cortés, a laissé une description de Mexico au moment de la conquête.

« La ville de Temistitan Mexico est entourée de montagnes de tous côtés, excepté du côté situé entre le couchant et le levant. D’un côté qui est celui du Midi, il y a des montagnes très abruptes: c’est le mont de Vulcain ou Popocatépetl, qui est semblable à un tas de grains circulaire et a quatre lieues de hauteur, ou un peu plus. Au sommet se trouve un volcan dont la circonférence est d’un quart de lieue, par la bouche duquel, deux ou trois fois par jour, et parfois la nuit, de la fumée sortait avec la plus grande violence du monde. Au pied de ces montagnes naît un lac (…) la moitié de ce lac, du côté des montagnes où il naît, est d’une eau douce excellente (…), l’autre moitié est d’eau salée. Et là où se trouve l’eau douce il y a beaucoup de champs de roseaux et un grand nombre de beaux endroits très populeux. (…)

Cette grande ville de Temistitan Mexico est édifiée dans la partie du lac dont l’eau est salée, non pas au milieu mais à environ un quart de lieue de la terre ferme, au plus près; cette ville doit avoir plus de deux lieues et demie et peut-être trois, plus ou moins de tour. La plupart des gens qui l’ont vue jugent que sa population dépasse soixante mille habitants et qu’il y en a plutôt plus que moins. (…)

Temistitan Mexico avait et a beaucoup de belles rues larges ; à l’exception de deux ou trois rues principales, toutes les autres étaient pour la moitié de terre, comme pavées de briques, pour moitié d’eau, et ils circulent sur la terre, et sur l’eau dans leur barques et leurs canots qui sont faits d’un tronc creux, bien qu’il y en ait d’assez grands pour que cinq personnes puissent y tenir à l’aise, et les gens se promènent tranquillement les uns sur l’eau dans leurs barques les autres sur terre tout en bavardant ensemble. »

Le Conquistador anonyme, traduction Jean Rose, Institut français d’Amérique latine, Mexico, 1970.


Description de Mexico par l’Espagnol Diaz del Castillo

« Au sommet de ce temple maudit, on était si haut que l’on dominait tout parfaitement. Et de là-haut, nous vîmes les trois chaussées qui entrent à Mexico (…). Nous voyions l’aqueduc qui venait de Chapultepec pour fournir la ville en eau douce, et de place en place, sur ces trois chaussées, les ponts par où l’eau de la lagune entrait et sortait d’une partie à l’autre (…). En arrivant à la grand-place de Mexico, nous tombâmes en admiration devant l’immense quantité de monde et de marchandises qui s’y trouvait, non moins qu’à l’aspect de l’ordre et bonne réglementation que l’on observait en toute chose. Chaque sorte de marchandise était à part, dans les locaux qui lui étaient assignés. Commençons par les marchands d’or, d’argent, de pierres précieuses, de plumes, d’étoffes, de broderies et d’autres produits. Puis les esclaves (…). La plupart étaient attachés par le cou à de longues perches formant collier, pour qu’ils ne puissent pas prendre la fuite. »

Extrait de Diaz del Castillo, Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne, La Découverte – Maspero. In Histoire géographie, initiation économique 5e, s. d. Jeannine GUIGUE, Paris, Bordas, 1990.


Le marché de Tenochtitlan-Mexico

« Dans cette grande ville, les maisons ne communiquaient avec le dehors qu’avec de petits pont-levis, ou par des bateaux, et elles étaient construites avec des toits en terrasses. Nous avons aussi remarqué les temples ; ils sont bâtis en forme de tour et de forteresse et, d’autres, élevés sur la chaussée, sont blanchis à la chaux et extraordinairement éclatants. Le bruit et le tumulte du marché (…) pouvaient s’entendre à presque une lieue. En arrivant à la grande place de Mexico, nous tombâmes en admiration devant l’immense quantité de monde et de marchandises qui s’y trouvait. Commençons par les marchands d’or, d’argent, de pierres précieuses, de plumes, d’étoffes, de broderies et autres produits. Puis les esclaves, hommes et femmes. D’autres marchands se trouvaient là, vendant des étoffes ordinaires en coton, ainsi que divers ouvrages en fil tordu; on y voyait aussi des marchands de cacao (…) Il y avait encore le département de la poterie, faite de mille façons, depuis les jarres d’une taille gigantesque jusqu’aux plus petits pots. »

Extrait de Diaz del Castillo, Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne, in COLL., Histoire-Géographie 5e, initiation économique, Paris, Nathan, 1987.


Une ville aztèque vers 1520, témoignage de Cortés

« Cette ville d’Iztapalapa s’élève sur le rivage d’un grand lac salé, elle est bâtie moitié sur l’eau et moitié sur terre. Le Cacique a des palais qui, quoique inachevés, sont aussi beaux que les plus beaux que nous ayons en Espagne : je dis bien des plus beaux, des plus ornementés et des mieux organisés… sauf les ornementations en relief et autres riches détails d’usage courant en Espagne et dont ils ne se servent pas ici. En beaucoup de quartiers à différentes hauteurs, se trouvent de beaux jardins pleins de grands arbres et de belles fleurs avec de grands bassins d’eau douce aux bords cimentés… Il y a un immense jardin potager près du palais, au-dessus duquel s’élève un belvédère orné de galeries et de salles magnifiques. »

In Jacques Dupâquier & Marcel Lachiver, Nouvelle collection d’histoire Bordas 4e, Les Temps Modernes, ed. Bordas, 1970 (p.15).


Deux descriptions de Cholula

« Cette ville de Cholula, composée de plus de vingt mille maisons, est située dans une plaine bien arrosée, bien cultivée, très fertile en bled [céréales] et en bons pâturages, comme toutes les terres de cette Seigneurie. Depuis un temps immémorial, cette ville se gouvernait dans l’indépendance comme celle de Tascalteca. Sa population est si nombreuse que, malgré la culture exacte de toutes les terres et leur fertilité, il y a un grand nombre d’habitants qui souffrent faute de pain, et une quantité de mendiants qui demandent de toutes parts. En général, ils sont mieux vêtus que ceux de Tascalteca; les citoyens distingués y portent par dessus leurs habits des manteaux semblables pour l’étoffe et pour les bordures, aux manteaux des Africains, mais différents pour la forme. Depuis mon expédition contre eux, je n’ai eu qu’à me louer de leur soumission aux ordres que je leur ai donnés de la part de Votre Majesté, et je crois que dorénavant elle peut compter ces peuples au nombre de ses sujets les plus fidèles. »

In Correspondance de Fernand Cortès avec l’Empereur Charles-Quint, sur la conquête du Mexique, trad. Vicomte de Flavigny, Suisse, Libraires associés, 1779, p. 44.
Sur books.google.com.

« La Ville [de Cholula] parut si jolie aux yeux des Espagnols, qu’ils la comparaient à Valladolid. Elle était située dans une plaine découverte de tous côtés à perte de vue, et très agréable. On dit qu’elle pouvait contenir alors vingt mille Habitants, sans compter ceux de ses Faubourgs, qui étaient en plus grand nombre. Il y avait un grand abord d’Etrangers, qui y venaient ou comme à un Sanctuaire de leurs Dieux, ou comme en un lieu célèbre pour le Négoce. Les rues étaient larges et bien percées, et les maisons plus grandes et d’une meilleure architecture que celles de Tlascala ; surtout leur somptuosité se remarquait aux tours, qui faisaient connaître la multitude leurs Temples. Le Peuple était plus sage que guerrier, la plupart gens de Commerce, ou Officiers ; beaucoup de monde, et peu de distinction. »

In Don Antoine de Solis, Histoire de la conquête du Mexique ou de la Nouvelle-Espagne, éd. P. Auboüin, 1691, III, 4, p. 230.
Sur books.google.com.


Les paysans mayas

« Les Indiens ont la bonne coutume de s’entraider mutuellement dans leurs travaux. A l’époque de leurs semailles, ceux qui n’ont pas assez de monde pour le faire se réunissent de vingt en vingt (…).

Aujourd’hui les terres sont communes et elles appartiennent au premier qui les occupe. Ils ont le soin de semer en des endroits différents de manière que si la récolte d’un champ vient à manquer, celle d’un autre y supplée. Ils ne font subir aucune préparation au sol, se contentant seulement, quelque temps avant les semailles, de réunir et de brûler les mauvaises herbes (…). Ils [sèment] portant un petit sac sur les épaules, et creusant un trou dans la terre avec un bâton ; dans chaque cavité ainsi faite, ils jettent cinq ou six graines, les recouvrent ensuite à l’aide du bâton. »

Extrait de Oiego de Lança, Relation des choses du Yucatan (XVIe siècle), in COLL., Histoire-Géographie 5e, initiation économique, Paris, Nathan, 1987.