Vichy, le 12 mai 1942
«Excellence,
j’ai accepté, sous la haute autorité du Maréchal PETAIN, de prendre la responsabilité de diriger la politique française à un moment difficile. Vous connaissez mon sentiment sur les rapports que je voudrais voir s’établir entr enos deux pays. Ils doivent être fondés sur la loyauté et la confiance loyauté.
Les Français savent que je veux rechercher et épuiser tous les moyens pour aboutir à la réconciliation et à l’ entente avec l’Allemagne.
Ils savent que la paix future sera assurée si nous sommes d’accord, etje suis sûr, dans ces conditions, que la France aura dans l’ Europe nouvelle, une place digne de son passé.
L’Allemagne, pour préserver l’Europe d’une bolchevisation qui détruirait jusqu’ux principes mêmes de notre civilisation, est sur le point de livrer un combat gigantesque. Le sang de sa jeunesse va couler. Je veux que vous sachiez que le gouvernement français ne reste pas insensible devant l » immensité des sacrifices que votre pays va consentir. Et, dans notre malheur, je voudrais spontanément et simplement vous dire que la France est prête à prendre, suivant ses moyens et dans le moindre délai, une part dans votre effort.
L’Allemagne a besoin d’hommes car elle a mobilisé pour la plus grande bataille de l’histoire les éléments les plus jeunes et les plus actifs de son peuple. Je comprends cette nécessité et je suis disposé à vous apporter mon aide Je voudrais donc que les français aillent aussi nombreux que possible remplacer dans vos usines ceux qui partent pour le front russe.
Le Français est attaché à son sol, mais je sais qu’il acceptera de le quitter pour une tâche dont on lui aura montré la valeur historique et nationale. Je m’y emploierai de mon mieux et je vous demande de m’aider à créer les conditions psychologiques qui faciliteront mon action.
La France, par sa légion antibolchevique, figure sur la ligne de combat. Il serait possible d’en augmenter l’effectif et le gouvernement français est décidé à donner, à tous ceux qui ont accepté ou accepteraient de s’enrôler, des certitudes pour que leurs intérêts et ceux de leurs familles soient justement sauvegardés.
Je prie Votre Excellence de bien vouloir soumettre cette lettre au Führer comme témoignage de la sincérité du gouvernement français. Veuillez agréer, Excellence, l’assurance de ma plus haute considération et de mes sentiments les meilleurs.
Pierre Laval, lettre adressée à son Excellence M. Von Ribbentrop, ministre des Affaires Etrangères du Reich, 12
mai 1942.