Xi Zhongxun [习仲勋 -15 octobre 1913- 24 mai 2002], fut un des membres les plus importants du Parti communiste chinois auquel il adhéra en 1928. Originaire de la province du Shaanxi, où il organisa et anima le parti local, il devint en 1949 le responsable du Parti communiste chinois, du gouvernement et de l’Armée populaire de libération pour le nord-ouest de la Chine. En avril 1959, il devint vice-Premier ministre et secrétaire général du Conseil d’État, chargé du travail exécutif du Conseil d’État. Très présent dans les arcanes du pouvoir, il fut néanmoins victime de la purge organisée par Mao en 1962. Réhabilité à la fin des années 70, il est alors chargé de la mise en oeuvre de la politique économique décidée par Deng Xiaoping. C’est dans ce contexte qu’il aurait publié le document proposé ci-dessous.
Dans ce rapport daté de 1979, Xi Zhongxun revient sur l’affaire Li Yizhe (李一哲). Li Yizhe est, à cette époque, le pseudonyme collectif de trois jeunes révolutionnaires chinois qui, à la fin de l’année 1974, placardèrent sur les murs de Canton un dazibao de 67 pages, un manifeste politique qui fut reproduit avant même que les autorités chinoises aient pu le faire disparaître. Ce manifeste, intitulé À propos de la démocratie et de la légalité sous le socialisme, défiait ouvertement le gouvernement chinois en dénonçant l’autoritarisme de Mao Zedong. Arrêtés en 1977, ils sont réhabilités en 1979.
Xi Zhongxun commente ici le contrat passé entre le Parti communiste chinois et sa population. Ce texte refait actuellement surface en Chine via le réseau social WeChat et ce, en dépit du contrôle féroce et de la censure impitoyable exercée par l’État chinois, dans un contexte marqué par une contestation inédite en Chine depuis 1989 , liée à la politique zéro Covid devenue insupportable pour une large partie de la population.
Ce texte est aujourd’hui partagé et diffusé, manière pour les chinois de protester contre la politique menée actuellement par le fils de Xi Zhongxun … Xi Jinping !
Nous devons encourager les gens à libérer leur esprit, à donner toute sa place à la démocratie, à insister sur la recherche de la vérité à partir des faits et à partir de la réalité.
Le principe du centralisme démocratique doit être maintenu et, à l’heure actuelle, il est particulièrement nécessaire de mettre l’accent sur la démocratie socialiste. La cause de notre Parti est la cause de millions de personnes, et le peuple doit être autorisé à s’exprimer et encouragé à s’intéresser aux affaires nationales.
Peu importe ce que les gens disent, qu’ils aient tort ou raison, pourvu qu’ils soient favorables à la cause socialiste, ils doivent écouter tout ce qui est agréable et dur à entendre, c’est seulement de cette façon qu’ils peuvent mettre en commun leur sagesse, être vifs et enthousiastes. Un parti révolutionnaire a peur de ne pas entendre la voix du peuple, et le plus terrible est que la corneille est silencieuse.
Avoir peur de la démocratie est un signe de dépression nerveuse. Sur cette question, il faut croire que la majorité des masses chériront leurs droits démocratiques.
Les contradictions internes au sein du peuple doivent être gérées correctement et le peuple ne doit pas être traité comme un ennemi de classe.
Parmi les problèmes sociaux en Chine, la question du système juridique est très importante. Tant de lois ont été promulguées, sont-elles vraiment appliquées ? Un mot du secrétaire du Parti du comté ou du secrétaire du Parti de la province peut remplacer les lois du pays, sans parler des dirigeants du Parti et de l’État. Ce phénomène est très anormal. Par conséquent, si le pays veut bénéficier d’une stabilité à long terme, il doit s’appuyer sur le développement de la démocratie et le perfectionnement du système juridique.
Nous ne devons jamais monter sur la tête du peuple. Il serait très mauvais que nos cadres appellent les gens à les considérer comme des « fonctionnaires » et des « seigneurs ».
Empêcher les gens d’être au contact de leurs dirigeants locaux, c’est couper le lien entre les masses et les organes du Parti et du gouvernement, et c’est faire un mauvais coup en bloquant le gouvernement central.
Comment les organes et les cadres du Parti communiste peuvent-ils avoir peur du peuple et ne pas avoir de sentiments pour lui ? Peut-on les appeler des cadres communistes ? De tels cadres ne seraient même pas considérés comme de bons fonctionnaires dans une société féodale !
Quelle que soit l’importance de votre fonction, n’oubliez pas de servir le peuple avec diligence et sincérité, de penser vraiment au peuple, d’aller vers les masses et d’être accessible.
Les faits des temps anciens et modernes montrent qu’il est difficile pour une nation fermée de se développer et de progresser.
Mille mots ne servent à rien, la seule façon d’améliorer le niveau de vie des gens est de les élever. Sinon, les gens ne feront que voter avec leurs pieds.
Le pays est le peuple, et le peuple est le pays !
Traduction du texte proposée par le site du Grand Continent disponible ICI