Princesse héritière depuis le couronnement de son père George VI en 1936, la princesse Elizabeth d’York est en pleine tournée, avec le reste de la famille royale, dans le Commonwealth (plus précisément en Afrique du Sud et en Rhodésie) lorsqu’arrive son 21ème anniversaire, en 1947.
De plus en plus présente auprès de son père, qui la prépare déjà à la succession, la jeune princesse prononce sur les ondes de la BBC, le lundi 21 avril 1947, un discours qui marque sa prise de conscience publique et officielle des missions lourdes qui l’attendent en tant que future souveraine de 56 nations.
Version française (traduction non officielle)
En ce vingt-et-unième anniversaire, je me réjouis de pouvoir m’adresser à tous les peuples du Commonwealth et de l’Empire britannique, où qu’ils vivent, quelle que soit leur race et quelle que soit leur langue.
Permettez-moi de commencer par dire « merci » aux milliers de personnes qui m’ont envoyé des messages de bonne volonté. C’est un jour heureux pour moi, mais c’est aussi un jour qui amène à penser sérieusement à la vie qui s’annonce avec tous ses défis et toutes ses opportunités.
Dans un tel moment, il est très utile de savoir qu’il y a des multitudes d’amis dans le monde entier qui pensent à moi et qui me veulent du bien. Je leur en suis reconnaissante et je suis profondément émue.
Alors que je vous parle aujourd’hui du Cap, je suis à six mille miles du pays où je suis née. Mais je ne suis certainement pas à six mille miles de chez moi. Partout où j’ai voyagé dans ces charmants pays d’Afrique du Sud et de Rhodésie, mes parents, ma sœur et moi avons été amenés au cœur de leur peuple et nous avons senti que nous étions autant chez nous ici que si nous avions vécu parmi eux toute notre vie.
C’est le grand privilège de notre place dans le Commonwealth mondial : il y a des maisons prêtes à nous accueillir sur tous les continents de la planète. Avant d’être beaucoup plus âgée, j’espère que j’en connaîtrai beaucoup.
Bien qu’il n’y ait aucun des sujets de mon père, du plus âgé au plus jeune, que je ne souhaite pas saluer, je pense particulièrement aujourd’hui à tous les jeunes hommes et femmes qui sont nés à peu près en même temps que moi et qui ont grandi comme moi dans les années terribles et glorieuses de la seconde guerre mondiale.
Voulez-vous, vous, les jeunes de la famille des nations britanniques, me laisser parler le jour de mon anniversaire comme votre représentante ? Maintenant que nous devenons des hommes et des femmes, c’est certainement une grande joie pour nous tous de penser que nous serons en mesure d’alléger un peu le fardeau de nos aînés qui ont combattu, travaillé et souffert pour protéger notre enfance.
Nous ne devons pas nous laisser décourager par les angoisses et les difficultés que la guerre a laissées derrière elle pour toutes les nations de notre Commonwealth. Nous savons que ces choses sont le prix que nous avons joyeusement entrepris de payer pour le grand honneur de nous tenir seuls, il y a sept ans, pour défendre la liberté du monde. Disons avec Rupert Brooke : « Que Dieu soit remercié d’avoir été avec nous à cette heure ».
Je suis sûre que vous verrez nos difficultés, de la même façon que je les vois, comme une grande opportunité pour vous et moi. La plupart d’entre vous ont lu dans les livres d’histoire la fière déclaration de William Pitt selon laquelle l’Angleterre s’était sauvée par ses efforts et sauverait l’Europe par son exemple. Mais à notre époque, nous pouvons dire que l’Empire britannique a d’abord sauvé le monde, et qu’il doit maintenant se sauver lui-même après la bataille.
Je pense que c’est une chose encore plus belle que ce qui a été fait à l’époque de Pitt ; et c’est à nous, qui avons grandi dans ces années de danger et de gloire, de veiller à ce que cela soit accompli dans les longues années de paix qui, nous l’espérons tous, nous attendent.
Si nous avançons tous ensemble avec une foi inébranlable, un courage élevé et un cœur tranquille, nous pourrons faire de cet ancien Commonwealth, que nous aimons tous si tendrement, une chose encore plus grande – plus libre, plus prospère, plus heureuse et plus influente et puissante pour le bien dans le monde – qu’elle ne l’a été aux grands jours de nos ancêtres.
Pour y parvenir, nous devons donner rien de moins que le meilleur de nous-mêmes. Il y a une devise qui a été portée par beaucoup de mes ancêtres – une noble devise, « Je sers ». Ces mots ont été une source d’inspiration pour de nombreux héritiers du trône lorsqu’ils ont fait leur engagement chevaleresque à l’âge adulte. Je ne peux pas faire tout à fait comme eux.
Mais grâce aux inventions de la science, je peux faire ce qui n’était possible pour aucun d’entre eux. Je peux faire mon acte solennel de consécration avec tout un empire qui m’écoute. Je voudrais faire cette consécration maintenant. C’est très simple.
Je déclare devant vous tous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous.
Mais je n’aurai pas la force de mener à bien cette résolution seule si vous ne vous y associez pas avec moi, comme je vous y invite maintenant : Je sais que votre appui sera indéfectible.
Que Dieu m’aide à réaliser mon vœu, et que Dieu bénisse tous ceux d’entre vous qui veulent s’y associer.
Version originale :
On my twenty-first birthday I welcome the opportunity to speak to all the peoples of the British Commonwealth and Empire, wherever they live, whatever race they come from, and whatever language they speak.
Let me begin by saying ‘thank you’ to all the thousands of kind people who have sent me messages of good will. This is a happy day for me; but it is also one that brings serious thoughts, thoughts of life looming ahead with all its challenges and with all its opportunity.
At such a time it is a great help to know that there are multitudes of friends all round the world who are thinking of me and who wish me well. I am grateful and I am deeply moved.
As I speak to you today from Cape Town I am six thousand miles from the country where I was born. But I am certainly not six thousand miles from home. Everywhere I have travelled in these lovely lands of South Africa and Rhodesia my parents, my sister and I have been taken to the heart of their people and made to feel that we are just as much at home here as if we had lived among them all our lives.
That is the great privilege belonging to our place in the world-wide commonwealth – that there are homes ready to welcome us in every continent of the earth. Before I am much older I hope I shall come to know many of them.
Although there is none of my father’s subjects from the oldest to the youngest whom I do not wish to greet, I am thinking especially today of all the young men and women who were born about the same time as myself and have grown up like me in terrible and glorious years of the second world war.
Will you, the youth of the British family of nations, let me speak on my birthday as your representative? Now that we are coming to manhood and womanhood it is surely a great joy to us all to think that we shall be able to take some of the burden off the shoulders of our elders who have fought and worked and suffered to protect our childhood.
We must not be daunted by the anxieties and hardships that the war has left behind for every nation of our commonwealth. We know that these things are the price we cheerfully undertook to pay for the high honour of standing alone, seven years ago, in defence of the liberty of the world. Let us say with Rupert Brooke: « Now God be thanked who has matched us with this hour ».
I am sure that you will see our difficulties, in the light that I see them, as the great opportunity for you and me. Most of you have read in the history books the proud saying of William Pitt that England had saved herself by her exertions and would save Europe by her example. But in our time we may say that the British Empire has saved the world first, and has now to save itself after the battle is won.
I think that is an even finer thing than was done in the days of Pitt; and it is for us, who have grown up in these years of danger and glory, to see that it is accomplished in the long years of peace that we all hope stretch ahead.
If we all go forward together with an unwavering faith, a high courage, and a quiet heart, we shall be able to make of this ancient commonwealth, which we all love so dearly, an even grander thing – more free, more prosperous, more happy and a more powerful influence for good in the world – than it has been in the greatest days of our forefathers.
To accomplish that we must give nothing less than the whole of ourselves. There is a motto which has been borne by many of my ancestors – a noble motto, « I serve ». Those words were an inspiration to many bygone heirs to the Throne when they made their knightly dedication as they came to manhood. I cannot do quite as they did.
But through the inventions of science I can do what was not possible for any of them. I can make my solemn act of dedication with a whole Empire listening. I should like to make that dedication now. It is very simple.
I declare before you all that my whole life whether it be long or short shall be devoted to your service and the service of our great imperial family to which we all belong.
But I shall not have strength to carry out this resolution alone unless you join in it with me, as I now invite you to do: I know that your support will be unfailingly given. God help me to make good my vow, and God bless all of you who are willing to share in it.
Source : www.royal.uk
Enregistrement vidéo du discours radiodiffusé de la princesse d’York