« En ce qui concerne la France, j’affirme que sa terre n’est pas encore cultivée au maximum. La France pourrait avoir un rendement agricole bien différent si messieurs les paysans étaient contraints de travailler davantage. D’autre part, la population française s’empiffre de nourriture que c’en est une honte. J’ai vu des villages où ils ont défilé avec leurs longs pains blancs sous le bras. Dans les petits villages, j’ai vu des oranges à pleins paniers, des dattes fraîches d’Afrique du Nord. Hier, quelqu’un a dit : «C’est vrai. La nourriture normale de ces gens s’obtient par le marché noir et le troc, la carte n’est qu’un appoint pour ces gens. » C’est là le secret pourquoi les gens sont si gais en France. Sans cela, ils ne le seraient pas… Il n’est pas question ici du seul ravitaillement, mais je m’époumone pour affirmer que je considère, au fond, toute la France occupée par nous comme pays conquis. Il me semble qu’autrefois la chose était plus simple. Autrefois, on pillait. Celui qui avait conquis le pays disposait des richesses de ce pays. À présent, les choses se font de façon plus humaine. Quant à moi, je songe tout de même à piller et rondement…
La Collaboration, c’est seulement M. Abetz qui en fait, moi pas. La collaboration de messieurs les Français, je la vois seulement de la façon suivante. Qu’ils livrent tout ce qu’ils peuvent jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus ; s’ils le font volontairement, je dirai que je collabore ; s’ils bouffent tout eux-mêmes, alors ils ne collaborent pas. Il faut que les Français s’en rendent compte…
Dites aux usines qui ne livrent pas qu’elles n’auront plus rien à se mettre sous la dent. Je leur enverrai des vieilles selles de cosaques. Les Russes en ont bien bouffé. »
Compte rendu de la Conférence du Reichsmarschall Goering avec les commissaires du Reich pour les territoires occupés et les commandants militaires sur la situation alimentaire (6 août 1942).