I have a dream

discours de Martin Luther King à Washington le 28 août 1963

« Il y a un siècle de cela, un grand américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre acte d’émancipation.

Mais cent ans ont passé et le Noir n’est pas encore libre. Cent ans ont passé et l’existence du Noir est toujours tristement entravée par les liens de la ségrégation, les chaînes de la discrimination.(…) Cent ans ont passé et le Noir vit encore sur l’île de la pauvreté, au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans ont passé et le Noir languit toujours dans les marges de la société américaine et se trouve en exil dans son propre pays. (…)

Je rêve qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra selon le véritable sens de sa foi politique. Nous tenons ces vérités pour évidentes que les hommes sont créés égaux. Je rêve qu’un jour, sur les collines rouges de Géorgie, les fils d’anciens esclaves et les fils d’anciens propriétaires d’esclaves s’attableront ensemble à la table de la fraternité. Je rêve qu’un jour, mes quatre jeunes enfants vivront dans une nation où ils ne seront pas jugés d’après la couleur de leur peau, mais d’après leur caractère. »


Premiers doutes (Nixon en 1969)

« (…) Je pense qu’une des faiblesses de la politique étrangère américaine est que trop souvent nous réagissons plutôt précipitamment aux événements quand ils se produisent. Il nous manque la perspective et la vision à long terme qui est essentielle pour une politique qui soit viable.

(…) Je suis convaincu que, pour éviter d’être entraînés dans une autre guerre en Asie, les États-Unis doivent continuer à jouer un rôle important.

Je pense que nous pourrions être entraînés si nous essayions de nous retirer, parce que, que nous le voulions ou non, la géographie fait de nous une puissance du Pacifique.

De même, si nous nous plaçons dans une perspective historique, la Seconde Guerre mondiale a débuté en Europe, mais pour les États-Unis elle a commencé dans le Pacifique. Elle est venue d’Asie. La guerre de Corée est venue d’Asie. La guerre du Viêt-Nam est venue d’Asie.

Ainsi, quand nous considérons notre histoire passée, les États-Unis ont été entraînés dans la guerre très souvent à cause de notre politique pacifique, ou de l’absence de politique pacifique, selon le cas. (…)

Je crois que le temps est venu pour les États-Unis, dans leurs relations avec tous leurs amis asiatiques, de mettre l’accent sur deux points : un, nous maintiendrons nos engagements définis par traité (…) ; mais, deux, dans la mesure où il s’agira de problèmes de sécurité interne, de problèmes de défense militaire, sauf en cas de menace d’emploi des armes nucléaires par une grande puissance, les États-Unis feront en sorte et ont le droit de compter que ces problèmes seront de plus en plus pris en charge et relèveront de la responsabilité des nations asiatiques elles-mêmes. (…)

Ce ne sera pas facile. Mais si les États-Unis continuent simplement à répondre aux demandes d’assistance, à assumer la responsabilité primaire de défense de ces pays quand ils auront des problèmes internes ou extérieurs, ceux-ci ne commenceront jamais à s’occuper d’eux-mêmes (…).

Je veux être sûr qu’à l’avenir notre politique dans le monde entier, en Asie, en Amérique latine, en Afrique et ailleurs, réduira les interventions américaines. Une politique d’assistance, oui, d’assistance pour les aider à résoudre leurs propres problèmes, mais sans que nous fassions nous-même le travail, simplement parce que c’est le moyen le plus facile. (…) »

Richard M. NIXON, « Remarques informelles à Guam avec des journalistes », 25 juillet 1969, traduit et publié in Jean HEFFER, Les États-Unis de Truman à Bush. Paris, Armand Colin, coll. « Cursus », 1990.

Déclaration de Richard Nixon sur la convertibilité du dollar (extraits)

15 août 1971

« J’ai donné l’instruction à M. John Connally, secrétaire au Trésor, de suspendre temporairement la convertibilité du dollar en or. Que signifie pour vous cette mesure ? Si vous êtes dans l’écrasante majorité qui achète américain, des produits fabriqués en Amérique, votre dollar aura exactement la même valeur demain qu’aujourd’hui. Notre souci principal est le travailleur américain et la concurrence loyale dans le monde entier.

A nos amis à l’étranger, je donne l’assurance suivante : l’Amérique a toujours été et continuera d’être un partenaire soucieux de l’avenir et digne de confiance.

Je suis fermement décidé à ce que le dollar ne soit plus jamais un otage aux mains des spéculateurs internationaux. Nous devons protéger la position du dollar américain en tant que pilier de la stabilité monétaire dans le monde.

A la fin de la deuxième guerre mondiale, les économies des principales nations industrielles d’Europe et d’Asie étaient saccagées. Pour les aider à se remettre sur pied et à protéger leur liberté, les Etats-Unis leur ont fourni 143 milliards de dollars au titre de l’aide à l’étranger. Il nous appartenait de le faire.

Aujourd’hui, en grande partie grâce à notre aide, elles ont retrouvé leur dynamisme et sont devenues de fortes concurrentes. A présent qu’elles sont économiquement puissantes, le moment est venu pour qu’elles portent leur part équitable du fardeau pour la défense de la liberté de par le monde.

Le moment est arrivé pour que les taux de change soient rectifiés et pour que les principales nations se fassent concurrence sur un pied d’égalité. il n’y a plus de raison que les Etats-Unis luttent avec une main attachée derrière le dos. Alors que la menace de la guerre s’estompe, le défi de la concurrence pacifique se précise.

Cette concurrence est la bienvenue car l’Amérique est à son mieux quand elle est appelée à lutter. Aucune nation n’ a rien à craindre de notre concurrence car nous entraînons nos concurrents vers de nouveaux sommets à conquérir pour leurs propres peuples (…). »

Source : B. Phan (dir.), le système monétaire international, Paris, 1990.

– Des extraits en anglais :
http://www.gold.org/value/reserve_asset/history/monetary_history/vol3/1971aug15.html

– Le discours intégral, en anglais (format .pdf)
http://www.nixonfoundation.org/Research_Center/1971_pdf_files/1971_0264.pdf

Richard Nixon démissionne de la présidence des Etats-Unis, 8 août 1974

Mettant un terme à un scandale qui le poursuit et le touche de plus en plus directement, Richard Nixon décide de démissionner de la présidence des Etats-Unis lorsqu’il calcule qu’il n’a plus, au Congrès, les appuis nécessaires pour se maintenir envers et contre tout à son poste. Le scandale du Watergate, né du cambriolage des locaux du parti démocrate, a finalement eu raison de celui qui pensait pouvoir mener à terme son second mandat présidentiel. Au début de son discours, il fait le point de la situation qui l’a conduit à prendre cette décision.

« Bonsoir,

C’est la 37e fois que je vous parle de ce bureau, où tant de décisions qui ont façonné l’histoire de cette nation ont été prises. Chaque fois, je me suis adressé à vous pour discuter de l’une ou l’autre affaire qui, je pense, concernait l’intérêt national.

Dans toutes les décisions que j’ai prises au cours de ma vie politique, j’ai toujours essayé de faire ce qui était le mieux pour la nation. Durant la longue et difficile période du Watergate, j’ai ressenti qu’il était de mon devoir de persévérer, d’accomplir tous les efforts possibles pour achever le terme du mandat pour lequel vous m’avez élu.

Au cours de ces derniers jours, cependant, j’ai dû me rendre à l’évidence que ne bénéficiais plus, au Congrès, d’un appui politique suffisamment solide pour justifier la continuation de cet effort. Tant que je disposais d’un tel appui, je ressentais vivement qu’il était nécessaire de mener le processus constitutionnel à terme, qu’agir autrement aurait été déloyal envers l’esprit de ce processus délibérément difficile et aurait créé un précédent sérieusement déstabilisant pour l’avenir.

Mais en raison de la disparition de cet appui, je crois désormais que la cause constitutionnelle a été servie et que le processus ne doit plus être prolongé.

J’aurais préféré continuer jusqu’au bout, quelle que soit l’angoisse personnelle que cela aurait impliqué, et ma famille m’a poussé unanimement à le faire. Cependant, l’intérêt de la Nation doit toujours passer avant toute considération personnelle.

Des discussions que j’ai eues avec les dirigeants du Congrès et d’autres dirigeants, j’ai conclu qu’en raison de l’affaire du Watergate, je ne bénéficierais peut-être pas du soutien du Congrès, soutien que je juge nécessaire pour appuyer les décisions difficiles et m’acquitter des fonctions de ce mandat de la manière requise par les intérêts de la Nation.

Je n’ai jamais été un lâcheur. Quitter mes fonctions avant la fin de mon mandat est détestable pour chaque instinct de mon corps. Mais en tant que président, je dois faire passer l’intérêt des États-Unis avant toute autre chose. Les États-Unis ont besoin d’un président à plein temps et d’un Congrès à plein temps, particulièrement en ce moment avec les problèmes que nous rencontrons dans notre pays et à l’étranger.

Continuer à me battre pendant les mois à venir pour ma défense personnelle monopoliserait presque entièrement le temps et l’attention du président et du Congrès à une période où nous devrions concentrer toute notre attention sur ces grands problèmes concernant la paix à l’étranger et sur la prospérité, chez nous, sans inflation.

En conséquence, je démissionne de la présidence. Cette démission prendra effet demain à midi. Le vice-président Ford prêtera serment en tant que président au même moment dans ce bureau. […] »

« Je démissionne de la présidence ». Paris, Points, 2010, pp. 11 – 15.

Richard Nixon fait le bilan de sa présidence, 8 août 1974

Après avoir annoncé les raisons qui l’ont amené à démissionner et appelé à faire confiance à son successeur, Gerald Ford, Richard Nixon fait un bilan de sa présidence inaugurée en 1968 et dresse la liste des défis qui attendent les Etats-Unis.

« Ces années ont vu des réalisations dont nous pouvons tous être fiers, des réalisations qui représentent les efforts partagés de l’Administration, du Congrès et du peuple.

Mais les défis à venir sont tout aussi grands et eux aussi nécessiteront le soutien et les efforts du Congrès et des personnes travaillant en coopération avec la nouvelle Administration.

Nous avons mis fin à la guerre la plus longue des Etats-Unis, mais en ce qui concerne la tâche d’assurer une paix durable dans le monde, les objectifs à venir sont plus complexes et d’une portée encore plus considérable. Nous devons achever l’organisation de la paix afin que les citoyens de toutes les nations confondues disent de cette génération, de notre génération d’Américains, non seulement que nous avons mis fin à une guerre mais que nous avons empêché les guerres futures.

Nous avons ouvert les portes qui, pendant un quart de siècle, ont séparé les Etats-Unis de la République populaire de Chine.

Nous devons maintenant nous assurer que le quart de la population mondiale qui vit en République populaire de Chine devienne et reste non pas notre ennemie mais notre amie.

Au Moyen-Orient, cent millions de personnes vivant dans les pays arabes, dont beaucoup nous ont considérés comme leur ennemi pendant presque vingt ans, nous considèrent maintenant comme des amis. Nous devons continuer à construire cette amitié afin que la paix puisse s’installer enfin au Moyen-Orient et que le berceau de la civilisation n’en devienne pas la tombe.

Avec l’Union soviétique, nous avons accompli les percées décisives qui ont permis d’entamer le processus de limitation des armes nucléaires. Mais nous devons avoir pour objectif non seulement de limiter, mais aussi de réduire et finalement de supprimer ces armes terribles, de telle sorte qu’elles ne puissent pas détruire la civilisation et que la menace d’une guerre nucléaire ne pèse plus sur le monde et les gens.

Nous avons engagé une nouvelle relation avec l’Union soviétique. Nous devons continuer à développer et étendre cette nouvelle relation, afin que les deux nations les plus puissantes du monde vivent ensemble dans un esprit de coopération plutôt que de confrontation.

Dans le monde entier, en Asie, en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient, des millions de personnes vivent dans un état de pauvreté épouvantable, même dans la famine. Nous devons garder pour objectif le fait de nous détourner de la production pour la guerre et d’accroître la production pour la paix, afin que les gens partout sur cette terre puissent enfin se réjouir, que leurs enfants, sinon eux, posséderont les choses essentielle à une vie décente.

Ici, aux Etats-Unis, nous avons la chance que la plupart de nos concitoyens ne bénéficient pas seulement des avantages que leur procure la liberté, mais aussi des moyens de bien vivre et, comparé aux niveaux mondiaux, de vivre même dans l’abondance. Nous devons cependant continuer résolument à viser l’augmentation et l’amélioration des emplois, mais aussi la pleine égalité des chances pour chaque Américain et la prospérité sans l’inflation, ce que nous nous efforçons sans répit d’obtenir pour l’instant. »

« Je démissionne de la présidence. Paris, Points, 2010, pp. 21 – 23.

La crise de confiance américaine en 1979

« Je vais évoquer devant vous, d’emblée, la grave menace qui pèse sur la démocratie américaine. (…) C’est une crise de confiance. (…) Nous avons toujours cru que la vie que connaîtraient nos enfants serait meilleure que la nôtre. Notre peuple est en train de perdre cette confiance. (…)

Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, il se trouve, dans notre peuple, une majorité pour croire que les cinq prochaines années seront pires que les cinq années qui viennent de s’écouler.

Les deux-tiers de nos concitoyens ne se dérangent même pas pour voter.

La productivité des travailleurs américains accuse une baisse indubitable et les habitants des Etats-Unis manifestent moins que les autres peuples du monde occidental la volonté d’économiser pour assurer leur avenir. (…)

Nous étions persuadés que notre nation était soumise à la loi du bulletin de vote, et non à celle des balles – jusqu’au jour où John Kennedy, puis Robert Kennedy et Martin Luther King ont été assassinés.

On nous avait appris que nos armées étaient invincibles et que nos causes étaient toujours justes – et puis nous avons enduré le drame du Viêt-nam.

Nous considérions la Présidence comme le symbole même de l’honneur – jusqu’à ce que nous secoue l’affaire du Watergate.

Nous nous souvenons du temps où l’expression « solide comme un dollar » traduisait l’idée même de la confiance – jusqu’à ce que six ans d’inflation commencent à réduire la valeur de notre monnaie et de nos économies.

Nous pensions que les ressources de notre nation étaient illimitées – et voilà qu’en 1979, nous avons dû affronter la dépendance grandissante dans laquelle nous plaçaient nos achats de pétrole étranger.

Ces blessures sont encore très profondes. Elles ne se sont jamais cicatrisées. »

Discours télévisé du président J. Carter, 15 juillet 1979.
Cité dans « Histoire Terminale », éditions Magnard, 1998, p. 221