C’était au temps où l’on comptait les tonnes d’acier. Les lycéens apprenaient par cœur pour l’URSS, la Chine, les États-Unis ou le Japon les chiffres de la production de pommes de terres, de lait, d’œufs, de viande, de pétrole ou de soja. Les cours de géographie commençaient avec le climat et le relief suivis de l’agriculture, de l’industrie, etc.

« Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » avait répété Alain  Peyrefitte en 1975 après Napoléon  Bonaparte. En 1983, les actualités sur la Chine témoignaient encore d’une sympathique et paternaliste condescendance (ainsi de la complaisance d’une voix féminine chinoise qu’on entendait en off sur ces documentaires). Dans les manuels de géographie, les lycéens de terminales A (1,2,3), B, C ou D devaient bien comprendre que le réveil de la Chine  n’était pas pour demain. Il restait apparemment du pain sur la planche.


Des échanges extérieurs limités

Le commerce extérieur de la R.P.C. ne représente que 6 % du PNB : la faiblesse des échanges internationaux traduit à la fois la conception maoïste d’auto-suffisance et la pauvreté relative en devises. De ce point de vue, il est intéressant de comparer Chine populaire et Taïwan.

La politique commerciale

Avant 1970, la politique commerciale de la Chine consiste à limiter les importations pour éviter l’hémorragie de devises ; les exportations procurent les devises nécessaires à l’achat de matériels et d’équipements pour l’industrie et l’agriculture, elles ne doivent en aucun cas alimenter la consommation privée.

Le commerce extérieur est contrôlé par l’État qui délègue ses pouvoirs à des Centrales d’Achat qui commercent avec l’étranger. Depuis 1980 environ, ce système rigide est remplacé par des organismes liés aux sociétés nationales industrielles.

L’évolution de la structure du commerce extérieur traduit les fluctuations de l’économie chinoise. L’essor industriel des années 1950 apparaît clairement dans la structure des importations qui comportent 70 % de produits d’équipements : machines, matériels industriels et de transport en provenance d’URSS et des pays de l’Est. Les exportations sont formées de produits agricoles et de matières premières minérales. A partir de 1960, après la rupture avec l’URSS et l’échec du Grand Bond en Avant, la Chine devient importatrice de blé et d’engrais chimiques; ce sont les textiles qui forment 40 % des exportations tandis que se développent les échanges avec les pays occidentaux. Après 1970, la Chine exporte des produits agricoles, en particulier des viandes, des textiles, mais surtout des produits manufacturés et du pétrole. Elle importe des engrais chimiques, des équipements industriels et des usines « clés en main ».

Les partenaires

La répartition géographique des partenaires commerciaux de la Chine reflète les orientations de la politique extérieure menée depuis trente ans. Au cours de la décennie 1950- 1960, plus des trois-quarts des échanges se font avec les pays du bloc socialiste1 que domine l’URSS. Après 1960, le commerce avec l’URSS s’effondre au profit des pays occidentaux et de quelques pays asiatiques. Au cours de la décennie 1970-1980, les pays non socialistes monopolisent 80 % des échanges. Le Japon et Hong-Kong2 viennent nettement en tête, suivis de très loin par les pays du Marché Commun principalement la RFA et la France – enfin par les États-Unis qui réalisent moins de 3 % des échanges avec la Chine. Aux pays industrialisés la Chine achète des biens d’équipement, des produits industriels de base, des usines «clés en main ››, du matériel de transport ; elle vend du pétrole, des textiles et des produits alimentaires. Ses échanges avec les pays du Tiers Monde sont plus originaux : la Chine exporte des produits agricoles, des textiles, des articles de consommation courante et du matériel d’équipement industriel ; elle importe d’autres produits agricoles et des matières premières comme le cuivre ou les phosphates.

Les ports et la flotte marchande
Chine dans un manuel de géographie de 1983
Géographie. Terminale, Hatier, 1983, p. 219.

Le sous-développement des échanges avec l’extérieur s’est traduit qu’en 1970 par le faible tonnage de la flotte marchande et par la vétusté des installations portuaires dont les équipements avaient été réalisés avant 1945 pour répondre aux besoins des entreprises étrangères.

La flotte marchande connaît un essor rapide depuis 1970. La Chine augmente alors ses échanges avec l’étranger et, pour éviter le recours coûteux à des pavillons de complaisance, elle achète des bateaux d’occasion et commande des unités spécialisées – pétroliers, minéraliers et porte-conteneurs – aux chantiers navals japonais. Dans le même temps, on modernise les chantiers pour la production d’unités de fort tonnage. Cette politique se traduit par un brusque accroissement du tonnage marchand. En dix ans, la flotte marchande est passée du 29e rang mondial au 14e rang. Mais la Chine reste tributaire de l’étranger.

Face à l’essor du commerce international, les installations portuaires révèlent de graves carences. La capacité d’accueil des ports chinois est inférieure au trafic et, pour éviter de longues attentes, il est indispensable d’agrandir les installations et de les doter d’infrastructures spécialisées. Des avant-ports doivent souvent doubler les anciens bassins incapables de recevoir des bâtiments de fort tonnage. Depuis une dizaine d’années, d’importants travaux de modernisation ont été mis en chantier. Ainsi, non seulement les ports chinois pourront accueillir le trafic international, mais aussi le cabotage dont l’expansion pourrait soulager le trafic ferroviaire et routier souvent engorgé.

André Bras et Jean Brignon, IPR (dir.), Géographie, Terminale, Hatier, collection « Bras-Brignon », 1983, p. 217-218.

1 Le vocabulaire pédagogique, journalistique ou universitaire emploie alors le terme « socialiste » pour évoquer les pays communistes.

2 Hong-Kong est alors un territoire britannique distinct de la Chine.