Depuis l’investiture de Donald Trump pour un deuxième mandat présidentiel, la politique étrangère des Etats-Unis ressemble à un grand bateau ivre, tant les décisions prises, suivies souvent de brusques volte-face, déconcertent et interrogent. Pourtant, le texte de 1987 que nous présentons ici semble démontrer que la vision du monde et des États-Unis qui anime Donald Trump est relativement stable, depuis une quarantaine d’années.
Le document est une lettre ouverte que Donald Trump a fait publier, à ses frais, dans le New York Times du 2 septembre 1987. En 1987, Donald Trump, qui a alors 41 ans, est un homme d’affaires milliardaire qui a fait fortune dans l’immobilier. Sa réussite économique et sa capacité à attirer la lumière en font déjà, à cette époque, une personnalité médiatique nationale.
La lettre ouverte ressemble à une ébauche de programme politique et semble montrer que Donald Trump, membre du Parti Républicain, commence à nourrir des ambitions politiques nationales. En 1987, Ronald Reagan achève son second mandat présidentiel et les Primaires se profilent à l’horizon de 1988 pour désigner le candidat capable de lui succéder.
On trouve dans cette ébauche de programme politique ce qui est au coeur de la vision trumpiste du monde : un isolationnisme radical et un certain nombre d’obsessions récurrentes dans les discours de D. Trump.
S’en prendre avant tout aux alliés fidèles des États-Unis : le Japon et l’Arabie Saoudite. En 1987, la guerre froide n’est pas encore tout à fait terminée et, par conséquent, l’URSS demeure le principal adversaire des États-Unis. Mais D. Trump ignore ici cette réalité géopolitique fondamentale.
La conviction que les Alliés s’enrichissent sur le dos des États-Unis. Le Japon qui, dans les années 80, accède au statut de géant économique mondial et accumule des excédents commerciaux gigantesques, aux dépens des Etats-Unis (mais aussi de l’Europe de l’ouest), est alors la principale cible.
L’exigence de faire « payer le Japon, l’Arabie saoudite et d’autres pour la protection que nous leur accordons en tant qu’alliés ».
Trois points fondamentaux que tout un chacun retrouvera facilement dans les décrets signés depuis le 20 janvier 2025 par le 47e président des États-Unis.
Il n’y a rien de mauvais dans la politique de défense étrangère des États-Unis qu’un peu de courage ne puisse guérir.
Une lettre ouverte de Donald Trump expliquant pourquoi l’Amérique devrait cesser de payer pour défendre les pays qui peuvent se permettre de se défendre eux-mêmes.
Au peuple américain :
Depuis des décennies, le Japon et d’autres nations profitent des États-Unis.
La saga continue sans relâche alors que nous défendons le Golfe Persique, une zone d’une importance marginale pour les États-Unis en termes d’approvisionnement en pétrole, mais dont le Japon et d’autres dépendent presque entièrement. Pourquoi ces nations ne paient-elles pas les États-Unis pour les vies humaines et les milliards de dollars que nous perdons à financer leurs intérêts ? L’Arabie saoudite, un pays dont l’existence même est entre les mains des États-Unis, a refusé la semaine dernière de nous autoriser à utiliser ses dragueurs de mines (qui sont, malheureusement, bien plus perfectionnés que les nôtres) pour surveiller le Golfe. Le monde se moque des politiciens américains alors que nous protégeons des navires qui ne nous appartiennent pas, transportant du pétrole dont nous n’avons pas besoin et destinés à des alliés qui refusent de nous aider.
Au fil des ans, les Japonais, libérés des coûts exorbitants de leur défense (tant que les États-Unis la prennent en charge gratuitement), ont bâti une économie forte et dynamique, affichant des excédents sans précédent. Ils ont brillamment réussi à maintenir un yen faible face à un dollar fort. Ceci, combiné à nos dépenses colossales pour leur défense et celle des autres, a propulsé le Japon au premier rang des économies mondiales.
Maintenant que la situation s’inverse et que le yen s’apprécie face au dollar, les Japonais se plaignent ouvertement et, comme à leur habitude, nos politiciens réagissent à ces plaintes injustifiées.
Il est temps pour nous de mettre fin à notre énorme déficit en faisant payer le Japon et ceux qui en ont les moyens. Notre protection du monde représente des centaines de milliards de dollars pour ces pays, et leur intérêt dans cette protection est bien plus grand que le nôtre.
Faisons payer le Japon, l’Arabie saoudite et d’autres pour la protection que nous leur accordons en tant qu’alliés. Aidons nos agriculteurs, nos malades, nos sans-abri en puisant dans certaines des plus grandes machines à profit jamais créées – des machines que nous avons créées et entretenues. « Taxons » ces nations riches, pas l’Amérique. Mettons fin à nos énormes déficits, réduisons nos impôts et laissons l’économie américaine croître sans avoir à supporter le coût de la défense de ceux qui peuvent facilement nous payer pour la défense de leur liberté. Ne laissons plus notre grand pays être ridiculisé.
Sincèrement.
Donald Trump
Lettre ouverte publiée par Donald Trump dans le New York Times du 2 septembre 1987
Version originale du texte
There´s nothing wrong with America’s Foreign Defense Policy taht a little backbone can’t cure
An open letter from Donald Trump on why America should stop paying to defend countries that can afford to defend themselves.
To The American People :
Por decades, Japan and other nations have been taking advantage of the United States.
The saga continues unabated as we defend the persian Gulf, an area of only marginal significance to the United States for its oil supplies, but one upon which Japan and others are almost totally dependent. Why are these nations not paying the United States for the human lives and billions of dollars we are losing to pay their interests? Saudi Arabia, a country whose very existence is in the hands of the United States, last week refused to allow us to use their mine sweepers (which are, sadly, far more advanced than ours) to police the Gulf. The world in laughing at America’s politicians as we protect ships we don’t own, carrying oil we don’t need, destined for allies who won’t help.
Over the years, the Japanese, unimpeded by the huge costs of defending themselves (as long an as the United States will do it for free), have built a strong and vibrant economy with unprecedented surpluses. They have brilliantly managed to maintain a weak yen against a strong dollar. This, coupled with our monumental spending for their, and others, defense, has moved Japan to the forefront of world economies.
Now that the tides are turning and the yen in becoming strong against the dollar, the Japanese are openly complaining and, in typical fashion, our politicians are reacting to these unjustified complaints.
It’s time for us to end our vast deficit by making Japan, and others who can afford it, pay. Our world protection is worth hundreds of billions of dollars to these countries and their stake in their protection is far greater than ours.
Make Japan, Saudi Arabia, and others pay for the protection we extend as allies. Let’s help our farmers, our sick, our homeless by taking from some of the greatest profit machines ever created – machines created and nurtured by us. “Tax” these wealthy nations, not America. End our huge deficits, reduce our taxes, and let America’s economy grow unencumbered by the cost of defending those who can easily afford to pay us for the defense of their freedom. Let’s not let our great country be laughed at anymore.
Sincerely.
Donald Trump
Lettre ouverte de Donald Trump, New York Times, 2 sept. 1987
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