En 1955, Louis Aragon [1897-1982] compose un poème intitulé « Strophes pour se souvenir », en hommage au groupe FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée) composé de 23 résistants menés par Missak Manouchian. Il furent fusillés au Mont Valérien le 
Mais Aragon n’est pas le seul à s’en être inspiré. Quelques années plus tôt, en 1949, Paul Éluard [1895-1952] rédige « Légion », également en hommage au groupe Manouchian des 23.

Légion

Si j’ai le droit de dire en français aujourd’hui
Ma peine et mon espoir, ma colère et ma joie
Si rien ne s’est voilé définitivement
De notre rêve immense et de notre sagesse
C’est que des étrangers comme on les nomme encore
Croyaient à la justice ici bas et concrète
Ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables
Ces étrangers savaient quelle était leur patrie
La liberté d’un peuple oriente tous les peuples
Un innocent aux fers enchaîne tous les hommes
Et qui ne se refuse à son coeur sait sa loi
Il faut vaincre le gouffre et vaincre la vermine
Ces étrangers d’ici qui choisirent le feu
Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours
Un soleil de mémoire éclaire leur beauté
Ils ont tué pour vivre ils ont crié vengeance
Leur vie tuait la mort au coeur d’un miroir fixe
Le seul vœu de justice a pour écho la vie
Et lorsqu’on n’entendra que cette voix sur terre
Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés.
Et ce sera justice.
Paul Éluard, 1949

Le groupe Manouchian, photographié peu de temps avant son exécution.
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