Nommé secrétaire général de la Police par le nouveau  chef du gouvernement Pierre Laval en avril 1942, René Bousquet se met aussitôt  au service de la politique de collaboration active incarnée par celui-ci. Le 6 mai 42 à Paris, Bousquet  a eu un long et fructueux entretien avec Reinhardt Heydrich, chef du RSHA, et avec le général SS Karl Oberg, qui assume à partir de cette date les fonctions de chef suprême de la SS et de la police allemande en France. 

L’ambitieux secrétaire général croit pouvoir renforcer l’autonomie de la police française – qu’il veut moderniser -, en échange d’une étroite collaboration avec l’occupant.  Cela aboutit le 2 juillet 1942 aux « accords » Bousquet-Oberg, puis à la particiption active de la police française aux rafles de juifs pendant  l’été 42.


 

Paris, 18 juin 1942

 

à monsieur le Général Oberg

Commandant supérieur des S.S

Paris

 

Monsieur le Général,

                                                                                                                         Je vous adresse ci-joint la note personnelle dans laquelle j’ai résumé l’essentiel des conversations que j’ai eu l’honneur d’avoir avec le regretté géneral HEYDRICH et avec vous-même.

Ainsi que nous en avons convenu dans notre récent entretien, j’ai consigné dans cette note des principes nouveaux qui me paraissent devoir fixer pour  l’avenir les modalités de la collaboration indispensable entre les polices.

Vous connaissez la police française. Elle a sans doute ses défauts, mais elle a aussi ses qualités. Je suis persuadé que réorganisée sur des bases nouvelles et énergiquement  dirigée, elle est susceptible de rendre les plus grands services. Déjà dans de nombreuses affaires, vous avez pu constater son activité et l’efficacité de son action. Je suis certain qu’elle peut faire davantage encore.

Il faut songer cependant aux conditions moralement si pénibles dans lesquelles elle travaille et ne pas oublier que son action quotidienne ne peut se développer que dans une atmosphère de confiance et de respect de la population à son égard.

Je désirerais vivement que la police française puisse rapidement recouvrer auprès de la population le crédit moral dont elle a besoin pour accomplir sa tâche. Il est malheureusement certain que les arrestations  auxquelles ont procédé les services français et qui ont abouti à des condamnations capitales devant les Tribunaux Militaires allemands ont provoqué dans la police française un véritable désarroi et dans l’esprit du public un trouble qui aboutit à enlever à la Police la plupart des éléments d’information dont elle doit disposer.

Je suis persuadé que les résultats les plus heureux peuvent être obtenus grâce aux efforts que nous ferons, vous et moi, pour réaliser sur le plan régional et départemental, une collaboration véritable et efficace de nos services respectifs.

Veuillez agréer, monsieur le Général, l’assurance de ma haute considération.

René Bousquet, secrétaire général de la Police

 

Y Pierre Laval écrit à Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, 12 mai 1942