Le dimanche 9 juin 2024, les élections destinées à renouveler l’assemblée européenne ont été marquées par la victoire du Rassemblement national, classé à l’extrême droite de l’échiquier politique français. Ces élections avaient pour objectif d’élire les 81 eurodéputés représentant la France au Parlement européen sur les 720 qui composent le nouveau Parlement de Strasbourg.

Le soir-même, ayant constaté la défaite de son Parti, Emmanuel Macron, en tant que Président de la République, décide de prendre la parole à 21h00 et annonce à la surprise quasi générale la dissolution de l’Assemblée nationale. Les élections législatives sont programmées le 30 juin et le 7 juillet.

A l’heure où nous publions ce document, bien malin celui qui peut prévoir l’issue de cette décision …


Françaises, Français,

Vous avez eu ce jour à voter pour les élections européennes en métropole, dans nos Outre-Mer comme à l’étranger. Le principal enseignement est clair : ce n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe, dont celui de la majorité présidentielle.

Les partis d’extrême droite qui, ces dernières années, se sont opposés à tant d’avancées permises par notre Europe, qu’il s’agisse de la relance économique, de la protection commune de nos frontières, du soutien à nos agriculteurs, du soutien à l’Ukraine, ces partis progressent partout sur le continent. En France, leurs représentants atteignent près de 40 % des suffrages exprimés.

Pour moi, qui ai toujours considéré qu’une Europe unie, forte, indépendante est bonne pour la France, c’est une situation à laquelle je ne peux me résoudre. La montée des nationalistes, des démagogues est un danger pour notre Nation, mais aussi pour notre Europe, pour la place de la France en Europe et dans le monde. Et je le dis, alors même que nous venons de célébrer avec le monde entier le Débarquement en Normandie, et alors même que dans quelques semaines, nous aurons à accueillir le monde pour les Jeux olympiques et paralympiques.

Oui l’extrême droite, c’est à la fois l’appauvrissement des Français et le déclassement de notre pays. Je ne saurai donc, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était. À cette situation s’ajoute une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays. Un désordre qui, je le sais, vous inquiète, parfois vous choque et auquel je n’entends rien céder.

Or aujourd’hui, les défis qui se présentent à nous, qu’il s’agisse des dangers extérieurs, du dérèglement climatique et de ses conséquences, ou des menaces à notre propre cohésion, ces défis exigent la clarté dans nos débats, l’ambition pour le pays et le respect pour chaque Français.

C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale. Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour, et le 7 juillet pour le second.

Cette décision est grave, lourde, mais c’est avant tout un acte de confiance. Confiance en vous, mes chers compatriotes, en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures. Confiance en notre démocratie. Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n’est plus républicain. Cela vaut mieux que tous les arrangements, toutes les solutions précaires.

C’est un temps de clarification indispensable.

Confiance en la France qui face à la rudesse des temps, sait toujours s’unir et résister pour dessiner l’avenir et non se replier ou céder à toutes les démagogies.

Dans les prochains jours, je dirai l’orientation que je crois juste pour la Nation. J’ai entendu votre message, vos préoccupations et je ne les laisserai pas sans réponses. Et vous me connaissez, le goût de l’avenir, celui du dépassement, de la fédération continueront de nourrir ce projet.

Mais en ce moment de vérité démocratique, et alors même que je suis le seul responsable politique à n’avoir aucune échéance électorale personnelle en 2027, soyez certain d’une chose : ma seule ambition est d’être utile à notre pays que j’aime tant. Ma seule vocation est de vous servir ».

Je sais pouvoir compter sur vous pour aller massivement voter les 30 juin et 7 juillet prochains. La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et dans la concorde.

Être Français est toujours se hisser à la hauteur des temps quand ils l’exigent, connaître le prix du vote et le goût de la liberté, agir quelles que soient les circonstances en responsabilité.

C’est au fond choisir l’histoire plutôt que de la subir.

C’est maintenant.

Vive la République,

vive la France.

Allocution publique d’Emmanuel Macron, Président de la République, 9 mai 2024, prononcée depuis le Palais de l’Élysée.

 

Version vidéo de l’allocution (5’05)

source : compte Youtube officiel d’Emmanuel Macron, Président de la République

 

Photo : Emmanuel Macron (de dos) annonce la dissolution de l’Assemblée nationale au gouvernement. Photo : prise dimanche 9 juin 2024 et partagée par Soazig de la Moissonnière, photographe officielle de l’Élysée, sur son compte Instagram (public)